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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 12:46

 

images-blog-2-1283.JPG           Ce qui nous réuni ici ce matin, de tous les horizons et de tous les âges, ce ne sont pas des reliques : c'est le Christ. Jésus. C'est lui qui nous a fait sortir du lit, affronter le froid et venir jusqu'ici. Mais ce matin, peut-être, le Christ est passé par Sainte Thérèse, dont nous accueillons les reliques. Étrange pratique, disent certains, une pratique dans laquelle d'autres se retrouvent et qu'elle aide à prier. Tant mieux, parce que c'est le but : le reliquaire n'a pas son but en lui-même, Sainte Thérèse non plus : au contraire, elle a voulu par sa courte vie nous inviter à entrer dans l'amitié avec Jésus sans jamais avoir peur ni de lui, ni de nous.

          Car il nous arrive d'avoir peur de nous, comme dans les textes que nous venons d'entendre. Dans la première lecture, un général est atteint de la lèpre. Dans l'évangile, ce sont dix lépreux que nous croisons. Rappelons-nous ce que signifie avoir la lèpre, cette maladie de la peau et des membres : c'est être dans le péché, c'est être condamné à ne pas pouvoir parler aux gens, à être tenu à distance.

          Il y a les lèpres des personnages de la Bible, et il y a nos lèpres. Ce qu'on cache. Ce dont on a honte. Ce qui nous déshumanise. Ce qui est marqué en nous par le péché... Ce dont on ne peut parler (à tord ou à raison) mais avec quoi il nous faut vivre. La lèpre ronge la peau comme il arrive que des lèpres nous rongent l'existence... à nous rendre, croyons-nous, infréquentables. Ces lèpres, elles sont personnelles, familiales. Mais elles marquent plus largement encore nos structures, nos organisations, nos déséquilibres économiques... Elles rongent l'humanité jusque dans sa dimension collective. Et rien ne semble possible, à vue humaine, pour transformer les choses, pour renverser la donne, pour faire advenir enfin ce que l'on n'attend parfois plus. Qui ne rêve pas d'un monde meilleur, plus simple, plus sain, sans savoir par quel bout commencer, quel levier manœuvrer ? Qui ne ressent pas ce sentiment d'impuissance devant ces lèpres si multiples ?

Mais le Christ lui-même s'approche. Il fait le chemin, « marchant vers Jérusalem », à travers nos Samaries et nos Galilées, nos terres étrangères et nos terres païennes, et nous rejoint. Et c'est là, devant nous, en nous, qu'il vient manifester sa puissance de vie, la puissance du Dieu d'Israël. Ce qui était mort est vivant, ce qui était pourri est rendu pur, ce qui était voué à être rejeté est réhabilité. Merveilleuse puissance de résurrection et de pardon, de guérison et de relèvement. Si nous savons l'accueillir, peut-être même la demander : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »

C'est l'expérience que découvre et partage Sainte Thérèse. Elle qui voulait devenir sainte mais se lamentait de ne pouvoir faire de grandes choses (on croit toujours qu'il faut faire des choses extraordinaires pour devenir saint), a découvert qu'il suffisait de se laisser rejoindre par Dieu dans sa petitesse, pour le laisser la sauver, lui donner sa vie, la pardonner et la faire vivre avec Lui.

 

          C'est l'expérience que font aussi les dix lépreux dans l'évangile. Pourtant, un seul revient sur ses pas pour rendre grâce à Jésus et rendre gloire à Dieu. Et après tout, peu importe le nombre, le ratio. Nous comptons, mais Dieu ne compte pas : il donne, il offre son salut et sa force. Peu importe le nombre, c'est le geste de celui qui revient qui est important. Il a découvert un trésor, Le trésor : Jésus-Christ. « Il est ressuscité d'entre les morts, voilà mon Évangile », clame saint Paul depuis sa prison, « enchaîné comme un malfaiteur. » « Mais on n'enchaîne pas la parole de Dieu ! » Elle traverse les murs de pierres et les murs de chairs. Elle se fraye un chemin par les interstices de nos fêlures. Elle vient guérir en nous ce qui est blessé, pourvu que nous acceptions de la laisser passer.

           Et notre vie peut en être transformée. Sauvée, même. Transfigurée. Renouvelée. Comment, dès lors, ne pas, avec l'ancien lépreux, revenir à Jésus et lui rendre gloire ? Comment ne pas crier autour de nous la puissance de Dieu, sa douceur et sa miséricorde ?

Lorsque j'étais jeune, on m'avait donné une image qui m'a accompagné très longtemps et qui m'a beaucoup interrogé. Sur cette photo d'une jeune fille en méditation dans la lumière, une phrase : « Proclame ce que tu as reçu ». Ne serait-ce pas là le sens de notre mission de disciples du Christ - c'est-à-dire avant tout de gens qui ont été touchés dans leur profondeur par la puissance du Christ - ? Souviens-toi de ce que tu as reçu. De vie. De présence. De soutien. De force. Et proclame-le !

 

          En ce premier jour de la semaine missionnaire, il est bon de nous rappeler d'une part que nous sommes tous missionnaires, et d'autre part ce qu'est la mission aujourd'hui. Si, en des temps lointains mais qui ont marqué notre imaginaire collectif, la mission était perçue comme l'évangélisation à coup de violence parfois des peuples isolés de l'emprise de la chrétienté, la situation d'aujourd'hui est toute autre. Bien au contraire de la violence et de la force, c'est d'un baume de tendresse et de pardon que l'homme de notre temps a besoin. Non pas pour accepter tout ce qui se vit, mais pour rappeler la tendresse et le pardon de Dieu qui nous invite toujours et inlassablement à la conversion des cœurs et des vies. C'est à la fraternité que nous vivons entre nous et avec ceux que nous rencontrons, que notre Dieu sera reconnu comme le vrai Dieu. C'est parce que nous serons capables peut-être pas de guérir, mais au moins d'aimer, au nom de Jésus Christ et de son Évangile, ceux qui sont malades de nos lèpres humaines, que l'homme entendra l'appel qui lui est lancé, à faire de toute sa vie une action de grâce à la louange de Dieu. Ce n'est pas de missionnaires arrogants et sûrs de leur doctrine, dont notre monde a besoin, mais d'hommes et de femmes qui se savent aimés de Dieu bien au-delà de leurs mérites, et qui savent vivre de cet amour à travers les liens simples et fraternels du quotidien – sûrement Sainte Thérèse et son expérience de sa vie au Carmel peut-elle nous apprendre beaucoup de choses en ce domaine.

 

           Vraiment, le Christ ne regarde pas nos mérites religieux ou nos conformités à la règle: ce ne sont que des étrangers qui sont guéris...  Il vient regarder le corps du lépreux, le cœur de tout homme. Et son simple regard, sa simple parole nous relèvent. Et tout homme est invité par Dieu à entrer dans ce mystère d'amour et de relèvement. C'est de cette Bonne Nouvelle que nous devenons porteurs et que nous pouvons transmettre à notre tour, autant que recevoir des autres. Pour que de tous les horizons et même par quelques voix seulement, une seule clameur monte vers le Père, pour que de toutes les nations on rende gloire à Dieu, pour que toute notre humanité devienne action de grâce, eucharistie à la gloire du Père. C'est la mission de notre Église, dans le mystère de notre humanité déjà sauvée.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 

 

 


Deuxième livre des Rois 5,14-17.
Le général syrien Naaman, qui était lépreux descendit jusqu'au Jourdain et s'y plongea sept fois, pour obéir à l'ordre d'Élisée ; alors sa chair redevint semblable à celle d'un petit enfant : il était purifié !
Il retourna chez l'homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Je le sais désormais : il n'y a pas d'autre Dieu, sur toute la terre, que celui d'Israël ! Je t'en prie, accepte un présent de ton serviteur. »
Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n'accepterai rien. » Naaman le pressa d'accepter, mais il refusa.
Naaman dit alors : « Puisque c'est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d'autres dieux qu'au Seigneur Dieu d'Israël. »


Psaume 98(97),1.2-3ab.3cd-4a.6b.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
acclamez votre roi, le Seigneur !



