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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 11:00

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           Étonnant prophète, que ce Jean-Baptiste. Dans le désert et auprès du Jourdain, nous le voyions dimanche dernier baptiser des hommes et des femmes venus de loin pour le rencontrer et l'entendre. Et lui passait son temps à annoncer un autre que lui, un plus grand que lui derrière lequel il devrait s'effacer. Cet autre, Jésus, il a su le reconnaître, et le désigner. Le désigner pour que ses propres disciples et tous ceux qui le voulaient, suivent désormais cet homme, Jésus. Jean s'est retrouvé seul : il avait accompli sa mission. Il se retrouve même en prison, dans l'évangile de ce jour. Et il doute. Il doute parce qu'il a annoncé la foudre, et il ne voit se manifester que tendresse et joie. Il avertissait que « la cognée était à la racine de l'arbre », que « celui qui viendrait tiendrait dans sa main la pelle à vanner et qu'il ferait brûler la paille », et ce qu'il entend de Jésus n'est que miséricorde et bienveillance. Alors évidemment, il doute : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus de dire que « Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » Car certes, il a su reconnaître et désigner Jésus puis s'effacer. En cela, il est le plus grand parmi les hommes. Mais il s'est apparemment trompé sur la nature du messianisme de Jésus, sur le projet de Dieu, sur la mission du Christ.

           Car la promesse de Dieu, la présence et l'action de Jésus, n'est qu'événement de joie. Que tout « exulte de joie », proclamait Isaïe, un autre prophète. Et la prière d'ouverture de notre célébration aujourd'hui orientait déjà notre cœur : « Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d'un si grand mystère », une prière qui a donné son nom au 3ème dimanche de l'Avent : « le dimanche de la joie ». Nous voilà ramenés à l'essentiel de notre attente et de ce que nous désirons vivre. A non pas une joie extérieure, artificielle, exubérante, mais profonde, enracinée, relationnelle. Une joie qui ne se satisfait pas du tout, tout de suite, une joie qui ne se compte pas en nombre de cadeaux ou en qualité de foi gras. Mais une joie faite de patience, d'espérance et d'endurance, disait L'apôtre Jacques. « Ne gémissez pas les uns contre les autres », disait-il encore, prenant le contre-pied des grincheux qui voudraient être arrivés avant d'être partis. La joie qui vient de Dieu, la joie du Christ, est joie de lumière et de vie, joie de donner, plus grande que joie de recevoir. Joie que l'autre vive : « Le Seigneur fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, il redresse les accablés, aime les justes, protège l'étranger. Il soutient la veuve et l'orphelin », chantait le psaume. Jésus manifeste cette réelle puissance de Dieu et la réalise: « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. ». C'est cette Bonne Nouvelle, à découvrir déjà intérieurement réalisée en nous et en ceux que nous rencontrons – un discernement qui demande parfois patience, endurance, espérance -, qui est constitutive de la vraie joie.

 

          Et nous, où en sommes-nous de notre préparation intérieure à la fête de Noël ? En entrant dans l'Avent, nous nous disions qu'il ne faudrait pas en faire un compte à rebours, mais un temps habité où reconnaître l'action de Dieu déjà présent dans nos vies et en notre monde. Comment nous sommes-nous déjà entraînés, seul ou avec d'autres, à vivre la fraternité, l'attention, et la vigilance à cette présence de Dieu ?

 

           Ce week-end et les jours suivants, nous allons avoir deux occasions pour concrétiser encore davantage ce projet d'Avent, ce creusé intérieur, cette disponibilité à l'accueil de Dieu en nos vies.

           Ce dimanche après-midi, en nous réunissant en paroisses sœurs, nous vivrons déjà un temps d'accueil de l'autre, de reconnaissance, et de joie. Mais plus encore, nous nous poserons la questions : « Formons-nous une Église qui réchauffe les cœurs ? » Autrement dit, une Église qui n'est pas centrée sur son fonctionnement et son nombril, mais qui sait rejoindre chacun dans son humanité, pour y révéler la beauté et la joie de la présence de Dieu... A commencer par échange qui aura lieu, qui ne doit pas avoir son but en lui-même, mais qui doit nous réveiller, personnellement et communautairement, dans nos pratiques, nos présences et nos attentions. Belle façon de nous préparer intérieurement et paroissialement à Noël.

           La deuxième occasion, c'est l'arrivée de la Lumière de Bethléem. Cette lumière, allumée cette semaine dans la grotte de la Nativité à Bethléem, vient nous rejoindre en Charente. Elle est signe de paix, de fraternité, de joie dans un monde divisé, inquiet, fragile. Cette lumière elle-même est fragile, mais d'une fragilité toute autre : d'une fragilité qui vient réchauffer notre humanité parfois refroidie ou asséchée. D'une fragilité qui dit la douceur et la tendresse des liens, d'un sourire, d'une poignée de mains, d'un baiser, d'une caresse. Elle dit une présence, au-delà de toute présence, à celui qui est seul – et chacun de nous peut se trouver seul face à la vie, sa complexité et ses épreuves -. Cette lumière, nous allons pouvoir la partager à tous ceux qui ont besoin d'un peu de chaleur et d'amitié... autrement dit, à tous ! Qu'elle nous aide à sortir de nous-mêmes et à aller frapper à la porte de celles et ceux que nous n'osons pas rencontrer ! Qu'elle nous aide, déjà, à devenir un peu plus une Église qui réchauffe les cœurs !

 

           Jean-Baptiste a douté dans sa prison, parce qu'il s'était trompé de prédication. Que nous ne nous trompions pas, nous non plus, en nous préparant à Noël et en parlant de Dieu et de sa venue. Que celui que nous attendons et que nous annonçons soit vraiment le Dieu de la joie qui fait voir les aveugles, entendre les sourds, marcher les boiteux et ressusciter les morts. Et que notre annonce de cette joie sois non seulement en mots, mais aussi en actes, en présences, en attentions, en bienveillance... Alors notre cœur, notre être, et toute notre existence, déjà, se préparera à accueillir l'enfant qui nous donne toute sa joie, la joie de Dieu qui aime tous les hommes.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre d'Isaïe 35,1-6.10.
Le désert et la terre de la soif, qu'ils se réjouissent ! Le pays aride, qu'il exulte et fleurisse,
qu'il se couvre de fleurs des champs, qu'il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,
dites aux gens qui s'affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »
Alors s'ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L'eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides.
Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s'enfuiront.


Psaume 146(145),7.8.9ab.10a.
Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l'étranger.
Il soutient la veuve et l'orphelin,
D'âge en âge, le Seigneur régnera !



Lettre de saint Jacques 5,7-10.
Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu'à ce qu'il ait fait la première et la dernière récoltes.
Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d'endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11,2-11.
Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?. . .
Alors, qu'êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète.
C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 11:00

attente-picto.jpg

           Les choses s'accélèrent en vue de Noël. Les décorations se font plus fournies, les préparatifs des fêtes s'affinent... Peut-être notre attente intérieure grandit-elle aussi. Nous nous préparons, nous attendons... Non seulement la fête, mais aussi le Christ, Jésus. Et l'on peut se demander pourquoi nous, chrétiens, nous attendons ainsi ce Christ Jésus. Je vous propose trois éléments de réponse.

           Nous l'attendons parce que nous portons le désir d'une vie nouvelle, d'un monde nouveau. Ce monde idyllique que décrit le prophète Isaïe, où « le lion habite avec l'agneau, le léopard se couche près du chevreau... le nourrisson joue sur le nid du cobra. » Un monde de paix et de concorde, un monde sans peur et sans calcul, un monde de relations simples et belles... Oui, avouons que nous sommes tendus vers ce monde qui tarde à venir, et que nous l'attendons avec impatience !

           Nous attendons le Christ, peut-être aussi, à cause de l'insatisfaction de notre état ou de notre situation. Car si nous vivons des moments de joie, de bonheur, même, nous pressentons que nous ne pouvons pas être totalement heureux tant que tous les hommes ne sont pas pleinement heureux et en paix. Comment se réjouir vraiment quand des hommes sont en prises à la violence, au froid, à la faim, jusqu'à nos portes ? Comment faire la fête en sachant que des gens sont oubliés, apeurés, rejetés ? (cf la philosophie de l'Ubuntu) Plus encore – et cela terni davantage notre joie - : nous pouvons percevoir que nous sommes nous-mêmes, parfois, complices du malheur des autres (à cause de nos silences, de la recherche de facilité, de l'égoïsme ou de l'orgueil, de la peur de perdre nos petits conforts, plus largement des systèmes que nous avons mis en place à petite et à grande échelle...) Et nous comprenons bien, nous savons bien, sans trop savoir comment faire, qu'il faut que tout cela change...

           Nous attendons le Christ Jésus, peut-être encore, parce que nous attendons profondément que justice soit faite, non comme la justice des hommes, qui juge selon l'apparence et ce qui est dit, mais une justice selon le cœur de Dieu. Cette justice qu'annonce encore Isaïe, une justice juste prononcée par un juge juste, dans la crainte (l'amour) et l'Esprit du Seigneur. Une justice qui sait voir et reconnaître ce qui habite le plus profond du cœur et des désirs de l'homme, au-delà (ou en-deçà) de ce que nous arrivons à en dire et à en montrer...

