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14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 10:07
Samedi 9 mai - 6ème dimanche de Pâques - B

« Aimez-vous les uns les autres. » Voilà bien le commandement le plus « tarte à la crème » qui soit. Celui qui, certes, a traversé les âges. Celui auquel les chrétiens se raccrochent pour vivre de l’Évangile. Et après ? Qu'a-t-il donc de si exceptionnel ? N'en avons-nous pas fait une sorte de mièvrerie morale ? De sucrerie pour enfant du caté ? Ceux qui ne sont pas chrétiens ne se réclameraient-ils pas de cet amour mutuel ? N'est-il pas, au contraire, la sagesse la plus partagée à travers toutes les cultures et toutes les civilisations ? En quoi en faire un blason, un emblème, une reconnaissance identitaire ? Heureusement, d'ailleurs, que le désir d'amour mutuel dépasse toutes les frontières physiques, culturelles et religieuses.

Exit, donc, toutes les prétentions à l'exclusivité de la vérité. Si le dernier commandement laissé par Jésus est celui de l'amour, alors il rejoint là le fond commun de toute l'humanité, nous invitant non pas à nous situer de façon supérieure ou séparée des autres, mais au contraire à nous reconnaître de cette humanité le plus profonde, la plus ordinaire, la plus simple. Celle qu'a voulu connaître Dieu lui-même en Jésus.

Rappelons-nous toutefois que l'amour dont il est question ici n'est pas un amour à l'eau de rose, un amour de bisounours et de tendresse facile. Il est de l'amour dont « le Père a aimé le Fils et dont le Fils nous a aimé. » Il est cet amour qui ne transige sur rien, qui donne tout, qui fait exister l'autre au point de s'effacer soi. Il est la confiance totale, l'abandon jusqu'au bout. Comme le Père a envoyé le Fils jusqu'au bout du chemin, comme le Fils s'est abandonné totalement sans rien garder pour lui. Folie de Dieu, a priori inaccessible aux hommes. Pierre et les disciples en font pourtant l'expérience dans le livre des Actes des Apôtres, dépassés qu'ils sont par l'action de l'Esprit de Dieu, obligés d'abandonner leurs certitudes, devant faire totale confiance à ceux qui viennent à eux, et à Dieu lui-même. « Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient Juifs d'origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l'Esprit Saint avait été répandu. » Ou quand l'amour de l'autre, dépassant toutes nos catégories préconçues, jaillit en une nouveauté inattendu qu'il nous faut accepter et même encourager. Pierre fait cette expérience. Les parents la font également vis-à-vis de leurs enfants, j'en suis sûr. A l'intérieur d'un couple également, l'amour nous pousse à cela : à accueillir l'existence de l'autre pour ce qu'il est, et à l'encourager à grandir dans cette singularité. Et ce qui est vrai – parfois à la lutte, car aimer est loin d'être le plus facile, et il a fallu en faire un commandement ! – à l'intérieur de nos relations familiale – quand le cœur et l'affection sont mis à contribution -, l'est tout autant au sein de toutes nos relations.

« Demeurez dans mon amour », dit Jésus. « Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu », rajoute Saint Jean. « Dieu est amour ». Ce n'est pas uniquement la clef de lecture de toute la Bible et de toute la révélation de Dieu, c'est la clef de lecture de toute notre vie. Le fil conducteur de toute notre histoire. Aimer et être aimé. Ce qui nous cause les plus grands des tourments et ce qui nous ouvre à la joie la plus intense. Et nul, je pense, n'échappe à cette réalité. Autrement dit, dans la logique de l'apôtre Jean, nul n'échappe totalement à Dieu, puisque « celui qui aime est né de Dieu ». « En vérité, je le comprends, dit Pierre, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Pour Dieu, point de distinction entre les hommes lorsqu'il s'agit d'aimer. Car si l'amour que nous vivons ressemble parfois à des montagnes russes, s'il devient parfois lutte de la volonté, exigence de la vérité, folie du pardon, acceptation à l'abandon, « ce n'est pas nous qui aimons en premier, c'est Dieu qui nous aime en premier. » Demeurer dans son amour, nous y loger, nous y blottir et durer dans cet amour infini, ne peut que reposer nos cœurs, nos corps et nos esprits.

Ainsi, aimer ne dépend pas de nous. En tout cas pas uniquement. Aimer en vérité nous est peut-être même impossible si nous comptons uniquement sur nos propres forces. Aimer nous vient d'ailleurs, de l'Amour même. Celui que nous reconnaissons en Jésus Christ, et qui nous choisi comme amis pour partager tout avec nous, pour « que nous vivions par lui ». « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez. »

Se laisser choisir par lui. Naître de lui. Se laisser aimer par lui. Exister par lui. Vivre de lui. Voilà la source, nous dit la Parole de Dieu, voilà la source de tout amour. Et donc de toute notre vie.

« Sirop spirituel mille fois entendu », me direz-vous ! Sûrement. Mais exigence radicale à réentendre encore, pour moi et pour chacun. Nous avons si vite fait de nous réenfermer dans nos catégories et nos sécurités, nos certitudes et nos repères de tradition.

La Parole nous invite à nous laisser rebrancher sur le Christ pour ouvrir notre horizon, dilater nos cœurs, affermir notre volonté, nous laisser envahir par sa joie, grandir dans la véritable liberté et dans la paix, sans plus aucune crispation, peur ou angoisse. Entrer dans cette amitié que Jésus veut vivre avec nous, pour apprendre toujours, et sans jamais nous lasser de tomber et de recommencer, à nous aimer les uns les autres.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Livre des Actes des Apôtres 10,25-26.34-35.44-48.
Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna.
Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. »
Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial :
il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.
Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole.
Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu.
En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors :
« Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? »
Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.



Psaume 98(97),1.2-3ab.3cd-4.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !




Première lettre de saint Jean 4,7-10.
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu.
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.
Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15,9-17.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.


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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 18:33
Samedi 2 mai 2015 - 5ème dimanche de Pâques – B -

Vous n'êtes pas sans savoir que je pratique le cyclisme. Aussi la guitare. Comme d'autres pratiquent la danse, le chant, la natation ou l'équitation. Mais Saint Jean de nous inviter à une autre pratique : l'amour. « Petits enfants, n'aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » Cette invitation rejoint sûrement la logique que nous recherchons pour nous-mêmes, peut-être aussi celle que nous sommes capables de critiquer chez les autres : tous ceux qui disent mais ne font pas, ces politiques, ces religieux, ces curés, ces baptisés, ces cathos qui parlent mais font l'inverse de ce qu'ils disent. N'est-ce pas par les actes que l'on reconnaît « l'authenticité », la « cohérence », je dirais plutôt « l'autorité » de quelqu'un ? Exigence des exigences : il ne suffit pas de dire « aimons-nous les uns les autres », il faut le vivre. Et nous aimer. Les uns, les autres. Concrètement. Dans le quotidien du jour. Jusqu'aux jours de fatigue et de ras-le-bol. Et l'on sait combien cela n'est pas toujours si facile, dans une communauté chrétienne, dans une entreprise, dans une famille, dans un couple, dans une association...