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 2,8-13.
Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d'entre les morts, voilà mon Évangile.
C'est pour lui que je souffre, jusqu'à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n'enchaîne pas la parole de Dieu !
C'est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu'ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus Christ, avec la gloire éternelle.
Voici une parole sûre : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons.
Si nous supportons l'épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera.
Si nous sommes infidèles, lui, il restera fidèle, car il ne peut se rejeter lui-même.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17,11-19.
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n'ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n'y a que cet étranger ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 11:00

augmente-en-nous-la-foi-copie-1.jpg           « Ah... si j'avais la foi ! », entend-on parfois. Et l'on se prend à se comparer avec tel ou tel dont on envie la foi. Une foi qu'il faudrait d'ailleurs définir : dans ce langage courant, de quoi parle-t-on ? de la piété, la charité, l'abandon de la personne, la connaissance qu'on a de Dieu ou de la religion, la confiance... ? « Quel est le niveau de foi des gens que nous rencontrons ?, où en sont-ils dans leur foi ? », entend-on parfois dire par des chrétiens investis dans leur Église, et qui, en partant d'une bonne intention, celle de se mettre au niveau de leur interlocuteur, risque de prendre en fait un air de supériorité. Et l'on se prend nous-mêmes à rêver d'avoir plus de foi, jusqu'à « transporter les montagnes », dit l'expression. « Augmente en nous la foi », demandent les apôtres à Jésus, dans une belle demande d'hommes qui veulent s'en remettre toujours davantage à la volonté de Dieu. Même le pape, lors de son arrivée aux JMJ à Rio, remerciait les jeunes en leur disant que leur présence affermissait et confortait sa foi ! Le pape lui-même chercherait donc plus de foi ! Peut-être est-ce comme le salaire : une enquête il y a quelques années montrait que tout le monde souhaitait gagner plus d'argent, la fourchette se situant autour de 10% de son salaire, et ce quelque soit le salaire de départ ! On en veut un peut plus, sans abuser...

           Or de salaire, il n'y en aura point, répond Jésus. Pas plus que de remerciements. « Dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir.' » Des serviteurs, sans titre ni gloire, sans statut ni autre identité que celle d'être serviteurs, mais avec la joie du devoir accompli, du service rendu.

           Car le risque, à vouloir toujours un peu plus, est d'en rester à d'éternelles lamentations, telles celles que le prophète Habacuc déclame. On les connaît, ces lamentations, et nous avons les nôtres. Comme le prophète, nous crions même contre Dieu : « Combien de temps, Seigneur, vais-je t'appeler au secours, et tu n'entends pas ! » Elles ne font en général que nous fatiguer et nous renfermer sur nous-mêmes, sans nécessairement ouvrir les horizons et trouver les solutions à nos problèmes.

           Alors que nous faut-il chercher : avoir un peu davantage de foi, ou vivre toute sa vie dans le souffle de l'Esprit, dans une réponse à l'appel de Dieu qui passe par le Christ et te rejoint là où tu es, et là où tu en es ?

C'est peut-être là l'invitation que nous lance Dieu lui-même dans la parole de saint Paul : vivre chaque jour de façon nouvelle. « Tu es le dépositaire de l’Évangile ». Quelle parole de foi de la part de Dieu, et d'espérance en l'homme ! Quelle confiance amoureuse !

           « Tu es le dépositaire de l’Évangile ». Toi. Avec ton poids du quotidien, de péché, de doute, de questions, de joies, d'espoir, de confiance... « Tu es le dépositaire de l’Évangile » par ta vie, dans la confiance d'un Dieu qui te connaît et qui connaît tes limites, mais continue de te faire confiance.

          Fais de ta vie le livre vivant de l’Évangile : de la résurrection du Christ, de la lumière pour les hommes, de la miséricorde et de la tendresse de Dieu !

Non pas avec un sac de cendres sur la tête et en faisant grise mine, mais en vivant de l'Esprit que tu as reçu : « un esprit de force, d'amour et de raison ». Te rends-tu compte que tu es le livre ouvert de l’Évangile pour les hommes qui te croisent et te connaissent ? Livre de l'espérance et de la joie, du pardon et de la compassion, de la liberté et de la confiance !

           Et quel autre salaire demander que l'amour de Dieu qui nous est déjà donné en plénitude, que la confiance qu'il nous fait en nous communicant son Évangile à vivre et à témoigner ? Quelle joie pourrait surpasser celle de savoir que nous vivons dans cet amour divin qui nous reconnaît tels que nous sommes et nous invite à prendre notre part du service de l'humanité ? « Dans ton amour inépuisable, Dieu éternel et tout-puissant, tu combles ceux qui t'implorent, bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta miséricorde en délivrant notre conscience de ce qui l'inquiète et en donnant plus que nous n'osons demander », disait tout à l'heure la magnifique prière d'introduction.

 

           Clémence va recevoir le baptême du Christ. Elle va, par ce baptême, recevoir la foi de l’Église que nous allons professer ensemble. Mais cette foi n'est pas une récitation. Elle n'est pas un beau texte sur Dieu que nous nous transmettons de génération en génération ou que des « dames caté » apprennent à des petits enfants. Clémence va recevoir le don de la foi, mais elle n'aura jamais la foi. Car la foi est un chemin qu'elle aura à creuser et à tracer, seule et avec d'autres, en Église. Une foi qui est jaillissement d'une relation avec Dieu, relation unique et vitale. Elle est une aventure humaine à vivre main dans la main avec Dieu, dans la liberté du souffle de l'Esprit, en solidarité avec tous nos frères humains. Par son baptême, Clémence ne devient pas d'abord porteuse d'une foi ou d'un message, mais porteuse d'un messager, le Christ. Elle devient, comme chacun de nous, et dans le mystère de son humanité et de son avenir, dépositaire de cette Bonne Nouvelle de résurrection pour tous les hommes.

 

           Que le don de l'Esprit que Clémence va recevoir réveille celui que nous avons nous-mêmes reçu quand on nous a imposé les mains. Ce n'est pas un esprit de peur, mais un esprit de vie, de confiance et de joie que nous avons reçu.

           Avec elle, entrons dans cette joie des serviteurs de Dieu.

           Amen.

 

P. Benoît Lecomte

 


Livre d'Habacuc 1,2-3.2,2-4.
Combien de temps, Seigneur, vais-je t'appeler au secours, et tu n'entends pas, crier contre la violence, et tu ne délivres pas !
Pourquoi m'obliges-tu à voir l'abomination et restes-tu à regarder notre misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent.
Alors le Seigneur me répondit : Tu vas mettre par écrit la vision, bien clairement sur des tablettes, pour qu'on puisse la lire couramment.
Cette vision se réalisera, mais seulement au temps fixé ; elle tend vers son accomplissement, elle ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, à son heure.
Celui qui est insolent n'a pas l'âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité.


Psaume 95(94),1-2.6-7ab.7d-8a.9.
Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu'à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu'il conduit.

Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m'ont tenté et provoqué,  
et pourtant ils avaient vu mon exploit.  



Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 1,6-8.13-14.
Fils bien-aimé, je te rappelle que tu dois réveiller en toi le don de Dieu que tu as reçu quand je t'ai imposé les mains.
Car ce n'est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de raison.
N'aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n'aie pas honte de moi, qui suis en prison à cause de lui ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part de souffrance pour l'annonce de l'Évangile.
Règle ta doctrine sur l'enseignement solide que tu as reçu de moi, dans la foi et dans l'amour que nous avons en Jésus Christ.
Tu es le dépositaire de l'Évangile ; garde-le dans toute sa pureté, grâce à l'Esprit Saint qui habite en nous.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17,5-10.
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait.
« Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : 'Viens vite à table' ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : 'Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour. '
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' »

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 18:30

 

circus.jpg

          Le Père Edouardo m'a accueilli à Passos, au Brésil, lors des JMJ, pendant la semaine avant Rio. En me faisant visiter sa paroisse, une paroisse populaire de la ville, il me racontait son bonheur d'être prêtre en ce lieu, au milieu des pauvres. Il y trouvait, disait-il, une très grande foi. Je lui ai alors demandé si pour lui, foi et pauvreté étaient liées. Ce à quoi il a acquiescé vigoureusement. Pour résumer son discours, « plus il y a de pauvres, plus il y a de foi »... Si l'on peut faire de beaux développements spirituels d'une telle affirmation, je l'ai pourtant trouvée inquiétante. Inquiétante, parce qu'elle pourrait encourager à la pauvreté synonyme de misère (culturelle, sociale, économique) telle que je la voyais dans ce quartier. Inquiétante, parce qu'alors les hommes d’Église, en l'occurrence cultivés et riches, deviennent de grands seigneurs et peuvent imposer leur supériorité sur les gens. On ne peut se résoudre à souhaiter la pauvreté.

On ne peut accepter que des fossés se creusent entre les riches et les pauvres. Et revient à ma mémoire cette image insupportable, encore du Brésil, du Centre-Ville de Sao Paulo : un centre ultra moderne, des hommes et des femmes affairés, et un parterre de mendiants, de sacs de couchages et de tentes de fortune jonchant les trottoirs et les places. « Un grand abîme » existe bien entre les hommes, là-bas, et ici chez nous, même si nous essayons de le cacher un peu plus. Mais ce n'est pas Dieu qui a créé ce grand abîme. C'est l'homme. Et nous ne pouvons souhaiter ni la pauvreté synonyme de misère, ni la richesse synonyme d'enfermement.