           Comme les gens viennent se faire baptiser par Jean, nous cherchons et nous attendons, nous aussi, avec toute notre bonne volonté. Et nous croyons que le Christ, Jésus, celui qui se présentera comme un bébé à Noël et un condamné crucifié plus tard, nous croyons que ce Jésus accomplit et réalise ce monde. N'est-ce pas pour cela que nous attendons et que nous nous préparons, plus ou moins fébrilement, à Noël ?

 

           Mais nous savons que Dieu ne veut pas sauver l'humanité et la création sans les hommes. Autrement dit, il n'y a pas de nouveau monde possible non seulement sans notre consentement total, mais aussi sans une nouvelle vie de notre part, concrètement. Il n'y a pas de Noël accueilli en vérité et dans tout son mystère s'il n'y a pas en chacun de nous et en tous la réalisation d'une conversion. Peut-être un combat. Une transformation.

C'est bien l'appel que Jean le Baptiste crie à ceux qui veulent se faire baptiser par lui. « Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion !» En d'autres termes : « Ne fuyez pas votre propre responsabilité en croyant que Dieu fera toute chose nouvelle sans vous, mais transformez vos vies pour que ce Royaume attendu devienne déjà visible par votre style de vie ! » Il en va d'un travail, peut-être harassant, difficile, épuisant. Mais absolument nécessaire.

 

           La planète entière se tourne ces dernières heures vers la belle figure de Madiba, Nelson Mandela. Il est une figure, sans nul doute, qui ouvre l'espérance de l'humanité parce qu'il a dit à chacun, qu'un autre monde était possible, et que l'on pouvait transformer radicalement ce monde. Mais ne l'a-t-il pas dit par le combat de toute une vie, le payant par des années de liberté, jusqu'en des moments d’extrême solitude, et certainement de doute ? N'est-ce pas le combat de tout son être pour un monde meilleur qui est relevé par tous les éloges que nous entendons ?

           Et pourquoi ne pourrions-nous pas être, nous aussi, des Nelson Mandela à notre échelle, gardant « l'espérance grâce à la persévérance et au courage dans l'Ecriture » (comme disait saint Paul) ? Quelle que soit notre situation familiale, financière, notre santé, notre fatigue, nos limites : nous savons que Dieu notre Père compte sur nous pour que naisse par nous ce monde que nous attendons, cette justice et cette paix que nous espérons, et qui nous ont été déjà données par Jésus Christ.

 

 

           Noël vient. Le Seigneur vient. Mais il ne peut nous rencontrer si nous restons à l'attendre patiemment, sans bouger, comme dans une salle d'attente climatisée, si nous ne sortons pas de nous-mêmes à sa rencontre. Jusque dans les transformations, peut-être radicales, que nous avons à vivre.

Le baptême de Jean était exigeant : il était un baptême de conversion.

Le baptême de Jésus, dans « l'Esprit et le feu », l'est plus encore : il oblige à vivre dégagé de tout élément de mort et de péché en nous, et à être des vivants, des ressuscités au milieu du monde !

           Mais n'est-ce pas par là - par nous - que sera reconnu celui que le monde attend ? « La connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer », disait Isaïe. « En lui que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux », reprend le psalmiste. « Les nations païennes peuvent lui rendre gloire... je te louerai parmi les nations », continue saint Paul. « Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain » venaient à Jean Baptiste, raconte Matthieu. Le monde entier attend la venue du Seigneur Jésus... et ce monde ne pourra le reconnaître que par ceux qui se réclament de lui. Le baptême que nous avons reçu – et vers lequel tu entres ce matin en chemin, Damien, - n'est pas une carte d'identité, un passeport qui nous donne droit de « passer à l'église » pour les grandes occasions de la vie, il est responsabilité sacramentelle d'accueil de la puissance de paix de pardon et de vie de Dieu en nous, pour que Lui soit reconnu dans le monde et qu'il réalise l'espérance du monde.

           Que vienne alors, en nous et en tous points de l'univers, dès aujourd'hui, le Royaume de justice et de paix qu'annonçait déjà Isaïe.

Amen. P. Benoît Lecomte

 

 


 

Livre d'Isaïe 11,1-10.
Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines.
Sur lui reposera l'esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur,
qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas d'après les apparences, il ne tranchera pas d'après ce qu'il entend dire.
Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays. Comme un bâton, sa parole frappera le pays, le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant.
Justice est la ceinture de ses hanches ; fidélité, le baudrier de ses reins.
Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.
La vache et l'ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.
Le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l'enfant étendra la main.
Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.


Psaume 72(71),1-2.7-8.12-13.17.
Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu'il gouverne ton peuple avec justice,
qu'il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu'à la fin des lunes !
Qu'il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu'au bout de la terre !

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

Que son nom dure toujours ;
sous le soleil, que subsiste son nom !
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;
que tous les pays le disent bienheureux !



Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 15,4-9.
Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture.
Que le Dieu de la persévérance et du courage vous donne d'être d'accord entre vous selon l'esprit du Christ Jésus.
Ainsi, d'un même cœur, d'une même voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu, vous qui étiez païens.
Si le Christ s'est fait le serviteur des Juifs, c'est en raison de la fidélité de Dieu, pour garantir les promesses faites à nos pères ; mais, je vous le déclare,
c'est en raison de la miséricorde de Dieu que les nations païennes peuvent lui rendre gloire ; comme le dit l'Écriture : Je te louerai parmi les nations, je chanterai ton nom.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3,1-12.
En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »
Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui,
et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion,
et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ;
il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. »

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 11:00

           C'est parti, nous voilà déjà dans le temps de l'Avent ! Ce temps de conversion et de préparation à la fête de Noël, ce temps de grisaille et de froid de l'hiver qui nous conduit à la lumière et à la chaleur de Noël. Nous voilà en Avent : le décompte du temps (celui pour préparer la fête, penser aux cadeaux, organiser les vacances...) est lancé. Car le temps de l'Avent est un temps dont on compte les jours, jusqu'à avoir un calendrier de l'Avent pour ça. Comme un compte à rebours, un chrono à l'envers. Avec le risque, à avoir les yeux rivés sur la montre ou le calendrier, de ne rien voir de ce qui se passe et de louper le rendez-vous. Un peu comme il en va d'homme à la gare, les yeux fixés au tableau des horaires, qui loupe son train partant sous son nez.

 

           Dieu, par sa Parole, ne nous propose pas seulement d'attendre et de compter les jours, mais de veiller. Car ce que nous attendons, Noël, est déjà arrivé et arrive chaque jour.

           Regardez comment en parle l'évangile : « Jésus parlait de sa venue », « le jour où votre Seigneur viendra »... Mais Jésus n'est-il pas déjà venu, il y a deux mille ans ? N'est-ce pas de lui qu'il parle, de son inscription dans notre histoire, dans notre chronos, notre décompte du temps ? Plus encore, je me demande si son propos ne porte pas davantage sur l'événement de Pâques, que sur une venue physique dans le futur : le « déluge » est une figure biblique du passage de la mort à la vie. C'est « de nuit » que Jésus ressuscite, « perçant le mur » du tombeau, comme le voleur évoqué dans l'évangile. N'est-ce pas au matin de Pâques que le Fils de l'homme apparaît dans toute sa gloire, dans sa victoire ? « L'avènement du Fils de l'homme », c'est sa résurrection dans la clarté pascale. Et l'on repère encore toutes les allusions à ce matin nouveau à travers les textes que nous venons d'entendre : la nuit / le jour, les ténèbres / la lumière, le sommeil / l'activité, autant de mots qui nous parlent du passage de la mort à la vie. Jésus est déjà venu : en ce temps d'Avent, replongeons donc dans l'événement de son passage comme en une source joyeuse, vivifiante et régénérante.

           Mais si Jésus est déjà venu, il ne nous a pas abandonné et vient nous visiter encore chaque jour, au milieu de notre quotidien le plus banal. Comme « avant le déluge on mangeait, on buvait, on se mariait », comme ces deux hommes aux champs et ces deux femmes au moulin, notre quotidien est le lieu où Dieu se révèle à nous. Encore faut-il y être attentifs. On peut le sentir, le ressentir, le reconnaître, ou pas. C'est le drame que vivent les personnages de l'évangile. « L'un est pris, l'autre laissé » : n'y voyons pas une prédestination qui déciderait à l'avance qui serait sauvé et qui ne le serait pas. Au contraire, n'avons-nous pas tous, parfois, dans nos vies, la sensation, la perception, la certitude que quelque chose de grand et de beau, parfois d'invisible, s'est passé ? Que Dieu était là sans que nous en ayons nécessairement conscience ? Il est si facile, pourtant, de passer à côté, d'être pris par les multiples occupations et préoccupations qui nous assaillent, de nous laisser étourdir, anesthésier ou abasourdir par les néons qui cachent la véritable lumière. Combien nous faut-il d'attention, de vigilance, d'écoute, de silence... de veille, pour ne pas louper ces rendez-vous que le Seigneur nous donne ! « Sa présence ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée. Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, bien qu’ils le fassent à tâtons, de manière imprécise et diffuse » (Pape François, Evangélii Gaudium).