Nous voilà pourtant à la pratique la plus fondamentale de nos vies. Celle qui demande autant d’entraînement voire plus que la pratique d'un sport ou d'un instrument de musique. La pratique qui oblige à revisiter sans cesse les gammes, à revenir toujours au B-A-BA. « Aimer par des actes, et en vérité. » Jusqu'au pardon certainement parfois. Jusqu'au silence, à l'effacement ou au contraire à l'action. Voilà la véritable pratique qui nous libère et nous donne la paix. Si certains dans notre assemblée se définissent comme « non pratiquant » parce qu'ils ne vont pas à l'église tous les dimanche, je les arrête ! On ne pratique pas une religion en allant à la messe. On pratique l'amour, l'amitié, la rencontre, l'accueil. On ne « pratique » pas sa femme ou son mari, on vit avec lui ou avec elle une rencontre amoureuse. On aime. « Bien-aimés, continue Saint Jean, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l'assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. »

Vient alors la question conséquente : comment arriver à aimer ainsi ? Comment nous laisser traverser par cet amour au point d'en être envahi et de perdre tout égoïsme et tout orgueil en nous ?

La Parole de Dieu ce soir nous ouvre deux pistes, qui ne sont pas nouvelles ! Mais qui nous donnent à méditer aujourd'hui :

La première piste est ouverte par l’Évangile : «Demeurez en moi, comme moi en vous... Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Au risque de décevoir ceux qui critiquent les baptisés pour leur incohérence, les baptisés, effectivement, ne sont pas des êtres parfaits. Mais justement parce qu'ils ne se savent pas parfaits, ils reconnaissent que l'Amour, le véritable, vient d'ailleurs, d'un autre, du Tout Autre, et qu'Il leur est donné. Ils veulent vivre – nous voulons vivre – de cet Amour qui nous habite et nous traverse, nous dynamise et nous pardonne, nous relève et nous sauve –, nous et tous les hommes qui veulent vivre de lui. Nous savons que nous ne pouvons pas aimer parfaitement par nos propres forces, mais que c'est la présence du Christ et « la Parole qu'il nous a dite » qui nous donne d'aimer. La première piste est là : nous tenir en sa présence, nous mettre à l'écoute de la Parole de Dieu, la recevoir et la méditer, la partager pour la mettre en pratique. Non pas pour « pratiquer » la messe comme on pratique un sport. Mais pour venir puiser à la source de Celui qui est Amour, pour se recevoir de lui dans la communion qu'il nous offre de vivre avec lui. Bélinda et Soan, en recevant le baptême ce soir, vous êtes plongés dans cette présence pour y retourner chaque jour, pour vous laisser immerger par elle tout au long de notre vie.

La seconde piste apparaît dans les aventures de Saul. Lui, le persécuteur des chrétiens converti par la lumière du ressuscité, n'arrive pas à se faire accepter par les chrétiens. On les comprend : ils ont peur de celui qu'ils croient être venu pour les tuer. Saul a besoin de la présence fraternelle de Barnabé pour être accepté par les apôtres. Des frères sûrs, à la parole bienveillante et encourageante, voilà un trésor inestimable pour grandir dans l'amour vrai. Des frères et des sœurs qui ne cherchent pas leur intérêt, mais à ce que chacun grandisse et trouve sa place. Des frères et des sœurs qui veulent vivre les relations avec chaleur, simplicité et vérité. Nos familles peuvent être de ces lieux, des amis, nos communautés chrétiennes aussi. « Tu es de ma famille », chantions nous le week-end dernier avec les 400 jeunes de Charente parti en pèlerinage à Sainte Anne d'Auray. « Tu es de ma famille », une phrase que Dieu peut dire à chacun, transformant radicalement nos relations. C'est en tout cas ce que veut vivre l’Église dans laquelle vous entrez, Bélinda et Soan. Et vous aurez votre partition à jouer désormais, tels que vous êtes, avec vos parents et vos parrains et marraines, pour faire de cette Église un lieu où l'on apprend à s'aimer réellement, à s'accueillir, à se pardonner, à s'encourager, non pas « par des paroles et des discours, mais en actes et en vérité ».

« Ce qui fait la gloire de mon Père, dit Jésus, c'est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » Vivons de la présence de Dieu et de sa Parole, de son eucharistie, de la communion fraternelle et de la fraîcheur de l'eau du baptême. L’Église n'en est qu'à ses débuts, le monde a soif d'amour vrai, le Christ compte sur nous pour vivre de cet amour : soyons présents au rendez-vous. C'est là, déjà, que nous devenons libres.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Livre des Actes des Apôtres 9,26-31.
En ces jours-là, arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple.
Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus.
Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur.
Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer.
Mis au courant, les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée et le firent partir pour Tarse.
L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.



Psaume 22(21),26b-27.28-29.31-32.
Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »

La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »

Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !




Première lettre de saint Jean 3,18-24.
Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses.
Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu.
Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé.
Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15,1-8.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 18:40
Dimanche 12 avril 2015 - 2ème dimanche de Pâques – B

Les lectures de ce dimanche nous proposent un véritable parcours. Un parcours provoqué par l'événement de la résurrection de Jésus, qui nous convoque à l'examen de notre propre vie jusque dans son quotidien le plus ordinaire.

Ce parcours commence avec l'expérience de Thomas. J'aime cet apôtre fougueux et si proche de nous tant dans son amour de Jésus que dans ses précautions ou ses réserves à croire. Comme Thomas, nous n'avons pas vu le ressuscité se montrer aux 10 apôtres. Comme lui, nous pouvons remettre en question les témoignages qui nous sont faits. Avec lui, nous sommes invités à faire un acte de foi. A accueillir le témoignage de ceux qui nous ont précédés. A voir non avec nos yeux de chair, mais avec le profond de notre cœur, avec le creux de notre humanité, dans une intime et étonnante confiance. Invités à sortir de nos catégories, de nos représentations, de nos schémas, de nos compréhensions, pour entrer dans un mystère plus grand, insaisissable avec notre seule intelligence, mais pour autant bien réel, peut-être plus réel encore que tout ce que nous connaissions jusqu'à maintenant. « Cesse d'être incrédule, sois croyant. » Et le cœur et les yeux de Thomas s'ouvrent, et aussi notre cœur et nos yeux. Combien sommes-nous de chrétiens à croire vraiment que Jésus est ressuscité ? Et mettre dans cet événement notre espérance et notre confiance, notre force et notre vie ? Et combien de chrétiens – étonnamment – n'accueillent pas encore cette annonce et restent sur le seuil de la porte ? « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, non, je ne croirai pas ! - Mon Seigneur et mon Dieu ! - Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Non pas d'une foi aveugle, mais dans la lumière de Pâques, qui éclaire toute chose de façon renouvelée.