           Car peut-être cette parabole de Jésus n'est-elle pas tant sur la pauvreté et la richesse, ni même sur la vie présente et la vie future, que sur l'ouverture et l'enfermement. Et la situation de l'homme riche et de Lazare après leur mort ne fait que révéler ce qu'ils vivaient déjà chacun avant leur mort : l'un, sans nom, est enfermé dans ses richesses et ses festins, vautré dans son luxe, tel ceux que dénonçait déjà le prophète Amos en son temps. Il a idolâtré son confort et sa fortune et n'a plus d'yeux que pour eux. Malgré son bien-être apparent, il est enfermé derrière son portail, en enfer. L'autre est quelqu'un, il a un nom, Lazare. Un nom par lequel Abraham l'appelle, par lequel il peut être en relation. Il a des yeux ouverts et la faim qui le tenaille l'empêche de s'endormir sur lui-même. Il est de l'autre côté du portail : du côté de la liberté, du côté du monde, du côté de l'ouverture.

           Il y en a tant, des enfermements qui nous guettent ! Dans nos vies personnelles ou familiales, professionnelles et associatives. Ne faisons-nous pas le procès des politiques, enfermés dans leurs discours, des médias, enfermés dans leurs procédés, des financiers, enfermés dans leurs logiques... Dans nos communautés chrétiennes aussi. L’Église elle-même n'est-elle pas victime de ses propres enfermements lorsqu'elle se coupe des gens, qu'elle use d'un langage « autoréférentiel », dirait le pape François, qu'elle élabore des organisations, des théologies, des doctrines et des discours incompréhensibles voire inaudibles ? L'enfer n'est pas les autres : c'est nous-mêmes qui nous le créons à force de murs et de portails invisibles que nous fabriquons, qui nous sécurisent, peut-être, et nous font miroiter quelques glorioles ou sagesses, mais qui nous empêchent, petit à petit, de voir le monde et d'accueillir l'autre. Un prédicateur de retraite racontait un jour la confession qu'il avait reçue d'une étudiante. « Je n'ai pas lu le journal Le Monde depuis plusieurs semaines », confessait-elle. Le prêtre lui a alors dit son étonnement en rassurant la jeune fille : ne pas lire ce journal, si prestigieux soit-il, n'était pas un gros péché ! « Je sais, répondit-elle, mais en disant cela, je confesse que je ne me suis pas intéressé à ce qui se passe autour de moi et dans le monde depuis trop longtemps... je me suis enfermée sur mes petites affaires en oubliant les autres »

           « Vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur », dit Paul à Timothée. Entendons pour nous cet appel. Entendons-le au plus creux de nous-mêmes, jusqu'au cœur des profondeurs de nos richesses et de nos enfermements. Ceux que nous nous sommes fabriqués personnellement, et ceux que nous nous sommes fabriqués ensemble. Entendons-le comme la sonnerie d'un réveil qui vient nous tirer du sommeil... et de la mort. Car notre Dieu est le « Dieu qui donne vie à toutes choses », dit encore Saint Paul, à toutes choses, et d'abord à nous. Ouvrons les portails, faisons sauter nos sécurités, mettons notre confiance en Dieu. Devenons des témoins de la douceur et de l'amour, de la bienveillance et de l'espérance. Non pas avec des discours et des belles paroles, comme l'exercice de l'homélie m'oblige à le faire ici, mais par notre vie, notre présence aux autres, notre attention, notre regard et notre compréhension, notre enthousiasme, notre joie de savoir le monde déjà sauvé et de vivre de ce salut !

           « Qu'ils écoutent Moïse et les prophètes ! » lance Abraham au riche qui, d'un coup, se met à se soucier du sort de ses frères. Revenons nous aussi à l'Ecriture, cette Ecriture qui à longueur d'Histoire Sainte nous rappelle l'importance de l'attention aux pauvres et aux petits, à l'ouverture du cœur et du regard, en nous mettant en garde contre la mort qui nous menace toujours, et en nous faisant découvrir et rencontrer le Dieu de toute vie.

           Revenons au Christ, qui accomplit l'Ecriture en descendant « aux enfers », en nos enfermements les plus puissants, et en ressuscitant d'entre les morts, en nous sauvant de toutes nos pauvretés pour nous faire entrer dans sa richesse divine. C'est là qu'est la plénitude de notre humanité, enfin débarrassée de tout ce qui nous encombre.

           En cette eucharistie, c'est Lui qui vient à nous, qui vient ennous pour nous faire vivre de Lui. Alors « notre vie ne sera plus à nous-mêmes, mais à Lui qui est mort et ressuscité pour nous » dira la prière tout à l'heure. A Lui, et pour le monde. Alors nous n'aurons plus rien à posséder, plus rien en possession... Et nous pourrons vivre simplement « dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur », dans la richesse de ceux qui n'ont plus rien à eux, mais que le Christ a pleinement accomplis, vivant du Dieu-toute-Ouverture.

           Amen.

P. Benoît Lecomte


 

Livre d'Amos 6,1a.4-7.
Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie.
Couchés sur des lits d'ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres ;
ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ;
ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d'Israël !
C'est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n'existera plus.


Psaume 146(145),5a.6c.7ab.7c-8.9-10a.
Heureux qui s'appuie sur le Dieu de Jacob,
qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu,
Heureux qui s'appuie sur le Dieu de Jacob,
qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu,

il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
Le Seigneur délie les enchaînés.  
le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l'étranger,
il soutient la veuve et l'orphelin,
il égare les pas du méchant.
D'âge en âge, le Seigneur régnera !



Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 6,11-16.
Toi, l'homme de Dieu, cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur.
Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle ; c'est à elle que tu as été appelé, c'est pour elle que tu as été capable d'une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins.
Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à toutes choses, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une si belle affirmation, voici ce que je t'ordonne :
Garde le commandement du Seigneur, en demeurant irréprochable et droit jusqu'au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ.
Celui qui fera paraître le Christ au temps fixé, c'est le Souverain unique et bienheureux, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs,
le seul qui possède l'immortalité, lui qui habite la lumière inaccessible, lui que personne n'a jamais vu, et que personne ne peut voir. A lui, honneur et puissance éternelle. Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16,19-31.
Jésus disait cette parabole : « Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux.
Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies.
Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui.
Alors il cria : 'Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. -
Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir.
De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. '
Le riche répliqua : 'Eh bien ! père, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père.
J'ai cinq frères : qu'il les avertisse pour qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture ! ’
Abraham lui dit : 'Ils ont Moïse et les Prophètes : qu'ils les écoutent !
Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. '
Abraham répondit : 'S'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus. ' »

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 21:54

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          Paul a été emprisonné. Dans les années 60, à Rome, il attend son procès, sans doute sa mort. Il a perdu sa liberté à cause de son attachement à Jésus, le Christ. Il aura été jusqu'au bout pour annoncer son évangile. Et, étonnement, c'est dans cette situation de privation de liberté qu'il se montre absolument libre. Libre d'une liberté qui vient transformer ses relations, jusqu'à celles du maître et de son esclave. Alors il écrit à son ami Philémon de recueillir chez lui Onésime, esclave dont il a été le maître, et de le reconnaître « comme un frère bien aimé ». Étrange subversion des relations que l'amour pour Jésus provoque en Paul! Superbe liberté intérieure qui naît de cette amitié avec le Christ, que le Christ lui-même vient façonner dans le cœur de Paul !

           Nous ne sommes pas Saint Paul. Et peut-être ne sommes-nous pas prêts à nous faire mettre en prison à cause du Christ. Mais l'expérience décapante et radicale de l'apôtre peut nous aider à saisir la nouveauté de cette page d’Évangile. Car comment ne pas avoir peur de la parole de Jésus aujourd'hui, au risque de la rejeter en bloc pour sauvegarder le confort de nos vies ? Ou a contrario, comment ne pas édulcorer cette parole pour qu'elle nous devienne accessible, au risque d'en perdre sa saveur et son exigence ?

           A la lumière de l'expérience de Paul, entendons l’Évangile comme une invitation à vivre de cette liberté. Non pas à quitter ceux qu'on aime, mais à nous libérer de ce qui nous entrave en devenant – en choisissant, car nous comprenons qu'il s'agit là d'un choix à faire en conscience – de suivre Jésus, d'entrer dans son amitié et de le laisser entrer dans notre vie. Une invitation à nous libérer de nos attaches trop humaines et / ou trop matérielles, de « nos mesquineries et nos pensées chancelantes », disait le livre de la Sagesse, pour entrer dans une sagesse plus grande, même si elle paraît plus folle.

 

           La question est celle de devenir disciple de Jésus. La période de la rentrée est l'occasion de faire des choix (dans nos engagements, nos emplois du temps, nos organisations...). Nous avons envie de nous engager à nouveau, et de placer notre vie dans un chemin que l'on veut chemin de bonheur et de liberté. Peut-être, comme le bâtisseur de la tour ou le roi dans l'évangile, nous arrêtons-nous pour nous asseoir et réfléchir « aux volontés du Seigneur » (Sg) et chercher à répondre au mieux à notre qualité de disciples, que nous découvrons non pas comme un statut mais comme une aventure à reprendre chaque jour. Et il est bon de faire cet exercice de choix – et donc de renoncement -, d'écoute de la parole et du silence de Dieu et de sa volonté. N'est-ce pas déjà laisser Dieu agir en nous et faire œuvre de salut ? Car y aurait-il des différences entre ce que Dieu veut et ce qu'il fait ? Ne fait-il pas ce qu'il veut, à savoir le salut de l'homme ?