 

           Ne faisons pas de ce temps d'Avent uniquement un chronomètre – trop rapide pour les adultes, trop lent pour les enfants – qui nous mène à Noël. Pourquoi ne pas en faire un moment de veille et d'attention pour nous entraîner à voir Dieu et sa présence, dans notre quotidien (à l'école, au travail, en famille, en paroisse et dans tous nos lieux de vie), pour le reconnaître quand il viendra, de nuit, dans la nuit, sous les traits d'un petit enfant, d'un bébé... Même préparés, quel dommage ce serait de rater ce rendez-vous !

 

          Mais peut-être pouvons-nous faire plus encore, ou plutôt « être » plus. Non seulement nous pouvons profiter du temps de l'Avent pour apprendre à reconnaître le Fils de l'homme ressuscité présent dans notre quotidien, mais nous pouvons aussi devenir nous-mêmes des messagers de sa présence. « Marchons à la lumière du Seigneur », proclamait Isaïe. « Revêtez le Seigneur Jésus Christ », crie saint Paul. Prenez ses habits ! Entrez dans son costume ! Pas comme on revêt un déguisement, mais comme on met nos pas dans les siens, dans son chemin, son regard, son exigence, sa justice, sa vie ! Comme on s'ajuste à la taille de son cœur, et à la relation avec son Père dans son Esprit, dans l'amour de ce monde.

           Soyez, soyons des signes de lumière, de Sa Lumière, dans les nuits de notre monde. Margaux et Cassandra le sont pour nous, ce matin, alors qu'elles demandent publiquement, le baptême, du haut de leurs 4 ans.

           Des signes de lumière, nous le serons dans nos liturgies, en allumant chaque dimanche une bougie supplémentaire et en célébrant la Lumière qu'est le Christ au milieu de nous. Nous le serons en recevant dans 15 jours la lumière de Bethléem, et en la transmettant de maison en maison, là même où on ne l'attend pas, jusqu'à ceux qui ne nous connaissent pas ou qui n'ont pas la même religion que nous. Nous le serons en devenant une Église « qui réchauffe les cœurs », une Église du côté de la joie, de la tendresse, de la compassion et de la vie, à travers toutes nos attentions aux autres et nos fraternités (ce qui se passera aussi à travers la confection collective de ce calendrier de l'Avent, révélant comme autant de signes d'attention que de jour d'ici Noël). « Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ » (pape François).

           Bon temps d'Avent à chacun, et ensemble : ne comptons pas le temps, vivons-le déjà comme le temps de Dieu où Il se rend présent... dans notre présent !

           Amen.

P. Benoît Lecomte


Livre d'Isaïe 2,1-5.
Le prophète Isaïe a reçu cette révélation au sujet de Juda et de Jérusalem :
Il arrivera dans l'avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle,
des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c'est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. »
Il sera le juge des nations, l'arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on ne s'entraînera plus pour la guerre.
Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur.


Psaume 122(121),1-2.3-4ab.4cd-5.6-7.8-9.
Quelle joie quand on m'a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu'un !
C'est là que montent les tribus,
les tribus du Seigneur.

C'est là qu'Israël doit rendre grâce
au nom du Seigneur.
C'est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.

Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t'aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais ! »

A cause de mes frères et de mes proches,
je dirai : « Paix sur toi ! »
A cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien.



Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13,11-14a.
Frères, vous le savez : c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil.
La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière.
Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie,
mais revêtez le Seigneur Jésus Christ.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,37-44.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L'avènement du Fils de l'homme ressemblera à ce qui s'est passé à l'époque de Noé.
A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu'au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme.
Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé.
Deux femmes seront au moulin : l'une est prise, l'autre laissée.
Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra.

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 18:30

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           Les valeurs se perdent ou se transforment à vitesse grand V, les politiques ont perdu leur autorité et leur pouvoir, la machine économique s'est emballée et personne ne sait comment faire rentrer le génie dans sa bouteille, les enfants de nos enfants n'ont plus de repère chrétien... Ça et là, quelques lueurs résistent, comme des petits phares auxquels se raccrocher : on apprécie le pape, son sourire et sa parole (mais sans savoir s'il va arriver à mettre en œuvre ses idées), on est témoin de tel rencontre solidaire, de tel geste d'amitié, de tel moment de pardon, de telle initiative au service des autres... Mais malgré ces bouées, l'océan systémique mondial houle et on ne sait plus trop bien où l'on va... Alors on se raccroche à ce que l'on peut : la famille (quand elle n'est pas trop démantelée), le travail (à moins qu'il nous ait totalement mangé), la prière (dans laquelle on peut s'abîmer en fuyant tout le reste)... l'exploit d'une équipe de foot, si bleus soient-ils... et l'on se prend à rêver... au Brésil, à l'exploit, à l'unité... mais à court terme : en juillet, dans juste 8 mois et pour quelques temps... et après ? On cherche la personne ou l'équipe qui pourra dégager notre horizon et nous offrir un peu plus encore...

           Notre foi en Dieu nous ouvre à une relation unique et magnifique avec une personne, un roi. Un roi qui, lui, ouvre un avenir durable et fécond. Un roi plus grand encore que le Christ du Corcovado qu'on nous passera en boucle pendant le mondial de foot, au dessus de la baie de Rio : le Christ Jésus. « Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, en lui tout a été créé, par lui et pour lui... Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts. En lui toute chose a son accomplissement total », clame merveilleusement la lettre aux Colossiens. Mystérieusement, tous les événements de nos vies, heureux et malheureux, agréables et désagréables, toutes nos joies et nos épreuves, tous nos liens et nos solitudes, tout trouve en Lui une orientation, une direction, un sens. Son existence et sa présence fissurent les carapaces transparentes trop étroites qui, croyons-nous, nous protègent de l'extérieur et nous enferment bien plutôt dans notre petit monde restreint : avec lui, notre vie, jusqu'en ses moindres détails, prend l'air du grand large et du souffle de l'Esprit, et est emportée dans un horizon promesse de bonheur infini.

 

           Comment cela peut-il se faire ? Contemplons-le. Il est sur la croix, crucifié, entouré de deux malfrats. Piètre situation pour tout homme, qui plus est pour un roi. Et c'est pourtant là, sur ce trône, qu'il délivre le secret de l'accomplissement et de l'ouverture infinie de notre vie.

           Sur la croix, donc. On préférerait, nous autres, échapper à toutes ces épreuves et ces échecs qui nous assaillent. Lui accepte de ne pas éviter la souffrance, la dérision, la mort. Il refuse d'utiliser Dieu comme un sorcier qui viendrait lui épargner l'épreuve. Dieu ne sauve pas de la croix, ni du cancer, de l'accident de voiture ou du divorce, du moins pas au sens où il supprimerait ces événements d'un coup de baguette magique. Non : comme pour Jésus, il nous donne la force de traverser l'épreuve sans nous replier sur nous-mêmes ; par l'Esprit, il nous donne du courage et de l'énergie pour transformer la croix en croissance dans l'amour, dans la foi, dans l'espérance. Au lieu d'être anéanti par le rejet, la dérision, et la mort qui approche, Jésus puise dans la relation à son Père l'incroyable audace d'ouvrir à d'autres l'accès à la source qui l'anime. Il ouvre les portes du Paradis… à celui qui sera sauvé simplement parce qu'il aura accepté de se laisser aimer.

           Se laisser aimer... et donc s'accepter d'un autre. Par trois fois, les chefs, les soldats et un malfaiteur l'invitent, puisqu'il prétend être Fils de Dieu, à se sauver lui-même. Jésus ne se laisse pas entraîner par cette tentation de la toute puissance de soi-même. Celle qui nous hante quand nous nous croyons capables de nous en sortir tout seul, qui nous travaille quand nous voulons faire notre vie par nous-mêmes. De la même façon qu'on ne se crée pas soi-même mais qu'on se reçoit d'un Autre, Jésus renverse la logique qu'on lui propose : il ne cherche pas à se sauver, mais à être sauvé. Par un Autre. Quand on « se sauve », on fuit, on n'est plus présent. Quand on accepte d'« être sauvé », on reçoit la vie donnée comme un nouveau présent. Il fait le pari de cette confiance en son Père, le pari de cette ouverture de sa vie jusqu'au bout, jusqu'au plus profond de sa détresse. Jésus nous montre un chemin, que nous pouvons emprunter pour tant et tant de situations de nos vies : ne pas compter uniquement sur nous-mêmes, ne pas croire qu' « on va s'en sortir tout seul », mais compter sur Lui, notre Père commun, le Créateur de toute Vie qui fait que la vie n'a pas de fin.

Voilà la vraie dimension de la royauté du Christ. Voilà pourquoi on peut le proclamer « roi de l'univers », parce que ses bras et son corps et son cœur et sa vie sont si grand ouverts qu'ils embrassent tout l'univers en lui. Parce que sa vie n'est pas une vie comptée, mais totalement donnée. Et nous, qui cherchons un horizon plus loin et plus beau que tous ceux qu'on nous propose, nous trouvons en Lui, sur la croix, Celui qui ouvre toute notre vie aux dimensions de l'amour infini de Dieu.