S'ouvre alors la deuxième étape de notre parcours : tout est renouvelé. Le monde entier, l'univers, l'homme, la vie, la mort, l'histoire, le travail et le progrès, notre vision de Dieu, tout est renouvelé lorsque nous acceptons qu'un homme ait été ressuscité par Dieu. « Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu... et tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. » « La victoire remportée sur le monde, c'est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N'est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » La lettre de Saint Jean affirme que croire que Jésus est Christ et Seigneur, et croire en Lui, Jésus, nous fait entrer dans une espérance inattendue, dans un nouveau regard, une vision nouvelle de notre expérience immédiate. Le monde est assumé et dépassé. Nés de Dieu, nous voilà vainqueurs du monde par la foi, puisque la foi ouvre un espace encore jamais ouvert. La mort n'étant plus la fin de tout, la vie et l'amour étant tout puissants, c'est toute l'organisation du monde et la compréhension que nous en avons qui s'en trouvent chamboulées. Notre inscription dans ce monde ne peut plus répondre aux critères de ce monde qui vit dans l'angoisse de la finitude, et la puissance de la violence et de la concurrence. La foi en Jésus Christ et Seigneur, et reconnu comme tel à cause de sa résurrection, est germination d'un autre monde possible, source d'un soulèvement de l'histoire, soulèvement qui saisit tout pour le mener à un autre accomplissement.

Vient alors la troisième étape de notre parcours : la résurrection de Jésus, si nous y croyons, doit transformer concrètement nos façons de vivre, les relations entre nous, nos organisations, l'attention aux solidarités que nous avons. Le récit que font les Actes des Apôtres des premiers croyants est toujours aussi édifiant : « Ils avaient un seul cœur et une seule âme ; personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun ; aucun d'entre eux n'était dans l'indigence ; on distribuait en fonction des besoins de chacun... » Tout cela étant un effet de la résurrection de Jésus, accueillie dans le quotidien du jour. Ce que vit cette petite communauté chrétienne des débuts doit nous interpeller sur ce que nous avons à vivre au nom de cette résurrection à l'échelle de l'humanité tout entière. La rencontre d'aumônerie que nous avons eu vendredi soir avec les lycéens étaient basée sur ce texte, avec une question toute simple : comment la résurrection de Jésus m'invite à revoir tous mes faits et gestes, mon mode de consommation et mes relations, pour être davantage en solidarité avec les hommes de toute la planète (d'où les questions notamment énergétiques, alimentaires, de travail des enfants, etc) et avec les générations futures ? Comment la résurrection de Jésus m'oblige à vivre autrement, pour que « tout soit mis en commun et distribué en fonction des besoins de chacun » ? Et sinon, ne risquons-nous pas de ne faire que proclamer un dogme, d'être heureux d'avoir fait une belle fête samedi soir, ou de ne célébrer qu'une croyance quelconque, que d'autres auront bien raison de remettre en question et de relativiser au milieu des nombreuses autres croyances possibles ? Si la résurrection de Jésus ne nous atteint pas dans notre propre vie jusqu'à la transformer radicalement, ne risquons-nous pas de passer à côté de l'extraordinaire nouveauté que Dieu nous propose ?

« La paix soit avec vous », dit Jésus revenant d'entre les morts. La paix, et le pardon, et l'Esprit Saint soufflé sur les apôtres, et la confiance, au milieu de la peur, du doute et de l'enfermement. Jésus ressuscité apporte vraiment une bonne nouvelle pour le monde.

Sachons accueillir cette Bonne Nouvelle pour ce qu'elle a de si subversif et si moderne, de si beau et si révolutionnaire. Sachons l'accueillir non seulement avec notre esprit et notre intelligence, avec notre cœur et notre foi, mais par toutes les dimensions de notre vie. Pour qu'à l'amour que nous aurons et porterons, pour qu'à notre style de vie, tout homme découvre que vraiment, Christ est Seigneur et donne la Vie que nous recherchons tous.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Livre des Actes des Apôtres 4,32-35.
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun.
C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous.
Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient,
et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.



Psaume 118(117),2-4.16ab-18.22-24.
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d'Aaron :
Éternel est son amour !

Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
« Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort ! »

« Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort ! »
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.

il m'a frappé, le Seigneur, il m'a frappé,
mais sans me livrer à la mort.
La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle :

c'est là l'œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !




Première lettre de saint Jean 5,1-6.
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.
Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau,
puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi.
Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 20,19-31.
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 00:05
Homélie pour les obsèques de Jacques Guillebois, le 9 avril 2015

Jacques,

Vous aimiez faire des blagues et rigoler. Mais celle là, permettez-moi, n'est pas drôle.

Il y a quelques jours, j'avais rempli votre dossier pour participer au pèlerinage de Lourdes en juillet. On y demande un mot du curé, et voilà ce que je notais à l'attention des organisateurs : « Jacques est une figure de la communauté paroissiale. Homme de liens, il ne manque jamais une occasion de dire un mot d'encouragement à qui se présente devant lui, adulte, jeune ou enfant. Le pèlerinage à Lourdes est évidemment un moment important de l'année où il peut se ressourcer personnellement, et porter dans sa prière notre paroisse. Merci de bien vouloir l'accueillir parmi les pèlerins, dont il fait partie depuis plusieurs années. » Ce mot ne vous sera d'aucune utilité cette année. Vous ne passerez pas par la grotte pour prier, vous êtes passé directement dans la lumière du Père.

Malgré la tristesse de cette blague, vous ne manquez pas le clin d'oeil. Vivre le grand passage dans le dynamisme de Pâques... comme si le Christ que vous êtes venu célébrer dans la vigile pascale samedi soir vous avait emporté sans crier gare avec lui ! En tombant hier sur le récit de l'infirme de la Belle Porte, dans le livre des Actes des Apôtres, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire : je vous ai vu, vous, dans votre fauteuil, bondissant soudainement de joie simplement à l'écho du Nom de Jésus. « De l'argent et de l'or, je n'en ai pas ; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche... et il marchait, bondissait et louait Dieu. » Comment ne pas imaginer que vous êtes arrivé ainsi, en bondissant de joie, devant le Seigneur ! Vous, l'homme de la poignée de main, du petit mot gentil, vous que les enfants allaient retrouver en traversant l'église pour donner le geste de paix au cours de la messe...