           Nous arrêter, nous poser, nous asseoir, cet exercice si difficile à entreprendre au milieu de toutes nos activités et de toutes nos relations, n'est-il pas déjà une façon de le mettre à la première place, ou plutôt de le laisser prendre la première place ? La place la plus fondamentale, la plus profonde, celle qui va irriguer toutes nos relations et toute notre façon de vivre. Et d'entrer avec Lui dans sa grande liberté.

 

           C'est de cela, je crois, qu'il est question quand Jésus demande à le préférer à tout autre. Non pas qu'il nous demande de perdre l'intensité des liens qui peuvent nous unir à nos parents ou à nos enfants ! Ce serait incompréhensible de sa part ! Mais de le laisser intervenir jusque dans nos relations les plus intimes et les plus ordinaires pour que la puissance de son amour vienne nourrir toutes ces relations. Et de quoi aurions-nous peur ? Sa présence ne serait-elle pas puissance de miséricorde et de réconciliation ? Son action ne serait-elle pas libération de tout ce qui nous empêche d'aimer en vérité, de laisser l'autre être l'autre et de devenir vraiment nous-mêmes ? Sa force ne serait-elle pas force de pardon et de vie ? Aurions-nous peur de Lui lorsqu'il vient frapper à la porte de notre intimité ? Notre suite de disciples pourrait-elle ne se contenter que de discours et d'actions politiques ou liturgiques, sans être atteints dans ce que nous avons de plus cher ?

 

           Le Christ s'invite là, au cœur de notre cœur. Pour y faire grandir la liberté des enfants de Dieu. Pour faire jaillir l'étonnement de la nouveauté de la création et de la beauté des hommes. Pour nous redécouvrir les uns les autres sous un jour nouveau, dans l'unicité du regard de Dieu sur chacun. Et pour transformer toutes nos relations en autant de lieux d'épanouissement et de vie. Le mettre en premier nous ouvre à cela : belle invitation pour orienter cette nouvelle année !

 

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 


Livre de la Sagesse 9,13-18.
Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées, chancelantes ;
car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d'argile alourdit notre esprit aux mille pensées.
Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ; qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ?
Et qui aurait connu ta volonté, si tu n'avais pas donné la Sagesse et envoyé d'en haut ton Esprit saint ?
C'est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c'est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés.


Psaume 90(89),3-4.5-6.12-13.14.17abc.
Tu fais retourner l'homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d'Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ;
dès le matin, c'est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains.




Lettre de saint Paul Apôtre à Philémon 1,9b-10.12-17.
Mais je préfère, au nom de la charité, t'adresser une demande : Moi, Paul, qui suis un vieil homme, moi qui suis aujourd'hui en prison à cause du Christ Jésus,
j'ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, dans ma prison, j'ai donné la vie du Christ.
Je te le renvoie, lui qui est une part de moi-même.
Je l'aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu'il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l'Évangile.
Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé.
S'il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c'est peut-être pour que tu le retrouves définitivement,
non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu'un esclave, comme un frère bien-aimé : il l'est vraiment pour moi, il le sera plus encore pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur.
Donc, si tu penses être en communion avec moi, accueille-le comme si c'était moi.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 14,25-33.
De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d'entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s'asseoir pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout ?
Car, s'il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui :
'Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever ! '
Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s'asseoir pour voir s'il peut, avec dix mille hommes, affronter l'autre qui vient l'attaquer avec vingt mille ?
S'il ne le peut pas, il envoie, pendant que l'autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.
De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 21:50

           Aurélien et Lætitia, au fil de toutes nos rencontres en vue de votre mariage, j'ai apprécié entre autres une dimension qui, à mon sens, vous caractérise : la joie. Vous êtes joyeux. Vous avez le sourire, vous éclatez de rire, vous pétillez, vous êtes portés, on le sent, par un élan.

           L'élan de vos vies personnelles, d'abord. Avec ce brin d'insouciance qui pourtant ne vous éloigne pas des réalités concrètes. Cet élan qui t'a donné Romane et Théo, Lætitia. Cet élan qui fait que tu n'as pas eu peur de t'approcher de cette jeune maman et de ses deux enfants, Aurélien. Il y a en vos personnalités un élan joyeux qui se joue des conventions ou des qu'en dira-t-on, et qui vous offre la fraîcheur que l'on vous connaît.

           L'élan de votre couple, aussi. Jusqu'à l'arrivée de Juliette et jusqu'à aujourd'hui encore. L'élan de joie qui vous donne d'être parents et heureux de l'être, d'être entourés d'amis qui aiment venir vous voir, d'être ouverts à ce qui vient, aux événements et aux personnes, et d'accueillir l'aujourd'hui avec confiance.

           Mais cet élan de joie, je le crois, vient de plus loin. Du plus profond de vous, de celui qui est la vraie joie et le vrai bonheur : le Christ, Jésus, celui qui nous révèle le vrai Dieu. Celui qui vous accompagne depuis toujours et qui vous guide dans la liberté de votre conscience et de votre volonté. Celui qui est Tout Amour, tout don d'Amour, et qui vous rempli le cœur et l'existence jusqu'à vous inviter à vous donner l'un à l'autre par amour.

           C'est lui qui est la source de votre amour, et son but. C'est lui qui est l'élan, l'appel primordial, la force, le moteur... : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis, dit Jésus dans l'évangile, afin que vous portiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. »  Ce que Saint Paul reprend dans sa lettre : « Frères, vous avez été choisis par Dieu » ! Rien de moins ! Aurélien et Lætitia, vous avez été choisis par Dieu pour, dans la liberté de son Esprit, vous engager l'un envers l'autre dans le sacrement du mariage.

 

          Le « oui » que vous allez échanger l'un à l'autre dans quelques instants, et qui engage toute votre vie et le tout de votre vie, est un « oui » que vous dites librement aussi à ce Christ, à ce Dieu qui vous a choisi. Qui vous a choisi pour être ses amis, des amis de Dieu, pour vivre avec un cœur plein « de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience » jusque dans le pardon « des reproches à vous faire ». Parce que vous savez bien que si la joie vous caractérise, vous connaîtrez probablement aussi des jours de lamentation et de grisaille, des jours d'orage et de discorde. Ces jours là, revenez à la « parole du Christ qui habite en vous dans toute sa richesse », cette parole qui vous met en joie et vous fait vivre. Cette parole, elle est le « oui » définitif de Dieu à l'homme, dont votre « oui » de chaque jour est l'écho. Il est, Lui, celui qui vous a déjà pardonné et qui est capable, avec une patience et une bonté infinies, de redonner force et vie à l'élan qu'il vous faudra sans cesse fortifier et renouveler.

 

          Et puis le « oui » que vous allez échanger est aussi un oui pour l'humanité. Il est un oui à la vie, alors même que notre monde est frappé par la mort. Il est un oui à l'avenir et à l'espérance, alors même que nos sociétés ont peur du lendemain. Il est le oui du pardon, alors même que la rancune ou la haine paraissent si souvent plus faciles. Il est un oui à l'inconnu, alors même que nous cherchons toujours davantage de sécurités. Il est le oui de « l'amour qui fait l'unité dans la perfection », alors que les divisions traversent notre monde et nous-mêmes. Il est un oui à l’inouï de l'amour de Dieu pour l'homme, alors que tant d'hommes et de femmes se ferment à sa présence. Votre « oui » d'aujourd'hui devient témoignage. Plus, même : force de contradiction. Signe d'une autre monde possible. Ouverture. Il est ce oui nécessaire pour construire une humanité. Il est oui de la confiance indispensable pour que chacun prenne sa part de responsabilité et de dignité dans notre monde.

 

          Il est un oui en Église. Cette Église, rassemblement d'hommes et de femmes chercheurs de Dieu, pas meilleurs que les autres, mais ayant mis leur foi en cet homme, Jésus, mort et ressuscité, et qui veulent témoigner de lui. En Église, revenez à la source originelle de votre élan : « par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu votre reconnaissance », disait Saint Paul. En méditant la Parole de Dieu avec d'autres, en accompagnant vos enfants dans la découverte de la foi des chrétiens, en partageant avec d'autres, à la lumière de l’Évangile, ce que vous vivez et ce que le monde vit... en devenant toujours plus fraternels avec celles et ceux que vous croiserez tout au long de votre route, et qui auront besoin d'un coup de main ou d'une oreille attentive. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, disait encore Jésus. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »

           Autrement dit, vivez avec d'autres la mission que vous acceptez aujourd'hui par le sacrement du mariage. Avec tous ceux qui sont en Église, à commencer par tous ceux qui sont à vos côtés aujourd'hui, dans cette église. Ils sont, nous sommes les témoins de ce que vous voulez vivre : à nous de rester aussi à vos côtés dans les moments de joies et dans les étapes qui seront plus difficiles à franchir, pour que votre projet, entre vous, avec le Christ et pour le monde, aille jusqu'au bout. Il en va de notre responsabilité de témoins et de compagnons, dans la fidélité à l'amitié qui nous lie à vous.