 

          Mais le plus étonnant est qu'il ne garde pas jalousement sa royauté pour Lui. Christ nous y fait participer, et nous l'avons reçue dans l'onction d'huile au jour de notre baptême. Ce jour-là, nous avons été faits « prêtre, prophète et roi », participants de la royauté du Christ sur tout l'univers, participants de cette ouverture infinie du monde par sa réception du Tout-Autre... « Il vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage du peuple saint, il nous a fait entrer dans le royaume de sont Fils bien-aimé », disait encore saint Paul. Et nous voilà invités à entrer par toute notre vie, toujours davantage, dans cette royauté du Christ. Non seulement à nous laisser attirer par Lui dans l'horizon d'amour infini qu'il nous propose, non seulement à nous laisser rejoindre par son salut, mais à devenir nous-mêmes des signes de cette victoire du Christ-Amour sur tout le reste.

           Par notre baptême, par la vie dans l'Esprit, par cette eucharistie, pour tout l'univers et depuis notre plus instable quotidien, par delà tous les rêves éphémères qu'on nous propose ou nous impose, faisons éclater la royauté du Christ, le seul vrai serviteur de tout l'univers.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Deuxième livre de Samuel 5,1-3.
Toutes les tribus d'Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Nous sommes du même sang que toi !
Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, tu dirigeais les mouvements de l'armée d'Israël, et le Seigneur t'a dit : 'Tu seras le pasteur d'Israël mon peuple, tu seras le chef d'Israël. ' »
C'est ainsi que tous les anciens d'Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l'onction à David pour le faire roi sur Israël.


Psaume 122(121),1-2.3-4.5-6a.7a.
Quelle joie quand on m'a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu'un !
C'est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur,
là qu'Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.


C'est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem :
Que la paix règne dans tes murs ! »



Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 1,12-20.
Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière,à l’héritage du peuple saint.
Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé,
par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés.
Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature,
car c'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui.
Il est aussi la tête du corps, c'est-à-dire de l'Église. Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, puisqu'il devait avoir en tout la primauté.
Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 23,35-43.
On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S'approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l'autre lui fit de vifs reproches : « Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 23:05

ViergeMarieensonicnedusigne.jpg           « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, et une mère. » Ces paroles ont pu être entendues par Marie, elle qui se tient au-delà du cercle dans lequel elle essayait d'entrer. Ou on les lui a rapportées. On peut alors imaginer l'émotion d'une mère qui entend ces mots de la part de son fils ! Une mère reste une mère... Comment accueillir ce que son enfant avance là dans la paix, lui qui offre ainsi à tant et tant de disciples la place de frère, de sœur, de mère ?

           Et pourtant, sûrement sait-elle mieux que quiconque, et mieux que nous-mêmes, en son for intérieur, en l'intime de son cœur, ce que cette Parole veut dire. Elle qui a porté le Verbe de Dieu en son sein, elle qui l'a nourri, choyé, contemplé, elle sait. Elle sait ce que Jésus veut dire, car elle a été la première à faire et accomplir cette volonté, et de façon inouïe. Elle sait qu'elle n'est pas devenue la mère de Jésus en le portant en son ventre, mais précisément en acceptant de toute son existence, de toute sa liberté, de tout son corps et de toute sa vie, de faire la volonté du Père.

Que l'on s'entende bien. Nous croyons trop souvent que pour faire la volonté du Père il nous faudrait trouver la vocation ou la mission particulière prédéterminée pour nous à l'avance par Dieu, et à laquelle, pour Marie comme pour nous, il conviendrait de répondre absolument sous peine d'être malheureux toute sa vie. Il ne s'agit pas de jouer à cache-cache avec la volonté du Père. Car elle est uniquement volonté de Salut de tous les hommes. Elle est volonté de Vie qui donne Vie, Vie de Dieu, Vie divine, Vie d'éternité, Vie de pardon et de paix. Faire la volonté du Père, c'est accueillir cette vie et ce salut en nous, tel que nous sommes, là où nous sommes, au cœur de nos engagements, de nos relations et de nos activités... et se laisser saisir par lui. Réellement. Nous pas seulement en discours, mais de façon existentielle. Faire la volonté du Père, ce n'est pas d'abord répondre par une morale, mais par une vie. Réponse à la Vie dans l'Alliance, l'amour et la communion que Dieu propose.

Marie a su entendre cette invitation divine au plus creux d'elle-même et s'est laissée sauver. Elle a su présenter toute sa vie et le tout de sa vie à Dieu, jusqu'à le faire naître en elle et à en devenir mère.

 

           C'est cette offrande d'elle-même que nous fêtons aujourd'hui, en cette mémoire de la présentation de la Vierge. Ne cherchons pas de fondement historique à cette fête liturgique : nous serions déçus de voir que seuls les garçons étaient présentés au Temple. Mais elle porte malgré tout un sens spirituel que nous pouvons et devons faire nôtre. Marie n'est-elle pas la figure du disciple et la figure, nous rappelle Vatican II, de l’Église ? Le message de la fête de ce jour nous est alors adressé : il est invitation à l'offrande de nos vies, et à l'offrande de la vie de l’Église.

Notre vie n'a pas son but en elle-même, de même que la vie de l’Église n'a pas son but en elle-même. Elle va au-delà de ce que nous en percevons. Elle ne nous appartient pas : elle entre dans le grand dessein d'amour de Dieu. Il ne s'agit pas de nous déresponsabiliser de nos vies. Bien au contraire, elles trouvent là, dans cette dynamique divine, le secret de leur vocation, leur place dans l'univers et dans l'Histoire, leur accomplissement. L'horizon n'est pas notre horizon. Que l'on parle de projets personnels, de nos vies familiales, du travail, des échanges économiques, des politiques de toutes sortes et même de l’Église, que tout de notre vie, humaine et spirituelle, de nos plus grandes aspirations jusqu'au moindre recoin de péché pour lequel nous n'osons même pas demander le pardon, soit présenté au Seigneur en toute confiance, en ce jour, chaque jour et à chaque instant.

           Avec Marie, et à cause de la parole de Jésus, c'est toi et moi qui sommes présentés à Dieu au Temple. C'est toute l’Église et toute l'humanité, nous, toi et moi ici réunis dans la présence du Christ ressuscité. Et dans cette présentation de nos vies au Maître de la Vie, se créent des liens nouveaux entre tous et avec lui : nous voilà frères et sœurs les uns des autres et de Jésus Lui-même, au-delà de nous-mêmes et de nos horizons. Et dans ce don, un échange mystérieux se produit. En nous présentant à Dieu pour faire notre demeure en Lui, c'est Lui qui viens habiter en nous, comme l'annonçait déjà le prophète Zacharie : « Voici que je viens, j'habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur ». Au milieu de toi, au cœur de ton existence, personnelle et collective. Marie nous entraîne à Jésus, et Jésus entraîne toute l'humanité à la suite de Marie : « des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur, elles seront pour moi un peuple. » Un seul peuple ! Un peuple où il n'y a plus d'étrangers, un peuple où il n'y a plus de division, un peuple où personne, désormais, ne peut dire, sauf à s'en exclure lui-même, qu'il « se tient au-dehors ».

 

           « Chante et réjouis-toi », humanité renouvelée dans l'offrande de Marie. « Chante et réjouis-toi », toi qui présente ta vie à la suite de Marie dans la volonté de notre Père commun. « Chante et réjouis-toi », toi qui devient frère et sœur de Jésus, et même sa mère... pour faire naître, avec Marie, en nous et en Église, le visage du Seigneur, la réalité de sa présence, sa beauté... et celle de notre humanité.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 


 

Livre de Zacharie 2, 14-17

Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens,
j'habiterai au milieu de toi, déclare le Seigneur.
En ce jour-là, des nations nombreuses s'attacheront au Seigneur, elles seront pour moi un peuple,
et j'habiterai au milieu de toi. Tu sauras que le Seigneur de l'univers m'a envoyé vers toi.
Le Seigneur prendra possession de Juda, son domaine sur la terre sainte ;
il choisira de nouveau Jérusalem.
Que toute créature fasse silence devant le Seigneur, car il se réveille et sort de sa Demeure sainte.


Psaume 44, 11-12a.14-17.

Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d'étoffes d'or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

A la place de tes pères se lèveront tes fils ;
sur toute la terre
tu feras d'eux des princes.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 15-19

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux :
 « Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. »
Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 18:30

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           « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel... On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. » Le tableau est terrifiant. Et si la communauté chrétienne a laquelle saint Luc s'adresse est elle-même en prise aux persécutions, si l'on peut croire que l'évangéliste veut décrire ici une fin des temps comme tant de faux prophètes nous en annoncent régulièrement, force est de constater que la description ne concerne pas uniquement le passé d'il y a 2000 ans ou un hypothétique futur que l'on espère lointain. Il est question d'aujourd'hui. Et il ne serait pas difficile de trouver des illustrations contemporaines de tous ces maux : Syrie, Israël et Palestine, Mali, Philippines, Haïti, Pakistan, Somalie... Plus près de nous, les inquiétudes en Europe ou dans notre pays montrent à leur manière des signes de pestes et de famines... Nous pensons encore aux chrétiens persécutés dans le monde, et à ce prêtre Français enlevé il y a quelques jours au Cameroun... Sûrement ce tableau évoque-t-il aussi des situations personnelles, ou familiales, liées à la maladie, la pauvreté, la violence, la justice et à toutes sortes de précarités... Le Secours Catholique, qui vit ce week-end sa journée nationale, reste pour nous un aiguillons qui nous oblige à ne pas oublier toutes ces réalités. Sans parler de « progrès » du monde technologique, dont certains voudraient qu'ils remplacent ou instrumentalisent l'humain, alors réduit à un code ou une somme d'informations numériques à placer dans des suites d'algorythmes... Vraiment, la description de l'évangile rappelle par bien des aspects ce que nous voyons, croisons, vivons tous les jours.