Vous nous faites vivre aujourd'hui ce que les disciples de Jésus ont vécu il y a 2000 ans, et que nous nous sommes rappelés au matin de Pâques. Quand Pierre, l'autre disciple et Marie-Madeleine arrivent essoufflés au tombeau et qu'ils le trouvent vide. Nous sommes devant un vide nous aussi ce matin. Votre fauteuil au premier rang nous manque. Votre présence et votre chant aussi puissant que faux nous manquent. Votre regard et votre amitié, nous le sentons au fond de nous, nous manquent déjà. Il n'y a plus rien à voir. Mais cette absence convoque notre espérance, celle que nous avons partagé ensemble à longueur d'eucharisties, de tables ouvertes, et de tant de rencontres : c'est l'espérance de Pâques. L'espérance de l'accomplissement de nos vies, l'accomplissement déjà commencé dans la plongée de notre baptême et qui se réalise totalement dans la pleine rencontre avec le Père.

« Il vit, et il crut », dit-on du disciple arrivé au tombeau. « Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts. » L'absence du corps fait retraverser au disciple toute l'histoire, et cette traversée lui fait comprendre que la vie ne peut pas s'arrêter là, comme ça, de façon absurde. Que l'histoire du peuple, et l'histoire de chacun, est d'abord et avant tout une histoire d'amour, une histoire portée par l'amour d'un Dieu qui nous aime comme ses enfants. Et que cette histoire n'a pas de fin, si cet amour est vraiment amour divin. Le disciple comprend que tout ce qui a été vécu depuis des générations et des générations est porteur d'un seul et unique message : celui de l'amour de Dieu qui vient faire alliance avec nous, pour nous créer et nous recréer sans cesse, pour nous sortir des ténèbres et nous libérer du mal, pour nous offrir son pardon et sa tendresse infinie.

Nous ne voyons plus rien, Jacques, et nos yeux sont tristes. Mais notre cœur ne peut oublier tout ce que nous avons vécu ensemble et tout ce que vous avez vécu avec d'autres. Et nous comprenons dans la lumière de l'espérance pascale que rien de ce qui a été vécu dans votre histoire n'a pu échapper à cette mystérieuse alliance que Dieu veut vivre avec chacun, et qu'il scelle une fois pour toute dans l'événement de la résurrection, celle du Christ et la notre.

Votre temps entre dans le présent de l'éternité. Vous voilà dansant devant celui que vous avez cherché et prié.

Jacques, si mon petit mot avait pu vous servir, vous m'auriez dit, comme tous les ans, à la veille de votre départ pour Lourdes : « Je prierai pour vous, Père ! Et pour la paroisse ! »

Vous avez avancé votre départ sans même nous prévenir ni nous assurer de vos prières. Mais puisque vous êtes maintenant dans la Vie en abondance et que vous pouvez à loisir être présent à nos côtés, c'est à moi, au nom de tous, de vous en faire maintenant la demande : « S'il vous plaît, Jacques, priez pour nous et accompagnez-nous sur le chemin qui nous mène à la plénitude de la vie de résurrection. »

Amen.

P. Benoît Lecomte

____________________________________________

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là,
Pierre et Jean montaient au Temple
pour la prière de l’après- midi, à la neuvième heure.
On y amenait alors un homme, infirme de naissance,
que l’on installait chaque jour à la porte du Temple,
appelée la « Belle-Porte »,
pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient.
Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple,
il leur demanda l’aumône.
Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui,
et il dit :
« Regarde-nous ! »
L’homme les observait,
s’attendant à recevoir quelque chose de leur part.
Pierre déclara :
« De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ;
mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus Christ le Nazaréen,
lève-toi et marche. »
Alors, le prenant par la main droite,
il le releva
et, à l’instant même,
ses pieds et ses chevilles s’affermirent.
D’un bond, il fut debout
et il marchait.
Entrant avec eux dans le Temple,
il marchait, bondissait, et louait Dieu.
Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.
On le reconnaissait :
c’est bien lui qui était assis à la « Belle-Porte » du Temple
pour demander l’aumône.
Et les gens étaient frappés de stupeur et désorientés
devant ce qui lui était arrivé.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 09:25
Jeudi 2 avril 2015 - Jeudi Saint

Tout à l'heure nous porterons sur l'autel le pain et le vin. Et le prêtre les prendra dans ses mains et les portera au ciel en disant en notre nom à tous: « Tu es béni, Dieu de l'univers, toi qui nous donne ce pain et ce vin, fruit de la terre, de la vigne et du travail des hommes, ils deviendront pain et vin de la Vie. » Phrase mille fois répétée, qu'il nous faut réentendre aujourd'hui avec toute sa densité. Car la réalité de ce qu'elle exprime est immense. Là, en ce pain et ce vin, tout l'univers repose donc. Tout le créé et tout le fabriqué, le beau et le bon, le laid et le mauvais, la terre et le ciel, et toute la création, l'immense travail des hommes et leur ingéniosité depuis tout l'univers et jusqu'aux siècles sans fin, tout est réuni là, en ce pain et ce vin. Les milliards de vies de tous les êtres humains en leur diversité qui ne feront bientôt plus qu'une seule Vie en Christ. Et, porté par le Souffle Créateur, tout l'univers vivant, mêlé au sang des hommes, tout est là en une unique communion, posé sur l'autel pour être glorifié. TOUT, dans ce petit bout de pain azyme, dans ces quelques gorgées de vin à partager, qui vont devenir Son Corps et Son Sang. « Ceci est mon Corps, qui est pour vous. » Lui, Christ, Dieu invisible devenu chair jusqu'à mourir, en ce dernier repas un jour du temps, prend TOUT sur lui, prend TOUT en lui, pour TOUT réconcilier, TOUT accomplir.

Événement unique de l'histoire qui ne cesse de se déployer chaque jour. Teilhard de Chardin, l'auteur de la « Messe sur le monde », prêtre sans peuple et sans pain qui les mains nues saisi tout l'univers pour le déposer dans la patène, écrit : « Lorsque le prêtre dit ces paroles : « Ceci est mon corps », la parole tombe directement sur le pain et directement le transforme en la réalité individuelle du Christ. Mais la grande opération sacramentelle ne s'arrête pas à cet événement local momentané... à travers tous les jours de chaque homme, et tous les âges de l’Église, et toutes les périodes du monde, il n'y a qu'une seule Messe et qu'une Communion... » Comme il n'y a qu'un seul Pain, et une seule Vie dont tout vivant vie.

Mystère vertigineux d'une communion unique de l'Homme et de l'univers, des hommes avec les hommes de tous lieux et de tout temps, TOUT récapitulé en l'Homme – Dieu, le Tout – Amour, Jésus. Nul échappatoire à l'amour infini. Nulle division possible à cette communion universelle qui ouvre à tant de solidarités.