 

           Aurélien et Laetitia, laissez toujours s'exprimer en vous la joie qui vous habite. « Ne brisez pas l'élan de l'Esprit Saint », dit ailleurs Saint Paul. Il est Esprit de liberté et de fidélité, de joie et de bonté, de vie et de paix.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 12:12

 

P. Cyriaque Gbaté (3) portraitCe samedi, c'est le Père Cyriaque Gbaté Doumalo, secrétaire de la conférence épiscopale de Centrafrique en vacances en famille dans notre paroisse, qui a présidé l'eucharistie et prononcé l'homélie.

 

Dans son ministère de la parole, Jésus a beaucoup utilisé la symbolique du Repas pour traduire le royaume des cieux et l’annoncer. On l’a même taxé de glouton et d’ivrogne. Mais cette image propre à toutes les cultures parle plus fort pour évoquer certaines valeurs religieuses. En effet, le repas est le lieu de la rencontre, du partage et de la communion. C’est à l’intérieur du repas pascal juif que Jésus institue l’Eucharistie.

L’eucharistie devient pour nous un repas, un souper comme sacrement de rencontre, de réconciliation et de communion. N’est ce pas que le repas fait frère ? Le repas crée la fraternité et la renforce. C’est le repas qui conclut la réconciliation, les accords de paix et d’alliance. Si donc l’eucharistie est pour nous un repas de fête et d’union, elle anticipe déjà la paix et la joie éternelle. C’est le lieu où se dénouent les inimitiés, où se révèle la vérité en vue du pardon. L’Eucharistie chemin d’humilité, d’abaissement et de paix est donc le lieu de la réinvention d’une société juste et fraternelle.

Chers frères et sœurs en Christ, nous sommes conviés à la table du Seigneur lieu de vivre la convivialité et le partage. Pour vivre et partager ce repas avec lui, nous sommes invités à nous revêtir d’humilité et de douceur. C’est ce à quoi le livre de Ben Sirac fait allusion.

. Cet homme a rencontré des personnes qui avaient des responsabilités importantes. Certains étaient vraiment gonflés d'orgueil : cela pourrissait les meilleures choses jusqu'à la racine ; d'autres agissaient avec patience et douceur. En restant humbles, ils savaient se faire aimer ; cela les rendait plus efficaces. Cette leçon d'humilité n'est pas seulement un bon conseil pour avoir de la considération. L'humilité qui est mise en avant c'est d'abord celle du Seigneur. Ce sont les humbles qui lui rendent gloire. En accomplissant "toute chose avec humilité", on s'accorde au Seigneur lui-même.

C'est un peu ce même message que nous trouvons dans la seconde lecture (Lettre aux Hébreux). L'auteur y parle de la venue de Dieu et de ses manifestations. Autrefois, sur la montagne du Sinaï, ces manifestations étaient visibles : il y avait le feu, les ténèbres, l'ouragan, le son des trompettes. Quand le Christ est venu, rien de tout cela : tout s'est passé dans l'humilité. Cette venue du Christ a été pour les chrétiens le point de départ d'une alliance nouvelle, une relation nouvelle avec Dieu. C'est en Jésus que nous trouvons la source du bonheur au ciel et sur la terre. Nous sommes introduits dans la cité sainte avec les saints et les anges. Tel est l'enseignement de l'auteur de la lettre aux Hébreux.

C'est ce message que nous retrouvons dans le Magnificat de la Vierge Marie : Dieu élève les humbles ; il abaisse les orgueilleux. Dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus nous recommande d'inviter les petits, les pauvres, les exclus. Bien sûr, ils ne peuvent pas rendre l'attention qu'on leur porte. Mais cet amour gratuit et désintéressé ne restera pas sans récompense au jour de la résurrection. Être à la fois sans prétention et désintéressé, c'est le meilleur moyen de gagner le cœur de Dieu et celui des hommes.

Mettons nous sur ce chemin pour accéder au Royaume de Dieu.

          Amen.

Père Cyriaque



Livre de Ben Sirac le Sage 3,17-18.20.28-29.
Mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité, et tu seras aimé plus qu'un bienfaiteur.
Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.
Sa puissance est grande, et les humbles lui rendent gloire.
La condition de l'orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui.
L'homme sensé médite les maximes de la sagesse ; l'idéal du sage, c'est une oreille qui écoute.


Psaume 68(67),4-5ac.6-7ab.10-11.
Les justes sont en fête, ils exultent ;
devant la face de Dieu ils dansent de joie.
Chantez pour Dieu, jouez pour son nom,

Chantez pour Dieu, jouez pour son nom,
frayez la route à celui qui chevauche les nuées.
Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face.

Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face.
Père des orphelins, défenseur des veuves,
tel est Dieu dans sa sainte demeure.

A l'isolé, Dieu accorde une maison ;
aux captifs, il rend la liberté ;
Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse,
et quand il défaillait, toi, tu le soutenais.

Sur les lieux où campait ton troupeau,
tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre.


Lettre aux Hébreux 12,18-19.22-24a.
Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, il n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d’obscurité, de ténèbres, ni d’ouragan,
pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d'Israël demandèrent à ne plus entendre.
Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d'anges en fête
et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection.
Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une Alliance nouvelle, et vers son sang répandu sur les hommes, son sang qui parle plus fort que celui d'Abel.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 14,1a.7-14.
Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et on l'observait.
Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole :
« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu'un de plus important que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : 'Cède-lui ta place',
et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t'a invité, il te dira : 'Mon ami, avance plus haut', et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi.
Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »
Jésus disait aussi à celui qui l'avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t'inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue.
Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ;
et tu seras heureux, parce qu'ils n'ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 10:05

 

etre-sauve.jpg    « Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » demande un passant à Jésus, avec comme une pointe d'inquiétude... Et la réponse de Jésus a de quoi elle aussi nous inquiéter : « la porte est étroite, ceux qui connaissent le Seigneur et qui ont bu et mangé avec lui seront rejetés, il y aura des pleurs et des grincements de dents... », rien de bien rassurant.

     Et voici que remonte à notre mémoire collective la question du salut. « Il faut faire son salut, gagner son paradis », disaient nos anciens. A la force des bras et de la volonté, à force de bonnes actions et de charité bien ordonnée.

     Encore faut-il s'entendre au préalable sur ce qu'est le salut. Loin d'être une notion biblique ou théologique un peu vague, ce mot désigne une réalité existentielle fondamentale pour tout homme, et a fortiori pour tout croyant : la rencontre et la vie avec Dieu. Laissons filer loin de nous les compréhensions de salut comme d'une récompense gagnée au mérite, comme d'un paradis lointain dans l'au-delà... Le salut est actualité de l'aujourd'hui. Il est invitation de chaque instant. Invitation d'un Dieu qui vient à la rencontre de l'homme pour lui proposer de vivre, de s'ouvrir, de l'accueillir, de prendre sa place dans la création, de devenir lui-même, d'aimer. Dans la Bible, la notion de salut est liée à la libération du peuple Hébreux, à la réconciliation entre les peuples et en l'intime de l'homme, à la résurrection et à la vie en plénitude. Libération, réconciliation, résurrection : telle est la proposition que Dieu te fait. Pas demain, aujourd'hui. Dans le quotidien de ta vie, au milieu des contraintes et des joies, des questions et des engagements, des fidélités et des infidélités. Comme une main divine et amicale tendue à chacun.

     « N'y aura-t-il que peu de personnes à pouvoir vivre la rencontre et la vie avec Dieu ? » : voilà la question de la personne de l'évangile.

      Et la réponse de Jésus n'est pas enfermement et restriction, mais au contraire, ouverture. Ouverture de nos esprits et de nos catégories. Ouverture de notre pensée et de notre cœur. Oui, la porte est étroite et beaucoup qui croient profiter du salut vivent en fait dans le rêve d'un salut mérité, passant à côté d'une véritable rencontre avec Dieu.

On a pu dire qu'il fallait être baptisé pour être sauvé. Mais serait-ce suffisant ? Croirions-nous vraiment qu'il suffirait de baptiser Aurèle et Maxence ce matin pour décréter qu'ils sont sauvés ? Comment une action humaine, même divinement inspirée, pourrait ainsi contraindre et l'homme, et Dieu ?

    On a pu dire qu'il fallait bien pratiquer la religion pour être sauvé. Mais combien de générations et de personnes « pratiquent la religion » comme on pratique un sport ou un instrument de musique, oubliant que le culte et la prière sont d'abord des invitations de Dieu faites à l'homme pour le rencontrer et l'aimer davantage, pour lier une amitié toujours plus grande avec le Christ ?