           Pour autant, la Parole de Dieu que nous offre la liturgie ne s'arrête pas à cette sombre description, bien au contraire. « Ne vous effrayez pas », dit Jésus. « Voici que vient le jour du Seigneur... le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement », promettait le livre de Malachie. Une lumière point à l'horizon, du cœur même de ces réalités chaotiques. Car il ne faudrait pas croire que ces malheurs viennent de Dieu. « Il faut que cela arrive », dit Jésus. Mais ce « il faut » n'indique pas une nécessité du plan de Dieu, mais plutôt un incontournable de notre situation humaine et terrestre, vivante et libre. Ce « il faut » nous rappelle que notre réalité, notre présence dans le monde passe par ces tribulations, qui ne sont jamais des épreuves que Dieu nous envoie, car jamais Dieu qui nous aime ne pourrait nous éprouver d'une quelconque façon. Bien au contraire. L'espérance du Christ nous invite à discerner les signes de vie qui traversent ce monde complexe. Et d'entrer nous-mêmes dans le regard que Dieu porte sur le monde, qui n'est pas un regard de désespoir, mais d'amour. Dieu aime notre monde, Dieu nous aime, malgré notre mal et malgré le mal qui s'y trouve. « Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils », dira saint Jean. Et il ne cherche qu'à entrer en conversation, en dialogue, avec l'homme comme avec un ami, pour l'inviter à entrer dans une vie d'amour et de communion, d'alliance avec Lui. Pas l'inviter du dehors, extérieurement, mais du dedans de l'homme, de sa plus profonde profondeur, pour nous sauver depuis le plus abyssal de nous-mêmes.

 

         Ne nous laissons pas effrayer par ces textes apocalyptiques : c'est bien la vie qui est au bout, et non la destruction. Et ils sont porteurs d'un espoir et d'un amour infinis, dans la confiance en la puissance de vie qui habite tout homme. « C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie », dit encore Jésus, comme il dira à tant d'hommes et de femmes « ta foi t'a sauvé », révélant ainsi le cœur du cœur de l'homme et sa capacité à vivre d'une vie plus forte que toutes les forces de mort.

           Et voilà que cette Parole divine nous rappelle à notre responsabilité. Car les chrétiens et tous les disciples du Christ vivent les mêmes complexités que leurs contemporains. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur », disait le Concile Vatican II (GS 1). Mais l'espérance qui nous habite nous fait entendre un chant nouveau, une musique qui jaillit du vacarme de monde et du brouhaha de notre monde intérieur. C'est le langage nouveau que le Christ du matin de Pâques nous inspire, la Sagesse à laquelle tous les adversaires ne peuvent opposer ni résistance ni contradiction. Ce langage, le psalmiste l'a mis en mots : « Jouez pour le Seigneur sur la cithare et tous les instruments ; au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur ! Que résonnent la mer et sa richesse, le monde et tous ses habitants ; que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent leur joie. Car le Seigneur vient ». Ce langage, cette Sagesse, ce chant, cette espérance, cette folie, diront certain, n'est ni angélisme ni optimisme béat. Il est parole d'ouverture et d'avenir. Il est lumière qui traverse l'obscurité, Soleil qui efface la nuit. Il n'est pas discours pour demain, mais événement d'aujourd'hui, jusqu'en nos vies.

 

         C'est peut-être cela, le travail que saint Paul nous encourage à faire. Le travail quotidien qui nous offre notre pain quotidien : le pain de la paix, de la joie, et du pardon intérieur. N'est-ce pas ce travail qui est non seulement prioritaire, mais aussi attendu par notre monde, par nos proches et nos plus lointains ? Le travail qui rappelle la grandeur et la miséricorde de l'amour Tout-Puissant, le travail qui va au-delà des constructions humaines et des « Temples » que nous avons construits, malgré la « beauté de leurs pierres », mais qui est travail de justice et de paix, de regard et d'espérance, d'encouragement et de pardon, de joie et de fraternité ? L'annonce d'un salut plus grand que tous les malheurs de notre monde, l'annonce d'un bonheur auquel tout homme est promis, l'annonce d'une Bonne Nouvelle qui passe par la réalité et la pauvreté de nos propres vies.

 

           Que l'Esprit de Dieu viennent emplir nos existences pour que nous devenions, par toute notre vie, des artisans en ce monde d'un message et d'un regard qui dise à tous de quel amour ce monde est aimé par Dieu.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre de Malachie 3,19-20.
Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l'impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, déclare le Seigneur de l'univers, il ne leur laissera ni racine ni branche.
Mais pour vous qui craignez mon Nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.


Psaume 98(97),5-6.7-8.9.
Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !

Que résonnent la mer et sa richesse,
le monde et tous ses habitants ;
que les fleuves battent des mains,
que les montagnes chantent leur joie.

A la face du Seigneur, car il vient
pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice
et les peuples avec droiture !



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3,7-12.
Vous savez bien, vous, ce qu'il faut faire pour nous imiter. Nous n'avons pas vécu parmi vous dans l'oisiveté ;
et le pain que nous avons mangé, nous n'avons demandé à personne de nous en faire cadeau. Au contraire, dans la fatigue et la peine, nuit et jour, nous avons travaillé pour n'être à la charge d'aucun d'entre vous.
Bien sûr, nous en aurions le droit ; mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter.
Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cette consigne : si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus.
Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l'oisiveté, affairés sans rien faire.
A ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu'ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu'ils auront gagné.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21,5-19.
Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : 'C'est moi', ou encore : 'Le moment est tout proche. ' Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom.
Ce sera pour vous l'occasion de rendre témoignage.
Mettez-vous dans la tête que vous n'avez pas à vous soucier de votre défense.
Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d'entre vous.
Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom.
Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie.

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 18:30

 

 

 

           Je me rappelle d'une équipe paroissiale de préparation des baptêmes et des mariages, dans une paroisse parisienne. Chaque début d'année, elle prenait un temps pour repenser sa pédagogie et sa proposition. Je me souviens d'une discussion lors d'une de ces rencontres. Tous trouvaient que « l'on tournait autour du pot lors de nos parcours. » « On essaie de faire parler les gens, c'est bien ; on veut montrer un visage d’Église accueillant, c'est bien ; on parle des valeurs que l'on vit, c'est bien... mais on ne parle pas de ce qui fâche, et qui pourtant est essentiel dans la foi des chrétiens : Christ est ressuscité. » Et l'équipe de décider de construire toutes ses rencontres autour de cette affirmation centrale sans laquelle notre foi est vaine : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Autant vous dire que les rencontres avec les couples tout au long de l'année ont gagné en piquant et en caractère. L'équipe l'avait voulu ainsi, il fallait : « frapper là où ça fait mal. » Car étonnamment, cette affirmation reste étrangère a beaucoup, même chez les chrétiens. Une enquête du journal La Croix du 8 avril 2009 indiquait qu'en France seulement 13% des catholiques croyaient en la résurrection, 57% chez les pratiquants réguliers !

Je me pose alors la question de la foi de ces chrétiens, catholiques pratiquants, qui ne mettent pas leur espérance en la résurrection. Que fêtent-ils à Pâques ? Une image ? Un symbole ? Quel serait ce Dieu qui n'irait pas au bout de la réalité de ce qu'il propose ? Que serait la puissance de ce Dieu que la mort pourrait arrêter ? Quelle est l'espérance pour chacun de nous si l'idée que Christ ressuscité n'est qu'une idée belle et généreuse mais sans contenu réel ni promesse pour notre propre existence ?

           Lors d'un échange avec des lycéens sur le thème de la résurrection, après un bon moment de discussion dans le groupe, voyant qu'une lycéenne n'avait toujours pas pris la parole, je lui demande ce qu'elle en pense. Et de me répondre : « La résurrection, parles-en avec les vieux et ceux qui vont mourir, moi, ce n'est pas mon problème ! » Elle avait raison. Si la résurrection est une croyance parmi d'autres pour se rassurer face à la mort, alors la thématique n'était pas appropriée pour des lycéens et des étudiants. Mais quand je lui ai demandé si elle voulait vivre sa vie à minima ou au maximum, petitement ou à fond, elle m'a répondu : « Non !! à fond, évidemment ! » Et la voilà qu'elle nous parlait elle-même de résurrection.