Et comment, face à cet amour qui embrasse TOUT, ne pas nous agenouiller devant ce monde et devant chaque homme, chaque être fait de visible et d'invisible, de fini et d'infini ? Et servir... et contempler... et respecter avec tant de délicatesse, comme Jésus agenouillé se met à laver les pieds de ses amis. Déjà dans le programme poétique de la Genèse, l'Homme à l'image de Dieu, à l'image du Serviteur, était invité à devenir jardinier de la Création. A se mettre au service du monde et de l'univers pour, à travers lui, rendre grâce au Créateur. Ce qui est vrai pour tout l'univers ne le serait-il pas de chaque homme, condensé d'univers ? Combien de blessures infligées, de corps abîmés, de meurtrissures, de dominations, sur l'homme et sur la création, au cours de l'histoire du monde et encore aujourd'hui ?

En la prière de cette unique eucharistie, le Feu de l'Esprit vient saisir toute réalité, de la plus noire à la plus lumineuse, de la plus lumineuse à la plus noire, comme autant de grains de blés moulus en une même farine et brûlés pour devenir unique pain. « De terre et d'homme » n'est pas un slogan. Il est une unité qui engage chacun à la contemplation et à l'action, trouvant son sens dans cette fête du Jeudi Saint où se mêlent eucharistie et service de tout homme. La communion est telle qu'en Christ, liés par la force de l'Esprit, rien ni personne ne peut plus nous être indifférent. « Si donc moi, Maître et Seigneur, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Le pain que nous mangeons depuis 2000 ans, la communion qui se déploie depuis 2000 ans pour saisir tout l'univers nous prend tout entier et nous engage les uns envers les autres. À Aimer. A servir. A contempler. A nous abaisser et entrer dans la logique de Dieu, dans le don de soi.

En cette mémoire de la Cène, la hâte du repas des Hébreux à la veille du grand passage réveille en nous l'urgence de l'amour.

En notre prière commune, en ce pain et ce vin déposés sur l'autel et divinisés par l'Esprit, recevons la grâce d'un cœur attentif à tout et à tous, à chacun et à chaque être, et la force d'aimer, à notre tour, jusqu'au bout.

Amen.

P. Benoît Lecomte

_______________________________________________

Livre de l'Exode 12,1-8.11-14.
En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
« Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année.
Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison.
Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger.
Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau.
Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil.
On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera.
On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères.
Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur.
Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur.
Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte.
Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez.



Psaume 116(115),12-13.15-16ac.17-18.
Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu'il m'a fait ?
J'élèverai la coupe du salut,
j'invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,




Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 11,23-26.
Frères, moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13,1-15.
Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »
Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?
Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 18:00
Dimanche 29 mars 2015 - Dimanche des Rameaux - B

Qui es-tu venu voir ce matin ?

Un crucifié.

Étrange sortie dominicale ! Il y a plus gaie, plus familial, plus distrayant !

Mais tu as choisi d'être là, rameaux en mains, et d'écouter ce long récit qu'on appelle « la passion ».

Récit d'un amour passionné, d'un homme passionné d'amour pour l'homme, qui donne sa vie, se livre, pour tous les hommes. Et pour toi.

Il donne sa vie dans le pain et le vin, devenus son corps et son sang.

Il donne sa vie dans sa parole, mesurée, et son silence.

Il donne sa vie dans son refus de toute violence et de toute défense.

Il donne sa vie dans sa liberté plus grande que tout.

« Aimer, c'est tout donner. » Que serait un amour qui ne donnerait qu'à moitié, qui calculerait le don de lui-même ?

Le centurion romain le reconnaît sur la croix : « Cet homme était le Fils de Dieu. » Cet homme était Dieu. Il était le visage, et le nom de Dieu, la figure de Dieu qui se donne à nous totalement, par amour pour nous. Qui ne nous abandonne jamais, et nous rejoins dans nos solitudes, nos silences, nos peurs, nos maladies, nos violences, nos péchés, nos errements et nos égarements...

Descendu jusqu'à nous et descendant jusqu'à la croix, il nous tend la main.

A chacun.

Et déjà nous nous savons accompagnés et aimés jusque là. Jusqu'au bout.

Dieu plus humain que nous-mêmes.

De là, il nous transmet sa vie. De là, nous ressuscitons avec Lui.

De là, nous pouvons à nouveau vivre, et respirer, et sortir, et marcher.

De là, il nous transmet son Esprit.

Qui es-tu venir voir ce matin ?

Tu le sais. Pas un crucifié, mais Celui qui t'aime plus que quiconque, parce qu'il est l'amour tout-puissant et tout donné – aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui.

Ton brin de rameau te le rappellera au fil des jours et des saisons.

Je te le dis tous les ans je crois, mais je te le redis encore aujourd'hui : ne fais pas de ce rameau un gri-gri béni, et ne le réserve pas pour la tombe de tes morts. Car Jésus n'a pas donné sa vie comme un sorcier, ni pour mourir. Mais il nous l'a donné pour que nous nous sentions aimés d'un amour fou, et que nous vivions avec lui de cet amour et dans cet amour. D'un amour capable de nous transformer totalement, et de transformer notre monde « de terre et d'hommes ». Et de tout renouveler avec Lui et en Lui.

Tiens fermement ton brin de rameau, et place-le en un endroit où toute l'année il te rappellera cet amour et t'invitera à en vivre. Alors, toi et moi marcherons ensemble vers le même but : l'humanisation de notre humanité... et notre monde, déjà par nous et grâce à Lui, sera transformé.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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21 mars 2015 6 21 /03 /mars /2015 22:31

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           Etrange page d'Evangile, qui ressemble plus à un bric-à-brac de phrases de Jésus et de situations originales qu'à la Parole divine venue nous ressaisir. Et pourtant, l'essentiel est peut-être là. Non pas dans l'histoire racontée, mais dans la personne de Jésus, le Christ. Celui que les Grec veulent voir et qui semble ne se laisser approcher que par les « filtres » que sont Philippe puis André. « Nous voudrions voir Jésus. » Et Jésus n'a d'autre réponse que de donner l'heure. « L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. » Je ne sais pas si Philippe, André ou les Grecs de passage à Jérusalem ont compris quelque chose, mais nous comprenons que l'heure est grave, de la gravité de la gloire, c'est-à-dire qu'elle porte en elle une densité, un poids unique. Un poids dont même Jésus aimerait se libérer : « 'Père, sauve-moi de cette heure' ? - Mais non ! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! »

           C'est l'heure de la mort. L'heure du salut. L'heure de l'Alliance. L'Alliance rompue mille fois, et renouée mille et une fois. L'alliance de la terre, puis du cœur. « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple », annonçait déjà Jérémie. L'heure où tout est transformé, transfiguré, transporté à son point d'accomplissement. « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. »

           L'Evangile nous ramène toujours à la personne du Christ. C'est encore le cas ce soir, c'est lui le centre, l'instrument, le sommet. C'est à lui que le Père a confié la mission de récapituler toute l'humanité et toute la Création. Il est « l'Homme » de notre thème de carême, l'Homme écrit avec une majuscule, l'Homme qui trace le sillage de toute la famille humaine en l'invitant à le suivre dans sa responsabilité permanente qui est d'abord et avant tout acte d'amour et de don. Une responsabilité du quotidien et de l'intelligence, suggère le pape Benoît XVI lorsqu'il rappelle que « La famille humaine tout entière doit trouver les ressources nécessaires pour vivre correctement grâce à la nature elle-même, don de Dieu à ses enfants, et par l’effort de son travail et de sa créativité. »Une responsabilité qui passe par cette mort à soi-même, par ce détachement de ce monde, de ses sollicitations si nombreuses et de son encouragement à la possession, pour entrer dans une autre dynamique, celle du grain de blé qui meurt pour porter du fruit. Le chemin du Christ, la suite de Jésus passe par là, et nous ne pourrons pas y couper si nous voulons le suivre jusqu'au bout.