    Il ne s'agit pas de dire que tout cela est inutile ! Mais de comprendre que tout cela est bien insuffisant... ou en tout cas, que s'enfermer dans des pratiques rituelles rassurantes n'aident pas toujours à ouvrir son existence à la présence du Dieu-Amour en nous.

     Dieu offre son salut à plus loin que les seuls baptisés ou les seuls croyants. « On viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu », dit Jésus. Tout homme est invité à vivre dans son aujourd'hui de la présence divine, et à accueillir le salut dans sa vie. Libération, réconciliation, résurrection sont l'offre de Dieu qui dépasse toutes les frontières humaines et religieuses, et rejoint tous les cœurs prêts à l'accueillir.

 

     Reste notre mission d’Église, dans nos quartiers, nos rues, nos familles, nos cercles de relations. Notre état de baptisés ne fait pas de nous des privilégiés du salut, des gens sûrs de leur avenir. Il fait de nous des témoins de ce salut que nous voulons accueillir en nous chaque jour, dans la miséricorde de Dieu. Il fait de nous des signes, comme l'était le peuple élu de la Première Alliance : « Je mettrai un signe au milieu des hommes de toute nation et de toute langue, dit le Seigneur. J'enverrai des rescapés de mon peuple vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n'ont pas entendu parler de moi et qui n'ont pas vu ma gloire : ces messages de mon peuple annonceront ma gloire parmi les nations », proclamait Isaïe.

    Église, nous sommes ce peuple : hommes et femmes pris de toutes les conditions et convoqués par notre Dieu pour être son signe. Et les îles lointaines de notre monde contemporain sont parfois à quelques pas de chez nous : nul besoin de partir au loin ! N'est-ce pas dans la proximité du quotidien, dans l'attention aux plus faibles et aux plus fragiles, dans l'accueil sans condition de tous ceux qui nous entourent... que nous pourrons témoigner du mouvement d'amour de Dieu pour l'homme, et vivre nous-mêmes du salut de Dieu reçu à travers nos prochains ? Le dernier concile définissait l’Église comme  « en quelque sorte, dans le Christ, le sacrement du salut ». Que notre Église, nos communautés, deviennent alors toujours davantage « dans le Christ, sacrement de la rencontre » des hommes entre eux et des hommes avec Dieu. D'une rencontre libératrice, réconciliatrice, d'une rencontre qui fait tomber les peurs et les enfermements pour ouvrir à la communion entre tous. Là est notre mission d’Église : quel bonheur de pouvoir y participer chaque jour pour en transformer notre monde de l'intérieur ! Là est la véritable mission que reçoivent ce matin Aurèle et Maxence, en étant plongé dans la mort et la résurrection du Christ, en devenant membres de son Corps.

 

     Dieu, en Jésus-Christ, propose à chacun de Le rencontrer et de vivre de Lui. Nullement contraint par des systèmes religieux ou des paroles incantatoires, c'est au cœur de chacun qu'il s'adresse. Parole de vie et de liberté, parole d'humanisation et de divinisation. Le salut de Dieu ne prend racine et ne grandit que dans des cœurs disponibles et ouverts, pardonnés et pardonnants. Salut offert à toute l'humanité, que l'Esprit nous invite à reconnaître et à faire reconnaître. Superbe et exigeante mission pour ceux qui se réclament de Jésus ! Mais mission sûrement nécessaire pour que tous puissent rendre grâce à Celui qui nous fait vivre vraiment, en répondant à l'invitation du psalmiste : « Louez le Seigneur tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays ! Son amour s'est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur !»

     Amen.

P. Benoît Lecomte


Livre d'Isaïe 66,18-21.
Parole du Seigneur : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue. Ils viendront et ils verront ma gloire :
je mettrai un signe au milieu d'eux ! J'enverrai des rescapés de mon peuple vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n'ont pas entendu parler de moi et qui n'ont pas vu ma gloire : ces messagers de mon peuple annonceront ma gloire parmi les nations.
Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux ou dans des chariots, en litière, à dos de mulets ou de dromadaires. Ils les conduiront jusqu'à ma montagne sainte, à Jérusalem, comme les fils d'Israël apportent l'offrande, dans des vases purs, au temple du Seigneur.
Et même je prendrai des prêtres et des lévites parmi eux. Parole du Seigneur.


Psaume 117(116),1.2.
Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays !

Son amour envers nous s'est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur !



Lettre aux Hébreux 12,5-7.11-13.
Frères, n’oubliez pas cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches.
Quand le Seigneur aime quelqu'un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu'il reconnaît comme ses fils.
Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ?
Quand on vient de recevoir une leçon, on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. Par contre, quand on s'est repris grâce à la leçon, plus tard, on trouve la paix et l'on devient juste.
C'est pourquoi il est écrit : Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent,
et : Nivelez la piste pour y marcher. Ainsi, celui qui boite ne se tordra pas le pied ; bien plus, il sera guéri.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 13,22-30.
Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant.
Quelqu'un lui demanda : « Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus leur dit :
« Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.
Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : 'Seigneur, ouvre-nous', il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes. '
Alors vous vous mettrez à dire : 'Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. '
Il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. '
Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.
Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 11:00

 

crew-member-of-spring-airlines-talks-with-travelers-onboard.jpg          Vous le savez, j'ai eu la chance d'accompagner des jeunes aux JMJ au Brésil. Avant la semaine à Rio, nous avons passé huit jours à Passos, une ville d'une centaine de milliers d'habitants, dans un diocèse un peu reculé. Là, nous avons pu rencontrer les familles brésiliennes, goûter à leur mode de vie, rentrer dans leurs maisons, partager leur quotidien.

En Amérique Latine, les occidentaux que nous sommes sont toujours étonnés par la place de la religion dans la vie des gens. Dieu est partout : aux murs, dans les dizaines de bibelots de plus ou moins bon goût et que l'on qualifierait ici de « kitsch », dans les voitures, et sur toutes les lèvres. La vision « populaire » de Dieu est celle d'un Dieu qui maîtrise tout de la vie. Pour faire vite, si ce qui nous arrive n'est pas plus grave (et parfois, les situations peuvent être considérées par nous comme gravissimes : maladies, meurtres d'un enfant, drogue, handicape sévère, grande pauvreté...), c'est grâce à Dieu. « Tout va mal, mais grâce à Dieu ça pourrait être pire ! » « Vai com Deus », dit-on pour se dire au-revoir : « vas avec Dieu ». Mais il me semble que ce Dieu omniprésent est aussi déresponsabilisant. Tout vient de Dieu, et nous n'avons pas de pouvoir sur les choses et les événements. C'est un Dieu auquel on est soumis, puisque tout dépend de lui seul. On s’abîme alors en prières, en supplications et en lamentations, et on cherche à s'attirer les faveurs de Dieu en demandant aux prêtres des bénédictions à longueur de temps.

 

           Or le Dieu des chrétiens n'est pas un Dieu auquel on doit se soumettre aveuglément. Il n'est pas un Dieu qui demande la soumission, mais un Dieu qui propose une Alliance ! Une Alliance dans laquelle l'homme est invité à entrer, comme Abraham en son temps. Et on entre dans cette Alliance par la foi (c'est-à-dire la confiance, celle que se font deux êtres qui s'aiment et veulent faire des projets ensemble). Le projet de Dieu n'est pas de faire de l'homme un être soumis, mais un partenaire. Le livre de la Sagesse l'évoquait déjà, en se rappelant que le peuple a été sauvé par Dieu, et qu'il a reçu de lui une mission, celle d'être un peuple prophétique pour toute les nations, jusqu'à « partager aussi bien le meilleur que le pire ».

Bien plus, dans l’Évangile de ce jour, Jésus est clair : Dieu confie la tâche de l'intendance de ces biens à ses serviteurs, à ses amis, à ses proches, à ceux qu'il a choisis ! La relation avec Dieu est loin d'une soumission à une force immaîtrisable! Elle se rapproche bien plus de celle de la gérance d'un grand projet, en l’occurrence le Royaume de Dieu, ou encore la Création toute entière. Cette page d'évangile rappelle le projet initial confié par Dieu à l'homme dans la première page de la Genèse, au jour de la création de l'homme : « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » » (Gn 1, 27-28). L'homme, vous, moi, recevons manifestement une mission divine de gestion de l'univers. Une mission qui nous ouvre, loin d'une soumission, à une confiance et une responsabilité vis-à-vis des autres et vis-à-vis de Dieu.

 

           Encore que cette mission doit être bien comprise. Car dans la traduction utilisée, la Genèse parle encore de « soumettre » la terre et de « dominer ». Certains théologiens traduisent plutôt « stewardship » en anglais, qu'on pourrait traduire par « intendance », comme dans notre page d'évangile (on entend dans le mot « steward », celui de l'avion, qui se met au service des passagers pour leur assurer bien être et sécurité). L'intendance n'est pas domination. Elle est, à cause de la création de l'homme « à l'image de Dieu », elle aussi à l'image de l'attention de Dieu pour l'homme. Autrement dit, cette mission est à vivre de la même façon que le Christ vit sa mission pour les hommes : dans la dimension du service. N'est-il pas celui qui prend lui-même la tenue de serviteur, au soir du jeudi saint, pour laver les pieds de ses disciples en leur demandant de faire de même autour d'eux ? N'est-il pas le maître de maison dans l’Évangile, qui, au retour des noces, prend le tablier pour servir les serviteurs qui l'ont attendu jusque là ? Comme dans un monde à l'envers ! Ne nous habituons pas à ce retournement de situation, il est la révélation de l'identité du Christ vis-à-vis de son Père et vis-à-vis de nous : le Serviteur. Et par-là, aussi, révélation de notre propre mission dans l'existence.