           Car la résurrection n'est pas une théorie ni une hypothèse parmi d'autres, comme l'induisent les Sadducéens. Elle est une expérience, l'expérience d'une vie qui nous dépasse, que nous recevons et dans le mouvement de laquelle notre existence est prise. Elle n'est pas une simple expérience, elle est un événement, celui du déploiement inattendu de notre existence dans un amour infini. Elle n'est pas n'importe quel événement, elle est une personne : Christ. Celui qui nous révèle la puissance de vie et d'amour de Dieu. Celui qui est en lui-même puissance de vie et d'amour : « Je suis la résurrection et la vie », dit-il dans l'évangile selon Saint Jean. La résurrection est une personne, Jésus, qui vient nous rencontrer et se lier intimement à nous, à chacun de nous et à toute l'humanité. De l'intérieur de nous-mêmes. Au cœur. Au sang. Au corps. Aux artères. Aux émotions. Aux sens.Les Sadducéens sont pris dans leurs cas d'école pour interroger. Ce faisant, en exposant le cas de cette femme et de ses maris, ils parlent de mariage, d'alliance, de recherche de fécondité... « Les enfants de se monde se marient, commente Jésus, mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection des morts ne se marient pas. » Autrement dit, on peut comprendre que la résurrection a à voir avec l'alliance et la fécondité, mais alliance et fécondité démultipliées par rapport à celles que l'on connaît aujourd'hui. On n'a plus besoin de se marier, d'entrer dans une alliance avec quelqu'un en particulier, on est tout entier dans l'Alliance avec Dieu, dans l'amour et la vie débordante, en plénitude.

           La foi en Jésus Christ ressuscité est une folie, improuvable, invérifiable. Peut-être même difficilement communicable à d'autres. La foi en la résurrection de chacun de nous également. N'est-elle pas d'abord confiance en Dieu qui espère de nous bien au-delà de ce que nous espérons et voyons de nous-mêmes ? N'est-elle pas entrée dans le regard de Dieu sur notre humanité, d'un regard d'amour qui n'a pas de fin ? Et au-delà de notre propre existence individuelle, n'est-elle pas de notre part un élan du cœur portant confiance en l'humanité toute entière, en notre monde tel qu'il est, jusque et à travers ses divisions, ses haines, ses guerres, ses égoïsmes, ses injustices, ses choix parfois porteurs de mort ?

           L'amour dont Dieu nous aime est sans limite. Et il nous offre une vie sans limite – de temps, d'intensité, de force -. Une vie « à fond », pour reprendre l'expression de la lycéenne. « Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants », et si la mort est rupture, elle est d'abord passage : ceux qui ont vécu leur Pâque vivent encore en Dieu. Sans cela notre foi est vaine. Non seulement notre foi en un au-delà de la vie terrestre – une foi et une force dont témoignent les martyrs de l'Ancien Testament, comme dans la première lecture -, mais une foi en notre vie d'aujourd'hui. Une vie qui va, déjà en notre quotidien, au-delà de nos rancœurs et de notre orgueil, de notre péché, de nos manques d'amour et de nos pertes d'espoir. Car c'est jusque-là que l'amour de Dieu nous rejoint, sans attendre que nous ne soyons plus de ce monde. C'est jusqu'en nos stérilités (comme cette femme et ces hommes de l'évangile) que la vie de Dieu nous rattrape pour faire jaillir la vie que l'on attend parfois plus.

           La résurrection est-elle une suite de notre vie ? Ou une rupture totale ? Une transformation ? Un nouveau mode d'être au monde ? On peut se poser ces questions à l'infini. Nul ne peut y répondre avec certitude, et si les manifestations de Jésus ressuscité nous sont rapportées, elles nous apportent autant de réponses que de questions. Pourtant, nous pouvons faire l'expérience, au plus profond de nous-mêmes et en nos vies quotidiennes, que l'amour de Dieu est plus grand que tout ce qui nous fait mourir, qu'il vient nous chercher dans l’abîme de nos morts pour nous faire revivre avec lui. Et déjà se dessine en nous une confiance en ce Dieu que Jésus appelle Père, un Père qui aime ses enfants et ne cesse de les faire grandir à la vie.

           Quelle joie, alors, de déceler déjà aujourd'hui, que ce que nous vivons – tout ce que nous vivons - est porteur d'un avenir insoupçonné !

           Amen

  P. Benoît Lecomte

 


Deuxième livre des Maccabées 7,1-2.9-14.
Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. A coups de fouet et de nerf de bœuf, le roi Antiochus voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite.
L'un d'eux déclara au nom de tous : « Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères. »
Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »
Après celui-là, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu'on le lui ordonna, et il présenta les mains avec intrépidité,
en déclarant avec noblesse : « C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c'est par lui que j'espère les retrouver. »
Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances.
Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures.
Sur le point d'expirer, il parla ainsi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle. »


Psaume 17(16),1ab.3ab.5-6.8.15.
Seigneur, écoute la justice !
Entends ma plainte, accueille ma prière.
Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit,
tu m'éprouves, sans rien trouver.

J'ai tenu mes pas sur tes traces :
jamais mon pied n'a trébuché.
Je t'appelle, toi, le Dieu qui répond :
écoute-moi, entends ce que je dis.

Garde-moi comme la prunelle de l'œil ;
à l'ombre de tes ailes, cache-moi,
Et moi, par ta justice, je verrai ta face :
au réveil, je me rassasierai de ton visage.



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 2,16-17.3,1-5.
Laissez-vous réconforter par notre Seigneur Jésus Christ lui-même et par Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et qui, dans sa grâce, nous a pour toujours donné réconfort et joyeuse espérance ;
qu'ils affermissent votre cœur dans tout ce que vous pouvez faire et dire de bien.
Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et qu'on lui rende gloire partout comme chez vous.
Priez pour que nous échappions à la méchanceté des gens qui nous veulent du mal, car tout le monde n'a pas la foi.
Le Seigneur, lui, est fidèle : il vous affermira et vous protégera du Mal.
Et, dans le Seigneur, nous avons pleine confiance en vous : vous faites et vous continuerez à faire ce que nous vous ordonnons.
Que le Seigneur vous conduise à l'amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 20,27-38.
Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus,
et ils l'interrogèrent : « Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère.
Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ;
le deuxième,
puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants.
Finalement la femme mourut aussi.
Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ? »
Jésus répond : « Les enfants de ce monde se marient.
Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas,
car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection.
Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob.
Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »


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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 18:30

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           A l'occasion de la messe de ce jour, nous voulons faire mémoire de nos proches qui nous ont quitté cette année. De ceux que nous aimions, que nous aimons toujours, mais que nous ne voyons plus, n'entendons plus, ne touchons plus. Au cours de cette messe nous faisons mémoire de leur présence parmi nous toutes les années que nous avons vécues avec eux, mais nous voulons aussi, et peut-être d'abord, célébrer le Christ, Jésus. Il a connu la mort, lui aussi, et il est ressuscité. Et c'est à cause de cette résurrection, mystérieuse à nos yeux et à notre intelligence, que nous sommes entrés dans l'espérance pour nous-mêmes et pour nos proches.

           Qu'advient-il de ceux qui nous ont précédés ? Sont-ils vraiment sauvés par Dieu ? Sont-ils définitivement morts à toute vie, ou ont-ils encore un avenir ? L'amour que nous leur portons les atteint-il toujours ? Et eux, peuvent-ils encore nous aimer ? Ces questions, nous nous les posons inévitablement, sans parfois oser en parler à d'autres.

 

          Le livre de la Sagesse, dans la première lecture, nous offre un chemin de confiance. « Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. » Voilà que Dieu lui-même, par sa Parole, vient répondre à nos questions, en se dévoilant. Il est celui qui a pitié de tous les hommes. Tous. Les mots sont choisis, ils ont leur poids de sens : aucun de ceux que nous avons perdu, aucun de nous n'échappe a la pitié de Dieu, à sa présence de bonté et d'amour. Plus encore, le livre continue : « Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu'ils se convertissent. Tu aimes tout ce qui existe... tu épargnes tous les êtres parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie, toi dont le souffle impérissable anime tous les êtres... » Et notre vie ne dépend plus uniquement du biologique, de la matière qui, elle, s'éteint. Notre vie prend un sens nouveau dans la bonté de Dieu, dans l'amour infini du Père, dans son souffle éternel, « impérissable » – celui que l'on appelle aussi l'Esprit. Elle prend une ampleur inattendue, une profondeur et une hauteur que nous pressentons mais que nous n'osons pas toujours imaginer à ce point. Notre vie nous échappe, nous n'en sommes plus propriétaires, en même temps que nous en sommes responsables. Elle grandi dans le regard de Dieu et grâce à lui, dans la dimension d'un amour absolu et infini que rien n'arrête, ni le péché, ni la haine, ni l'oublie, ni la mort.