           L'heure vient. L'heure où Jésus le Christ va donner sa vie pour tous. L'heure où le grain de blé va tomber en terre et mourir, pour que naisse un champs de blé, celui-là même qui pourra donner de l'épi, puis de la farine, et du pain, celui de notre eucharistie. Notre recherche de carême associée à cette parole et à cette geste de Jésus réveille notre fraternité et ouvre notre cœur aux dimensions du monde, de la création, de la nature, à toutes les questions environnementales, sociales et économiques, à toutes les femmes et tous les hommes de notre temps et des générations futures, et principalement aux plus petits. A ceux qui savent ce que mourir veut dire, à cause de leur foi – et nombreux sont les chrétiens persécutés en ce moment même dans le monde -, à cause de la fragilité de leurs petites exploitations devant les grosses machineries internationales pilotées par l'argent, à cause de tant d'organisations humaines qui ne s'inquiètent pas d'abord des hommes mais des biens, à cause des folies, des fanatismes et des œillères de tous poils... Notre prière ne peut que rejoindre tous ces frères et sœurs en humanité, qui ont tant de raisons de demander eux aussi : « Nous voudrions voir Jésus. ». L'intime de notre humanité ne peut que s'élargir aux dimensions de l'univers, dans la plus proche intime avec chacun, nous invitant à revisiter nos choix de vie, de consommation, de relations, d'information... N'est-ce pas déjà cela, mourir comme le grain de blé ? Et sortir de nos univers trop souvent clos sur eux-mêmes pour les ouvrir à tant de réalités nouvelles. « Qui aime sa vie la perd. » Terrible parole de Jésus. Lui qui ne parle que d'amour nous demanderait de ne pas aimer notre propre vie ? Ou plutôt, de l'ouvrir toujours davantage sur tous ceux qui nous entourent, et de grandir encore et encore dans l'amour pour ceux que nous croisons, qui nous sont proches ou lointains.

           Jésus, le Christ, nous ouvre le chemin, la voie. Il ne nous dit pas seulement qu'une telle vie est possible, il l'accomplit jusqu'au bout. Il la donne. A toi, à moi, à nous, à tous les hommes, ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas, les joyeux et les tristes, les sûrs d'eux-mêmes et les inquiets, aux amis de la paix et aux cœurs fermés. Il donne sa vie pour tous, « pour attirer à lui tous les hommes. » Il n'y aura pas de laissé de côté sur le chemin, au matin de Pâques. Il n'y aura plus que solidarité éternelle (à moins de passer à côté de Pâques). Il y aura tous les autres, et il y aura nous. Nous pour qui l'heure de Jésus est aussi venue.

          « Nous voudrions voir Jésus », et Jésus nous entraîne dans le mystérieux cheminement de sa propre vie donnée sans cesse. Nous ne pouvons pas rester seulement à regarder, nous voilà convoqués à entrer dans ce mouvement d'humanisation de notre humanité, dans l'Alliance du cœur à cœur avec Dieu. « Ce n'est pas pour moi qu'il y a eu cette voix, dit Jésus, mais pour vous. » Pour nous, donc. Laissons-nous encore faire par lui, malgré nos réticences ou nos peurs. La vie en abondance nous est promise, et elle est déjà là.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 

 


Livre de Jérémie 31,31-34.
Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle.
Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’étais leur maître – oracle du Seigneur.
Mais voici quelle sera l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.



Psaume 51(50),3-4.12-13.14-15.
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.




Lettre aux Hébreux 5,7-9.
Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect.
Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance
et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel,



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 12,20-33.
En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.


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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 22:27

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           Si je vous demande comment va le monde, vous me répondrez sûrement que globalement, il ne va pas très bien. Qu'il y a beaucoup trop de violence, de guerres, de divisions, de pauvreté, d'irrespect, d'inégalités, de fanatisme, de catastrophes, de folies... Tout ce qu'on voit à la télé, dans les journaux, mais aussi dans notre entourage et jusque dans nos familles. A croire que vraiment, les hommes préfèrent les ténèbres à la lumières. On sait d'ailleurs que les gens écoutent plus quand on parle de choses qui ne vont pas bien : il est plus vendeur de relater la dernière baston du coin ou l'accident grave, que de raconter que des jeunes se retrouvent tout un week-end pour vivre des choses ensemble, jouer, chanter, participer à la messe, préparer un pélé... Il y a bien d'innombrables réalités de lumière : nous savons être et vivre dans la lumière. Mais comme dit l'évangile, les hommes préfèrent souvent les ténèbres...

           C'est ce qui s'était déjà passé avec le peuple juif il y a très longtemps, à Jérusalem, comme on nous le rapporte dans la première lecture. Ce peuple s'était enfermé dans ses logiques de destruction au point d'être envahi par un autre peuple qui avait conquis le territoire et envoyé la population en exil. Comme on l'a entendu dans le psaume, les gens n'avaient plus qu'à pleurer sur leur sort et à se souvenir, tristement, de la belle vie d'avant...

Nous pouvons nous dire ça, nous aussi, et certains portent ce discours : tout est foutu, on a été trop loin. Et on peut désespérer du monde et de l'homme.

           Mais l'amour ne désespère pas. « Il espère tout, il fait confiance en tout », dit saint Paul dans un magnifique texte. Et Dieu, qui est amour, aime jusqu'au bout. Il ne se réjouit pas de nos situations de misère et de détresse. Il ne reste pas non plus à les regarder de loin. L'amour n'attend pas. Il vient. Il nous donne Jésus, son Fils unique, pour vivre avec nous tout ce que nous vivons. Et que nous mettions notre foi, notre confiance en Lui. Pour que nous nous sachions aimés par quelqu'un, aimé infiniment.

           Il ne vient pas pour juger le monde, ni les hommes, dit l'évangile. Il ne vient pas juger, d'un jugement qui serait une condamnation terrible. Il vient SAUVER. Ce qui veut dire : libérer. Sortir des enfermements et des logiques de destructions et d'isolement. Remettre en relation. Ouvrir. Faire vivre. Redonner de l'air, du souffle, du sourire.