          Alors cette mission reçue de Dieu pour le bien de toute l'humanité n'est pas leadership, domination ou accumulation de biens, mais elle est à la mesure avec laquelle on se fait « une bourse que ne s'use pas, un trésor inépuisable dans les cieux... » Avons-nous toujours conscience d'être d'abord au service des autres, lorsque nous prenons des responsabilités ? Nous souvenons-nous que « ministre » veut dire « serviteur », qu'il soit ministre d'état ou du culte ? Et que nous sommes invités à devenir toujours davantage ministres, serviteurs auprès de nos collègues, enfants, parents, conjoints, amis... ?

 

           Il y a des pages d'évangile que je voudrais ne jamais avoir entendu. Cette page en fait partie. Parce que nous savons maintenant quelle est la « volonté du maître », et que nous ne pouvons donc plus faire comme si nous ne la connaissions pas : ce serait aggraver notre cas ! « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n'en recevra qu'un petit nombre », rappelle Jésus.

 

           Dieu nous aime le premier, d'un amour sponsale qui nous invite aux noces de l'Alliance. Il n'attend pas de nous d'être des gens soumis, ou peureux, ou écrasés – car l'attitude religieuse des Brésiliens peut nous guetter et nous gagner aussi à tout instant-. Au contraire, le Père nous fait vivre de son Esprit. Par son amour, sa présence, sa force de vie et de création, sa résurrection et son pardon, il ne cesse de nous relever pour que nous puissions prendre notre part à la vie du monde, chacun selon ses capacités et ses responsabilités. Dans tous les domaines (humain, social, politique, économique et financier, culturel, religieux, familial...) Voilà qui nous invite à la reconnaissance, dans un mouvement de foi qui ne fait pas nous des êtres soumis, mais qui nous fait nous recevoir nous-mêmes du Christ, pour vivre avec Lui, dans la confiance et la joie de ceux qui sont aimés.

          Amen.

P. Benoît Lecomte

 


 

Livre de la Sagesse 18,6-9.
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d'avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie.
Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis.
En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais pour nous donner ta gloire.
Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.


Psaume 33(32),1.12.18-19.20.22.
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu'il s'est choisie pour domaine !

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,  
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !



Lettre aux Hébreux 11,1-2.8-19.
Frères, la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Et quand l'Écriture rend témoignage aux anciens, c'est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l'appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c'est dans un campement qu'il vivait, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui,
car il attendait la cité qui aurait de vraies fondations, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l'architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d'avoir une descendance parce qu'elle avait pensé que Dieu serait fidèle à sa promesse.
C'est pourquoi, d'un seul homme, déjà marqué par la mort, ont pu naître des hommes aussi nombreux que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer, que personne ne peut compter.
C'est dans la foi qu'ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l'avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs.
Or, parler ainsi, c'est montrer clairement qu'on est à la recherche d'une patrie.
S'ils avaient pensé à celle qu'ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d'y revenir.
En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Et Dieu n'a pas refusé d'être invoqué comme leur Dieu, puisqu'il leur a préparé une cité céleste.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l'épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu'il avait reçu les promesses
et entendu cette parole : C'est d'Isaac que naîtra une descendance qui portera ton nom.
Il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12,32-48.
Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s'use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n'approche pas, où la mite ne ronge pas.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte.
Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour.
S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l'heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s'adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »
Le Seigneur répond : « Quel est donc l'intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ?
Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail.
Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens.
Mais si le même serviteur se dit : 'Mon maître tarde à venir', et s'il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s'enivrer,
son maître viendra le jour où il ne l'attend pas et à l'heure qu'il n'a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n'en recevra qu'un petit nombre. A qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage.

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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 11:00

jmj-copacabana.jpg           Elles nous paraissent légitimes, toutes nos organisations, et surtout celles qui permettent plus de justice ou d'équité. Ils nous paraissent légitimes, tous nos calculs, et surtout ceux qui font que la répartition est plus équitable. Ils nous paraissent légitimes, tous nos désirs, même ceux qui nous orientent vers notre confort personnel : notre maison, notre bien-être, nos vacances, tous ces objets et ces services qui nous facilitent la vie, ou qui nous permettent d'avoir du temps avec nos amis, la famille, etc. Après tout, le commandement d'amour du Seigneur ne dit-il pas : « Tu aimeras ton Dieu et ton prochain comme toi-même » ? Comment voir mal là où il y a amour de soi non pas dans un égoïsme fermé à tout autre, mais dans la recherche d'une vie agréable ? Qu'y a-t-il de mal à vouloir partager un héritage de façon juste, comme dans l'évangile, surtout quand on sait que les héritages peuvent être source de grandes mésententes ?

 

           Mais malgré cela, la Parole de Dieu recentre aujourd'hui notre existence et notre recherche sur plus loin et plus radical encore. «La vie d'un homme ne dépend pas de ses richesses », dit Jésus. La valeur de l'humanité ne dépend pas de son organisation. « Et que reste-t-il à l'homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? » demandait déjà l'Ecclésiaste en son temps. La vie d'un homme, sa valeur, ne dépend en rien ni de ses possessions, ni de ses capacités, ni même de sa chance ou de sa malchance, de ses compétences, des événements heureux ou malheureux qu'il doit traverser.

           La valeur de la vie d'un homme, saint Paul nous l'indique dans sa lettre aux Colossiens : elle est d'être « mort avec le Christ », et « ressuscité avec lui ». Elle est dans cette promesse de « paraître avec lui en pleine gloire », de nous « débarrasser des agissements de l'homme ancien qui est en nous et de revêtir l'homme nouveau », d'être « refait toujours à neuf à l'image du Créateur ». Autrement dit, il me semble que Paul indique la valeur de notre vie non pas en observant et en calculant ce que nous faisons et avons aujourd'hui, mais à partir de notre fin, de notre but, de la vision qu'il a de la fin de l'humanité, quand il n'y aura plus « ni Grec ni Juif, ni Israëlite ni païen, ni barbare, ni sauvage, ni esclave, ni homme libre, mais qu'il n'y aura plus que le Christ, tout en tous ». La valeur de la vie d'un homme, la valeur de notre vie aux yeux de Dieu, n'est pas fonction de notre morale présente ni de notre richesse visible, elle est fonction de notre vocation, de notre appel à devenir tels que Dieu nous a créés. Un appel qui nous oblige à transformer nos vies présentes pour répondre toujours mieux et nous accorder toujours davantage à cette vocation ultime de communion et d'amour en Christ.

 

          Sans tirer l'évangile à soi, comment ne pas revenir, au lendemain de notre atterrissage en France, sur ce que nous avons vécu au Brésil à l'occasion de ces journées mondiales de la jeunesse ? Non pas pour en faire un compte-rendu, nous aurons j'espère des occasions pour témoigner de ce que nous avons vécu, mais pour dire en quoi cette vision de la valeur de l'homme à partir de sa fin n'est pas une vue spéculative théologique, mais une réalité que l'on peut toucher du doigt.

           Vous avez sans doute vu des images, et bien mieux entendu que nous les discours du pape et les moments forts de ces journées. Mais il est une expérience qui ne peut se raconter qu'en la vivant, c'est d'être comme un grain de sable sur une plage immense. Une plage où cohabitent, pour un week-end entier, 3 millions de jeunes de 178 pays de la planète. C'est d'être entouré, pour une nuit de prière, de fête, de joie et de communion, de toutes les nations de la terre : celles qui sont en paix et celles qui sont en guerre, celles qui sont riches et celles qui sont pauvres, celles qui grandissent en puissance et celles qui vieillissent. Et, que la pluie ruisselle sur les corps ou que le soleil tape sur les têtes, de se tenir la main pour dire ensemble le Notre Père, la prière de Jésus Christ. N'y a-t-il pas là, quand tous sont « tendus vers les réalités d'en haut », non plus la promesse, mais déjà les prémisses de la réalisation d'une communion en Christ ? Une communion qui accueille toute les différences pour en faire autant de richesses à partager et à conjuguer, manifestant là la vraie valeur de toute l'humanité à partir de la valeur infinie de chaque être ?