 

          C'est l'expérience que vit Zachée, de son vivant, dans l'évangile. Ce publicain, collecteur d'impôt, rejeté des religieux, soupçonné de collaboration avec l'occupant romain, est comme nous : lui aussi se pose des questions. Sur sa vie et le sens de sa vie, sur Dieu et ce qu'il peut être aux yeux de Dieu. Sur ce Jésus dont il entend parler autour de lui sans trop savoir qu'en penser. Il cherche à voir, à savoir... Mais il est pris de court, et c'est Jésus qui pose son regard sur lui. Un regard qui vient du bas, qui vient de l'en-bas : du bas de l'arbre et du fond de la vie de Zachée. Le regard de Dieu n'est pas un regard qui écrase, mais qui élève, qui grandit celui qui est regardé. Dieu ne te regarde pas de haut : il lève les yeux sur toi. Et vient la parole, qui n'est pas invitation, mais ordre, fait d'autorité dans une douceur extrême : « Descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. » C'est là, en toi, où tu habites et en ce qui t'habite, que Dieu, la vie de Dieu, la bonté de Dieu vient te rejoindre. Cette rencontre intime ne se déroule pas au ciel quand on est mort, même si le passage de la Pâques nous ouvre, et c'est notre espérance, à un face à face éternel avec le Père. Mais cette rencontre se déroule déjà ici, maintenant, « aujourd'hui ». Et c'est « aujourd'hui » que « le salut est arrivé pour cette maison », c'est « aujourd'hui » que le Seigneur de Vie prend pitié de toi et te donne son « souffle impérissable » qui relève les êtres.

 

         Ainsi, nous vivons déjà en notre aujourd'hui l'expérience que ceux qui nous ont précédés et qui sont relevés d'entre les morts vivent de façon entière. Et notre communion avec eux ce trouve là : non pas uniquement dans nos souvenirs, ce qui permet de garder quelques traces un moment, mais s'évanouit avec le temps ; non pas dans des théories plus ou moins complexes ; pas, non plus, dans l'attente plus ou moins longue d'une fin des temps ou d'une venue du Christ (Saint Paul nous averti : « au sujet de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si l'on nous attribue une parole prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer »). Notre communion avec ceux qui nous ont précédés se trouve déjà dans cette expérience que nous pouvons vivre de la rencontre avec le Dieu de vie et de pardon qui offre son salut aux vivant et aux morts. C'est cette expérience, vécue au plus intime de nous-mêmes d'un appel de Dieu à vivre d'une vie plus grande et plus belle que ce que nous en voyons, qui nourrit notre foi et notre espérance, qui apaise nos tristesses, sèche nos larmes et nous donne la paix.

           Et commencent alors à se dessiner en nous des réponses aux questions que nous nous posions. Non, notre vie dans l'amour infini de Dieu ne peut s'arrêter. Non, la miséricorde infinie de Dieu ne peut laisser tomber aucun homme. Oui, l'amour traverse toutes les barrières et toutes les frontières, même celle de la mort, et nous lie les uns aux autres par-delà nos expériences sensibles. Et nous voilà unis d'abord en Dieu, le Dieu des vivants sur la terre et dans les cieux. En ce Dieu qui ne cesse de venir nous chercher, de prendre pitié et de pardonner, de reprendre et de sauver. Ce Dieu « qui peut tout » (Sg). En lui, nous avons mis toute notre espérance.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre de la Sagesse 11,23-26.12,1-2.
Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu'ils se convertissent.
Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n'as de répulsion envers aucune de tes œuvres, car tu n'aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui.
Et comment aurait-il subsisté, si tu ne l'avais pas voulu ? Comment aurait-il conservé l'existence, si tu ne l'y avais pas appelé ?
Mais tu épargnes tous les êtres, parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie,
toi dont le souffle impérissable anime tous les êtres.
Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu'ils se détournent du mal, et qu'ils puissent croire en toi, Seigneur.


Psaume 145(144),1-2.8-9.10-11.13cd-14.
Je t'exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d'amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu'il dit,
fidèle en tout ce qu'il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 1,11-12.2,1-2.
Frères, nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous trouve dignes de l'appel qu'il vous a adressé ; par sa puissance, qu'il vous donne d'accomplir tout le bien que vous désirez, et qu'il rende active votre foi.
Ainsi, notre Seigneur Jésus aura sa gloire en vous, et vous en lui ; voilà ce que nous réserve la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ.
Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui :
si l'on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 19,1-10.
Jésus traversait la ville de Jéricho.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d'impôts, et c'était quelqu'un de riche.
Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n'y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l'interpella : « Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. »
Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. »
Mais Zachée, s'avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham.
En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 11:00

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           En y réfléchissant un peu, la solennité de la Toussaint est une solennité bien singulière, et ce, pour deux raisons. Quand on fait le tour des autres solennités fêtées dans l'année, on trouve, dans le désordre : Pâques, Noël, la Pentecôte, l'Ascension, l'Assomption de la Vierge, l'Annonciation, la Sainte Trinité, Christ Roi, etc. Autrement dit, ce sont toujours des fêtes qui font référence à une personne divine (le Christ, l'Esprit) ou à la Vierge Marie. A la rigueur, pour l'une d'elles, aux plus importants des apôtres, Pierre et Paul. Et c'est la première originalité de la Toussaint : elle ne se rapporte pas à une personne divine ou importante de l'évangile et de l'Eglise, mais à « tous les saints », à une foule innombrable d'hommes et de femmes, connus et inconnus, décédés ou encore en vie... et pourquoi pas à nous aussi, à nos contemporains, à tous ceux qui veulent suivre le Christ, et même au-delà... Voilà une fête de l’Église qui ne fête pas quelqu'un en particulier, mais le plus grand nombre, toute l'humanité, pourrait-on dire. Première originalité.

           La seconde, c'est que les fêtes célèbrent ou remémorent en général un événement repérable et datable dans la chronologie de notre histoire : une naissance, une mort, une rencontre, un fait particulièrement marquant... Or la fête de la Toussaint nous prend à contre-pied. Elle ne nous invite pas à regarder à partir de là où nous sommes, une date précise vers le passé. Elle nous invite bien plutôt à nous placer dans l'avenir, à la fin des temps et de l'histoire, au le but de la Création. Elle est, dirait-on en théologie, une fête « eschatologique ». Et elle nous propose de regarder notre histoire et notre présent à partir de sa fin. Elle nous emmène au but de notre pèlerinage pour nous aider à saisir notre présent.

           La fin de notre histoire, son but, c'est ce qu'évoquent les auteurs de l'Apocalypse et de la lettre de Saint Jean : c'est notre condition d'enfants de Dieu pleinement révélés. C'est la pleine communion entre nous et avec le Fils de Dieu ressuscité. C'est la claire vision de Dieu dans la lumière aveuglante de son amour. C'est la sainteté. A tous ceux qui ont peur de l'avenir ou qui ne voit pas de futur serein, il faut leur parler de la fête de la Toussaint : elle nous dit le but de notre vie, dans un double mouvement d'aspiration : l'aspiration de l'homme et l'aspiration de Dieu.

           Car n'est-ce pas à cette communion, à cette révélation, à ce plein amour qu'aspire tout homme au tréfonds de lui-même ? N'est-ce pas cela qui habite l'intime de ton cœur, le plus fort de tes désirs ? Et as-tu déjà réalisé que ton voisin, ton conjoint, ton enfant, ton collègue, ton patron, ton employé, ton commerçant, ton guichetier administratif... a en lui cette même aspiration ? Cette même soif de bonheur et de liberté dont parle cette superbe page d'évangile : « Heureux les pauvres de cœurs, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux les miséricordieux, les artisans de paix »... Bien au-delà de tous les bonheurs consuméristes qu'on nous propose et auxquels on succombe, bien plus fort que tous les orgueils mal placés, les calculs et les stratégies que nous mettons en place, il y a au plus profond de nous une insatisfaction qui trouve en ces béatitudes une lumière de vérité. L'homme aspire à ce bonheur, à cette fin de communion et de paix, une communion et une paix qui ne se construisent durablement et solidement, nous le pressentons, que dans la dynamique des béatitudes de l'Evangile. Là est la vraie vérité de notre vie, le but et la recherche de notre existence, peut-être aussi le combat qui se présente à toutes nos résistances.

           La deuxième aspiration est celle de Dieu lui-même. Non pas seulement au sens d'un désir intérieur divin, ce qui est sûrement vrai, mais aussi au sens de l'aspirateur ! Je veux oser dire que Dieu nous « aspire » vers ce but, cette fin qu'il nous promet et qu'il veut pour nous. Il nous y aspire non pas en contraignant notre liberté et nos choix, mais par amour. Par sa tendresse. Sa miséricorde. Son infinie patience devant nos avancées et nos reculs. Nos pas de côtés. Notre péché, nos divisions et nos refus... « Voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblé », disait Saint Jean. Cet amour est si grand qu'il nous attire bien au-delà de nos réticences, qui va jusqu'au pardon, et encore au pardon, et encore au pardon... Cet amour si grand qu'il a pris chair en Jésus-Christ pour vivre en notre humanité ces béatitudes et nous montrer que cela était possible. Non seulement possible, mais heureux et vrai. Car cette page n'est-elle pas un portrait de Jésus ? C'est par lui, en nous présentant Jésus sur notre chemin, que Dieu nous aspire dans son projet. Bien plus, par Jésus, Dieu réalise déjà en nous ce projet («  dès maintenant nous sommes enfants de Dieu », 1Jn 1, 2) et nous aspire à lui dans l'événement de mort et résurrection, de recréation du monde.