Dieu aime le monde. La Création qu'il a faite. L'homme à qui il donne vie. Il nous suffit parfois de regarder un beau paysage. La mer, un paysage de montagne, les dunes d'un désert. Ce désert que vous, les scouts, découvrez ce week-end comme un lieu de vie, d'attention, de relecture, de révélation de soi et de Dieu... « La nature est l'expression d'un dessein d'amour et de vérité , disait le pape Benoît XVI, elle nous parle du Créateur et de son amour pour l'humanité ». C'est aussi pour ça que nous voulons, en ce temps de carême, réapprendre à contempler la nature et la création : pour retrouver par elle l'amour don Dieu nous aime et renouveler notre amour pour ce monde.

Cela, cette présence de Dieu, cette action de Dieu, nous est donné. « C'est par grâce que vous êtes sauvés ». C'est gratuitement. C'est par amour. Ça ne dépend pas de nos actions, même si de ce fait, libérés, sauvés, nos actions peuvent en être transformées.

           A l'occasion du carême, on nous dit toujours qu'il faut faire des efforts. Au début du carême, on prend des résolutions à tenir jusqu'à Pâques. On nous sert souvent l'exemple du chocolat : il ne faudrait pas manger de chocolat ou pire encore, de nutella en carême. Est-ce que Dieu ne nous aime plus quand on mange du chocolat ? Est-ce que manger du chocolat nous empêche vraiment de recevoir l'amour de Dieu et d'aimer les autres ? Est-ce que c'est là le plus important de notre vie ?

           Ou est-ce que le carême n'est pas davantage un temps pour laisser Dieu nous aimer tels que nous sommes ? Pour le laisser nous rejoindre en vérité, jusque dans nos zones d'ombre, sans nous cacher derrière des excuses faciles? Pour le laisser nous sauver, nous libérer, nous éclairer, nous illuminer, nous habiter de sa présence toute aimante ?

           « Dieu a tant aimé le monde... », dit d'évangile

           « Dieu s'adresse aux hommes en son immense amour comme à des amis, il s'entretient avec eux pour les inviter à partager sa propre vie », disait le dernier Concile.

           Continuons d'entrer ensemble dans cet amour et cette amitié que Dieu veut vivre avec nous et avec chacun de nous, cet amour et cette amitié infinis qui pardonnent tout, qui nous font redécouvrir nous-mêmes, les autres et le monde avec un regard d'amour, et qui nous font naître à la vie.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 

 


Deuxième livre des Chroniques 36,14-16.19-23.
En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem.
Le Seigneur, le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure.
Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple.
Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux.
Nabucodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses.
Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : « La terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés. »
Or, la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, pour que soit accomplie la parole du Seigneur proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume – et même consigner par écrit – :
« Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem ! »



Psaume 137(136),1-2.3.4-5.6.
Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours
nous avions pendu nos harpes.

C'est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux :
« Chantez-nous, disaient-ils,
quelque chant de Sion. »

Comment chanterions-nous un chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?
Si je t'oublie, Jérusalem,
que ma main droite m'oublie !

Je veux que ma langue s'attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n'élève Jérusalem,
au sommet de ma joie.





Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 2,4-10.
Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés,
nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés.
Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus.
Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus.
C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.
Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil.
C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21.
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »


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7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 18:30

 

SILENCE-IN-MEDITATION.jpg          Dieu t'avait tout donné. Le monde, la création, l'univers, le ciel et la terre, la pluie et le soleil, la chaleur et le froid, les montagnes et les mers. Et le souffle. Et le feu. Et la vie. Et le temps et l'espace, à habiter l'un et l'autre. Il t'avait donné aussi la Loi. Un jour du temps, dans un désert au Sinaï, en plein Exode, en pleine marche, alors que tu étais en fuite et tendu vers la terre promise. Il avait ouvert la bouche et il avait parlé. De la même Parole qui crée le monde, il avait égrainé, un à un, dix commandements. Dix commandements pour que tu vives. Pour que tu ne te tues pas, que tu ne tues pas ton voisin, que tu ne tues pas le monde. Et que tu ne l'oublies pas. Il avait donné la Loi comme on fait le plus beau des cadeaux : celui qui ouvre à une vie possible ensemble. Pour que ton voisin ne soit plus un loup pour toi, mais un frère à aimer, dans une égale dignité de chacun : hommes, femmes, serviteur, servante, immigré – folie, déjà, en ce temps là !. Pour que la terre soit une terre habitable par tous, où il fait bon vivre et transmettre et créer.

          Là, dans ce désert, nos pères ont reçu ce don inestimable ouvrant à la confiance et à la liberté.

Cette Loi était faite de limites, bien sûr : il fallait savoir s'arrêter. Arrêter de jalouser, arrêter d'en vouloir toujours davantage, accepter de ne pas avoir tout. Accepter de tout stopper parfois. De ne plus travailler. D'être en silence. De ne plus courir. On avait appelé ça le Sabbat.

Dieu avait pris ses précautions : il savait que l'homme ne croyait pas cela possible, alors il l'avait fait lui-même : « En six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour », raconte le vieux récit venu de ci loin. « C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a sanctifié ». Même Dieu s'était tu. La Parole s'était faite silence, pour admirer et contempler, pour laisser être sans mettre la main dessus. Comme le silence est nécessaire pour que la musique s'envole. Mais difficile de s'arrêter. Il nous en fallait toujours plus, plus grand, plus bruyant, plus beau, plus rapide, plus solide...

           Jésus connaît ce qu'il y a dans l'homme. « Il les connaissait tous et n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme. » Il sait que le cœur s'emballe vite, que la course à la possession est toujours plus rapide, qu'il en faut peu pour jalouser, comparer, comploter, marchander.

La maison de prière s'est remplie. De bœufs, de brebis, de colombes, de changeurs... Oh, bien sûr, les observateurs reconnaîtront qu'il ne s'agit là que de marchandises destinées au culte et aux sacrifices ! Que pourrait-on redire ? « L'enfer est pavé de bonnes intentions », dit le dicton. Au milieu de ce charivari, de ces cris et de ces odeurs, des interpellations à hautes voix et des changeurs de monnaies, n'aurait-on pas oublié l'essentiel ? La pause. Le silence. L'année de jachère. Le temps du repos de l'homme dans les bras de son Dieu. Comme au premier sabbat, le lendemain du sixième jour et de la création de l'homme. Le premier jour, donc, de la vie de l'homme, qui avait été un jour de repos, sans travail. Un soir et un matin, une nuit pour commencer à vivre, dans le silence, dans la connaissance de l'homme et de la femme, dans l'apprentissage de l'amour. On n'aime pas dans le bazars, les amoureux se mettent à l'écart pour s'aimer. Il en avait fallu, du silence, dans le désert, pour entendre un à un les commandements, au souffle du vent et dans le crépitement des feux de bois. Le cœur de l'homme était devenu maintenant trop bruyant pour qu'il puisse entendre quoi que ce soit d'autre que lui-même.