           Une autre image qui restera ancrée profondément dans tous les cœurs des participants à ces journées, est l'accueil que les Brésiliens nous ont réservé. En quelques heures nous n'étions plus leurs hôtes : ils nous avaient adoptés, au point que les jeunes eux-mêmes parlaient de leurs nouveaux papas et de leurs nouvelles mamans ! Et que les Brésiliens eux-mêmes pleuraient à chaudes larmes en nous voyant partir, après nous avoir couverts, malgré la grande pauvreté de certains, de cadeaux et de surprises. Ou lorsqu'il ne s'agit plus de partager des richesses, ni même d'accorder un peu de place à son prochain dans la maison, si petite soit-elle, mais de nous ouvrir mutuellement dans la profondeur du cœur et de l'amitié, au delà parfois de tous les raisonnements et les calculs possibles, pour nous retrouver dans le coeur de notre commune humanité.

           Alors que nous étions envoyés pour vivre des « semaines missionnaires » et provoquer les uns et les autres à la lumière de l'Evangile, c'est nous qui avons reçu des Brésiliens la révélation de la vraie valeur de notre vie humaine : une valeur incomparable parce qu'à la mesure de l'amour de Dieu pour nous. « Tu as du prix à mes yeux », disait déjà le Seigneur au peuple de la première Alliance. « J'ai gravé ton nom dans la paume de mes mains » (Isaïe).

 

           L'Evangile et toute la Parole de Dieu de ce dimanche veut nous révéler la grandeur de notre vie aux yeux de Dieu, bien au-delà de tout ce que nous pouvons percevoir, même dans ce qui est beau et bon, et en même temps nous invite à transformer radicalement notre existence quotidienne pour répondre à la sublimité de cette vocation.

           Qu'en ce temps d'été, nous puissions prendre le temps de revenir à l'essentiel de notre vie, à l'écoute de notre appel premier, à cette Parole inaugurale qui nous crée sans cesse. Chacun de nous, et dans la communion avec tous les hommes en Christ.

           Amen.

P. Benoît Lecomte

 


 

1ère lecture : Vanité des richesses (Qo 1, 2; 2, 21-23)

Lecture du livre de l'Ecclésiaste
Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité !

Un homme s'est donné de la peine ; il était avisé, il s'y connaissait, il a réussi. Et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne s'est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c'est un scandale.

En effet, que reste-t-il à l'homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n'a pas de repos. Cela encore est vanité.

Psaume : Ps 89, 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc

R/ D'âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.
Tu fais retourner l'homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d'Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ;
dès le matin, c'est une herbe changeante :
 
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
 
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
 

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu.
Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains.

2ème lecture : Avec le Christ, de l'homme ancien à l'homme nouveau (Col 3, 1-5.9-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre.

En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles.
Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l'homme ancien qui est en vous, et revêtez l'homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance.
Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout.

Evangile : Parabole de l'homme qui amasse pour lui-même (Lc 12, 13-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
Puis, s'adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté.
Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.'
Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.'
Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?'
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »
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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 17:20

          Anne-Laure et Sébastien, vous avez eu beau vous rencontrer de façon virtuelle, vous savez que l'amour n'a rien d'évanescent. C'est au contraire du concret, du quotidien, du physique. Les grandes déclarations sur l'amour, ou même les grandes déclarations amoureuses ne valent pas grand chose si elles ne sont concrétisées par des actes, des paroles, des gestes, des conversions, des attentions qui vont se nicher dans les moindres détails. Rien de virtuel, en amour.

          Ce n'est tellement pas une idée, que Jésus en fait un commandement. Pardon... LE commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Étrange opération que de déclarer comme une règle ou une loi ce qui paraît venir d'un mouvement du cœur. Mais cela nous oblige au déplacement de l'idée ou du sentiment, à l'engagement libre et volontaire. Vous ne vous mariez pas parce que votre cœur bat l'un pour l'autre, Anne-Laure et Sébastien. Ou en tout cas, ce battement de cœur n'est pas suffisant, et vous le savez bien, pour que l'aventure commune que vous voulez vivre traverse toute une vie avec son lot de joies et d'épreuves, d’insouciances et de doutes, d'évidences et d'inévitables remises en questions. Il en va du mariage comme d'un saut dans l'inconnu avec un(e) inconnu(e) qu'il faudra découvrir et apprendre à aimer à longueur de jour, sans jamais se lasser – ou par delà les lassitudes. Il en va d'une aventure à écrire à deux, chacun apportant sa propre histoire, ses envies, ses projets, sa culture, son caractère... Le mariage n'est pas écrit d'avance, il ne se programme pas comme on programme un logiciel informatique, rien n'est tracé, si ce n'est la direction, le but, le désir fondamental qui vous a amené l'un et l'autre côte à côte dans cette église aujourd'hui.

           Plus encore, ce désir, s'il vous prend tout entier, cœur et corps, chair et esprit, ne vient pas de vous : « vous avez été choisi par Dieu », vous disait saint Paul. Bigre ! Voilà qui donne de la profondeur, de la hauteur, et du vertige ! Vous voilà dépositaires d'une mission, partenaire d'un projet... et d'un projet divin ! Si vous croyez être oubliés par Dieu, Lui ne vous quitte pas des yeux. Lui, c'est l'Amour Tout-Puissant, Celui qui se livre à vous comme Il se livre à chacun, Celui qui est source et but de tout amour. « Il vous a pardonné », disait encore saint Paul, autrement dit, Il a régénéré toute votre vie dans l'Infini de Sa propre vie, pour vous faire vivre dans Son amour et de Son amour. Et ce qu'Il a fait pour vous, Il vous invite à le faire et à le vivre entre vous et avec tous ceux qui vous croiserez : « Agissez comme le Seigneur », « revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience... instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse... » En un mot : aimez ! Au concret ! Pas comme dans les histoires d'amour et les contes de fées et de princesses, mais avec la puissance de l'amour, son espérance et sa folie, sa confiance et son infini, dont notre monde et nos contemporains ont besoin. « Puisque vous avez été choisi par Dieu », et autant qu'il vous est possible humainement, entrez, par ce sacrement du mariage, dans le projet d'Alliance de Dieu avec l'homme, rendez-le possible et réalisez-le entre vous et autour de vous. Vivez le commandement de l'amour avec toute votre existence, tous les deux et pour l'humanité. Jusqu'à ce qu'il y a peut-être de plus beau et de plus difficile, de plus grand et de plus mystérieux, de plus profond et de plus éprouvant : le pardon. Celui qui parle de résurrection. Celui qui est capable d'aller au-delà de toutes les ruptures, de toutes les infidélités, de toutes les morts, de tous les barrages, de tous les blocages, de toutes les injustices. Celui qui ne peut venir que de Dieu, et qui seul peut sauver le monde.

 

          Anne-Laure et Sébastien, ne vous effrayez pas : à vue humaine, la mission est impossible. En tout cas, vous ne pourrez pas la porter et l'assumer à vous deux seuls. Et cela tombe bien, vous n'êtes pas seuls. Vous n'êtes pas seuls aujourd'hui, et nous sommes nombreux à vous entourez et à nous réjouir avec vous de l'engagement que vous prenez en Église. Mais notre présence à vos côtés aujourd'hui doit aussi être un engagement de notre part à rester à vos côtés tous les jours de votre vie, et à tout faire, par le soutien et l'écoute, l'accueil et l'amitié, pour que votre désir s'accomplisse réellement. Ce serait lâche, de notre part, de faire la fête aujourd'hui et de vous oublier demain. Si vous vous engagez l'un envers l'autre pour nous, en devenant signe visible de l'amour de Dieu pour nous et de son espérance, ne soyons pas des consommateurs : faisons la route ensemble jusqu'au bout. C'est aussi ce qui se vit en Église, rassemblement d'hommes et de femmes qui cherchent à vivre à la suite de Jésus, celui qui nous révèle qui est Dieu et qui dit son amour pour nous jusqu'à donner sa vie. Anne-Laure et Sébastien, prenez votre place en Église : pour vous, et pour tous. Pour être encouragés, et nous « supporter mutuellement ».

           Et puis il y a Dieu, manifesté en Christ. « Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse », disait encore Paul. Ne croyez jamais que Celui qui vous a choisi vous lâche, mais au contraire, efforcez vous, par tous les moyens que vous trouverez, seuls ou avec d'autres, de vous enraciner et de vous nourrir de sa présence et de sa vie, de sa Parole et de son Esprit. Il est à la source et au but de votre désir et de votre amour. Il est un compagnon fidèle pour chaque jour de votre vie. Il est Celui sur qui vous pourrez vous appuyer aux jours de fatigues, et Celui que vous chanterez dans la langue que vous voudrez, avec le psalmiste : Louez l'Eternel, toute la création, « jeunes hommes et jeunes filles, vieillards et enfants […] Il a relevé la force de son peuple, louez l'Eternel ! »

 

           Anne-Laure et Sébastien, nous unissons nos voix aux vôtres et à celles du psalmiste pour rendre grâce à Dieu le Père de vous avoir choisi et de vous accompagner dans cette aventure pleinement d'humanité. Bon vent (de l'Esprit!) à tous deux !

           Amen.

P. Benoît Lecomte

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