           C'est la rencontre de ce double mouvement d'aspiration, de l'homme vers Dieu et de l'homme par Dieu, dont ceux que l'on appelle « saints » sont témoins. Mais cette sainteté n'appartient pas à quelques-uns, aussi nombreux soient-ils. Elle appartient à Dieu, le Seul Saint, qui en fait partager l'homme, tout homme, tous les hommes, dans sa volonté de sauver non pas individuellement quelques-uns, mais toute l'humanité dans tous les liens tissés. Et nous aussi.

 

           En s'adressant à nous, en parlant d'abord de nous et non pas de quelqu'un d'autre ou d'un événement, cette fête de la Toussaint réveille en nous ce qu'il y a de plus profond. Elle nous oblige à faire le point de où nous en sommes sur notre route, comment nous faisons droit à nos désirs les plus profonds, comment nous mettons en pratique ces béatitudes et cette liberté intérieure, et comment nous nous laissons attirer par Dieu en son Fils Jésus. Elle nous encourage à aller de l'avant, sûrs de la présence aimante de Dieu. Elle nous oblige à la conversion intérieure et aussi à la construction dès aujourd'hui d'une humanité nouvelle, à travers tous les liens de justice et de fraternité créés. Elle nous invite à vivre dès maintenant dans la simplicité et la communion, dans la sainteté qui est attention les uns aux autres et enracinement dans la confiance en Dieu.

 

          Que cette fête de Toussaint suscite en nous des forces neuves pour grandir ensemble et réaliser, déjà ici-bas, le Royaume des cieux, Royaume de paix et de joie.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre de l'Apocalypse 7,2-4.9-14.
Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de dévaster la terre et la mer :
« Ne dévastez pas la terre, ni la mer, ni les arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. »
Et j'entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d'Israël.
Après cela, j'ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l'Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main.
Et ils proclamaient d'une voix forte : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l'Agneau ! »
Tous les anges qui se tenaient en cercle autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le Trône, la face contre terre, pour adorer Dieu.
Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
L'un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ? »
Je lui répondis : « C'est toi qui le sais, mon seigneur. » Il reprit : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau.


Psaume 24(23),1-2.3-4ab.5-6.
Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C'est lui qui l'a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !



Première lettre de saint Jean 3,1-3.
Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu'il n'a pas découvert Dieu.
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est.
Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,1-12a.
Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent.
Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 11:00

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           Lors de la préparation de la célébration d'un mariage, il peut y avoir des moments un peu tendus. L'un d'entre eux, souvent, est celui où le couple doit écrire des intentions de prière universelle. Que faire ? Quoi écrire ? Comment prier ? Comment dire des choses ? A qui parler ? Nous voilà face à une opération un peu compliquée. Parce que qu'il n'est pas facile de prier, encore moins en public, et peut-être encore moins le jour de son mariage. Il faut alors faire preuve de pédagogie : « Pour qui aimeriez-vous prier ? Que voulez-vous dire à Dieu pour cette personne ? Un pardon ? Un merci ? Une demande ? » Et petit à petit, à force d'échanges, la prière prend forme.

Ces moments de tensions disent bien combien la prière n'est pas si facile que ça. Et si elle peut être d'action de grâce ou de louange, la liturgie aujourd'hui porte notre regard sur la prière de demande. Peut-être celle que, finalement, nous adressons le plus spontanément. Elle est la prière qui monte du cœur quand vient une épreuve, une mauvaise passe, une difficulté. Quand on est au pied du mur, quand on ne sait plus ni comment ni quoi faire, quand on cherche de l'aide. Alors on se tourne vers Dieu comme vers un dernier recours : « Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur », crie le psalmiste. C'est ce que vit le peuple d'Israël dans le livre de l'Exode, qui se voit attaqué par les Amalécites. C'est l'expérience de la veuve dans l'évangile qui veut qu'on lui rende justice. C'est notre expérience, à tous, quelque soit notre âge ou notre situation, peut-être même notre foi ! Ces moments que nous n'arrivons plus à traverser seuls nous obligent à nous tourner vers un autre, plus grand (nous l'espérons) et plus fort.

           Le passage du livre de l'Exode que nous venons d'entendre développe cette prière de demande et nous offre presque un modèle à suivre pour vivre les combats qui sont les nôtres. Car si nous ne sommes pas attaqués par les Amalécites, d'autres combats, peut-être plus intérieurs, nous assaillent parfois. Pour gagner ces combats inévitables en toute vie, trois dimensions se conjuguent. D'abord, la force personnelle, la volonté. Le peuple d'Israël ne veut pas se laisser abattre. Il prend les armes et se lance dans la bataille. Rien ne sera possible si l'on ne prend pas son courage à deux mains pour s'attaquer résolument à l'ennemi. Mais rien n'est possible sans l'aide de Dieu et la prière. Alors que Josué combat dans la plaine, Moïse intercède auprès de Dieu les bras levés au ciel : de même que Dieu ne fera pas sans l'homme, l'homme ne gagnera pas sans Dieu. Il est celui qui donne la force et le courage, sa présence (et donc notre tenue en sa présence, notamment dans la prière) nous est indispensable. Enfin, Josué prends avec lui des hommes pour le combat, et Moïse a besoin d'Aaron et de Hour pour lui tenir les bras : pas de possibilité de remporter quelconque bataille sans vivre la fraternité. C'est ensemble que Dieu nous sauve, unis les uns aux autres, et non séparément. Belle dimension communautaire, qui peut interroger notre propre vie familiale, amicale, communautaire, paroissiale : vivons-nous la fraternité jusque dans nos combats intérieurs, ou sommes-nous seuls face aux difficultés ? N'y a-t-il pas là une invitation à renforcer toujours d'avantage nos liens et notre attention les uns aux autres, à ne pas passer à côté les uns des autres, à nous soutenir mutuellement ? La prière de demande nous invite à nous engager personnellement et à nous lier les uns les autres, dans une totale confiance en Dieu. Seule la conjugaison de ces trois dimensions peut faire espérer franchir les épreuves et dénouer les situations difficiles.

           Encore faut-il ne pas se décourager. Et c'est la question que pose l'évangile, dans une apparente contradiction : sommes-nous exaucés « sans tarder », ou risquons-nous le découragement à force de demander sans que rien ne se passe ? Ça peut être notre expérience : « Je prie, mais rien ne change. C'est comme si Dieu m'avait oublié. » Mais le temps de Dieu n'est pas le temps de l'homme, et la réponse de Dieu peut aller plus loin que la demande de l'homme. Le temps de la justice dont parle Jésus ne serait-il pas le temps de notre ajustement à la grandeur de l'amour de Dieu ? Non pas le moment où Dieu nous condamne (ce qu'on entend trop souvent dans le mot « justice ») ni même le moment où Dieu nous accorde précisément ce que nous lui avons demandé, mais le moment où notre cœur commence à se lier au cœur de Dieu, notre volonté à la sienne, notre amour au sien... Et si l'exaucement de notre demande nous paraît tarder, nul doute que cet ajustement, cette justice nous est offerte, elle, sans tarder, dans une infinie patience non pas de nous, mais de Dieu envers nous !

           « Infinie patience », « éduquer dans la justice »... voilà des expressions que saint Paul utilise dans sa lettre à Timothée pour parler de la Parole de Dieu, de son importance et de son action. N'est-ce pas en se replongeant sans cesse en cette Parole que notre prière et toute notre vie s'ajuste progressivement au projet de vie que Dieu veut pour nous ? En la recevant non pas comme une parole de morale ou une parole venue de l'histoire, mais pour ce qu'elle est : la Parole de Dieu, parole créatrice et recréatrice, parole de Sagesse et de Vie, toujours actuelle ? Une parole qui vient non seulement « dénoncer le mal et faire des reproches », mais aussi « encourager » et nous sauver de tout mal et de toute mort. En recevant, en méditant, en accueillant la Parole de Dieu, notre prière de demande se fait plus vraie et notre ajustement plus précis. C'est elle qui nous tient dans l'espérance d'un avenir au-delà des combats, et qui nourrit notre foi « jusqu'à ce que le Fils de l'homme vienne ». « Grâce à elle, dit encore saint Paul, l'homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu'il faut pour un bon travail. »

           Que cette Parole, devenue chair en Jésus Christ et pain de l'eucharistie, nourrisse en nous la foi et nous fasse tenir dans l'espérance et la charité. Pour que dans l'Esprit, toute notre vie devienne prière, à la gloire de Dieu le Père.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre de l'Exode 17,8-13.
Le peuple d’Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et l’attaquèrent à Rephidim.
Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort.
Mais les mains de Moïse s'alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu'au coucher du soleil.
Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l'épée.


Psaume 121(120),1-2.3-4.5-6.7-8.
Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël.

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi.
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 3,14-17.4,1-2.
Fils bien-aimé, tu dois en rester à ce qu'on t'a enseigné : tu l'as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l'ont enseigné.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Tous les textes de l'Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ;
grâce à elle, l'homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu'il faut pour faire un bon travail.
Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne :
proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d'instruire.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,1-8.
Jésus disait une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire. '
Longtemps il refusa ; puis il se dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer :
je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête. ' »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice !
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ?
Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

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