           Que ces textes si lointains ne dépeignent-ils pas notre monde, et nos systèmes, et notre espace, et nos désirs, et notre vie ? Le monde te dit d'en faire toujours plus : plus de travail, même le dimanche, plus d'exploitation des terres et des hommes, des femmes et des enfants, plus de commerce et plus d'argent, plus de course à la vie, selon que l'on veut mourir plus vite ou pas du tout... On commente toujours les records : ceux du sport, ceux du chômage, ceux de la bourse... On ne fait pas souvent attention aux non-records. Ils passent inaperçus à nos regards calibrés. Nous avons fait de notre monde, de la création et de l'univers, de l'eau et du soleil, des montagnes et des mers, des hommes, des femmes et des enfants, et même des religions, nous avons fait de tout cela « une maison de commerce ». Un « marché divinisé » (Pape François) qui écrase tout ce qui est fragile, petit, et qui attend pourtant de nous le plus grand des respects.

           Le monde te dit d'en faire toujours plus, Jésus te dit d'en faire moins. L’Église n'est pas parfaite, loin s'en faut. Mais elle a trouvé, au fil de son histoire, des outils pour nous rappeler à l'essentiel. Le carême en est un : 40 jours pour laisser Jésus faire le ménage en nous comme il le fait dans le sanctuaire de Jérusalem. Parce que son sanctuaire, c'est nous. Toi. Moi. Sa demeure. Celle qu'il veut relever, en trois jours. 40 jours, c'est long. Vous rendez-vous compte pourtant que nous franchirons cette semaine la mi-carême ? Déjà au milieu de la marche! Et nous n'avons pas eu le temps, encore, de changer nos habitudes de courses et de remplissages... ou si peu! Ouf ! La mi-carême ! Ce n'est donc pas fini, il est donc encore temps. Temps de se laisser faire enfin par Dieu pour le laisser, comme il nous le disait en entrant dans ce temps « nous réconcilier avec lui ». Sans chercher de grandes choses, ou de sagesse ou de signes miraculeux : cela, nous dit saint Paul, déjà les Grecs et les Juifs le cherchaient. « Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » Folie du don. Faiblesse de l'amour. Il n'est pas trop tard pour laisser agir le Christ en nous, en nous abandonnant à lui. Apprendre à nous taire, à aimer, à partager, à regarder, à contempler, à prier, à respirer, à transformer nos habitudes... et le laisser préparer lui-même sa demeure qu'il relèvera au jour de la résurrection.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 


Livre de l'Exode 20,1-17.
En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi.
Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération.
Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.
Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville.
Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.
Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »



Psaume 19(18),8.9.10.11.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu'il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l'or,
qu'une masse d'or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.





Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,22-25.
Frères, alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse,
nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes.
Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,13-25.
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment.
Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait.
Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous
et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

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22 février 2015 7 22 /02 /février /2015 17:00

visuel carême 2015 - de terre et d'homme

 

Aussitôt l’Esprit le pousse (chasse) au désert.

Ainsi d’après l’évangéliste, la première conséquence du baptême est la confrontation avec Satan qui personnifie le principe du mal. En hébreu, son nom signifie « adversaire », « accusateur ». Il est l’adversaire du dessein de Dieu. Jésus est baptisé pour affronter Satan dès le début de sa mission.

Quand on y réfléchit bien, c’est finalement le but de tout baptême, du baptême de chacune ou chacun d’entre nous.

 

Et, dans le désert, il resta 40 jours.

Les quarante jours font écho aux quarante ans du séjour dans le désert après la sortie d’Egypte.

Le désert, dans la Bible, est un lieu d’épreuves et de tentation même s’il peut être un lieu de plus grande communion avec Dieu.

Sans avoir besoin d’entreprendre de grands voyages, nous avons tous connu, nous connaissons ou nous connaîtrons, l’épreuve du désert, temps de vide affectif, sentimental, voire spirituel, lié à une solitude qui peut durer plus ou moins longtemps.

Nous avons aussi à combattre le mal qui passe par les injustices et les séductions de toutes sortes.

 

Mais deux signes disent que Jésus triomphe de l’épreuve, qu’il a vaincu Satan.

 

Les bêtes sauvages, qui dans les Psaumes notamment, représentent la violence, incarnent ici la paix des derniers temps comme dans l’oracle messianique du prophète Isaïe (Is 11, 1 – 9) : Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble…

Jésus réalise cette prophétie. Il est le nouvel Adam. C’est l’avènement de la nouvelle création…

 

Nouvelle création, création, cette année, en paroisse, pendant le carême, avec le CCFD-terre solidaire nous aurons l’occasion de réfléchir et d’agir sur le thème « Habiter la Création, revenir à l’essentiel ».

 

C’est l’avènement de la nouvelle création illustrée par les mots suivants : Et les anges le servaient. Ce service est une prérogative divine. Il y a donc ici une annonce du règne de Dieu sur terre.

C’est cela précisément l’Evangile, la Bonne Nouvelle de Dieu : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ».

 

Ce qui a été préfiguré au désert va commencer à se réaliser dans l’histoire des hommes.

 

Ensuite, Jésus partit pour la Galilée proclamerl’Evangile de Dieu… Convertissez-vous Croyez à l’Evangile.

Entre l’Evangile proclamé, que nous écoutons, que nous lisons, et l’Evangile cru, il y a la conversion, changement radical d’état d’esprit, retournement complet.

C’est ce à quoi nous sommes appelés.

 

Au début du Carême, en marche vers Pâques, comment s’y préparer ou comment vivre celavisuel-careme-2015---de-terre-et-d-homme.jpg?

Armé de notre baptême, que nous pouvons redécouvrir en accompagnant Damien notre catéchumène, armé de notre baptême, où nous avons reçu la grâce de Dieu et la force de l’Esprit, nous pouvons lutter pour plus de justice et contre les séductions de toutes sortes.

 

Jacques Bonnet, diacre

 


Livre de la Genèse 9,8-15.
Dieu dit à Noé et à ses fils :
« Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous,
et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche.
Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. »
Dieu dit encore : « Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais :
je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre.
Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre, et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages,
je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous, et tous les êtres vivants : les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair.



Psaume 25(24),4bc-5ab.6-7bc.8-9.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m'oublie pas.
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.




Première lettre de saint Pierre Apôtre 3,18-22.
Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit.
C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité.
Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau.
C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ,
lui qui est à la droite de Dieu, après s’en être allé au ciel, lui à qui sont soumis les anges, ainsi que les Souverainetés et les Puissances.



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,12-15.
Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert
et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

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