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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 07:30

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Il y a 15 jours, nous fêtions Noël. Et pour nous dire l’importance de la présence des uns pour les autres, pour donner des signes d’attention, de fraternité, d’amour mutuel, nous nous sommes offerts des cadeaux.

Chacun de ces cadeaux offerts ont été réfléchis, parfois longuement. On ne sait pas toujours quoi offrir, parce qu’on va cherche le cadeau qui ressemble à la personne à qui on va l’offrir. A quelqu’un qui aime la musique, ou à un sportif, ou à un littéraire, à un enfant ou à un adulte, on n’offrira pas la même chose. Le cadeau est fait en fonction de celui qui le reçoit. Les cadeaux révèlent, en quelque sorte, la personne qui les reçoit.

 

La tradition évangélique de la fête de l’épiphanie nous rapporte que des mages, venus d’Orient, viennent se prosterner devant Jésus nouveau-né et lui apportent des présents. De l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ces présents révèlent à eux seuls tout le mystère de celui qui vient de naître. Ils sont un condensé de christologie, une réduction à l’essentiel de tout le mystère du Christ.

Les mages offrent de la myrrhe, cette essence dont on embaumait les morts, parce que Jésus est un homme, et donc mortel. Dans l’offrande de la myrrhe est déjà dévoilée le mystère de la croix : celui qui vient de naître va réellement mourir, il est réellement un homme. A tous ceux qui, plus tard, ne voudront voir en Jésus qu’une image de l’homme, à tous ceux qui refuseront la pleine humanité de Jésus, les mages répondent en offrant la myrrhe.

Ils offrent aussi l’encens, le parfum réservé au culte à Dieu, le parfum qui monte vers Dieu avec notre prière, le parfum utilisé pour adorer le Créateur. En offrant l’encens, les mages révèlent ce que l’ange avait déjà annoncé à Marie : cet enfant est bien le Fils de Dieu, il est l’incarnation du Dieu tout puissant, il est Dieu. Dieu fait homme qui, se faisant homme, n’a rien perdu de sa divinité.

            Enfin, les mages offrent à Jésus de l’or, parce que Jésus est roi. « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » demandent-ils à Hérode en cherchant leur route. Les mages reconnaissent en Jésus un roi d’une royauté qui dépasse la royauté d’Hérode, une royauté qui dépasse même le peuple juif puisque eux, mages venus d’Orient, païens ne partageant pas la foi juive, viennent à Bethléem se prosterner devant lui.

En offrant leurs présents, les mages disent tout de Jésus : cet enfant est pleinement homme, pleinement Dieu, roi de tous les peuples.

 

            Roi de tous les peuples, parce qu’il traine dans la fête de l’épiphanie comme un air de Pentecôte. On pourrait dire, je crois, que l’Epiphanie est à Noël ce que la Pentecôte est à Pâques : l’ouverture du salut de Dieu à tous les hommes, la révélation de l’universalité du salut, la compréhension de la volonté et de la promesse inouïe de Dieu. Son amour n’est pas réservé à quelques-uns ni même à un peuple élu, mais à tous. Et cela, qui d’autre que des païens pouvaient nous le révéler avec autant de simplicité et de force ?

 

            Le fête de l’épiphanie vient donc nous interroger dans notre foi et dans la façon que nous avons de vivre l’Eglise.

Dans notre foi : croyons-nous vraiment, comme les mages nous le révèlent par l’offrande de leurs présents, que Jésus est vraiment homme, vraiment Dieu, vraiment roi de l’univers ?

Et dans notre façon de vivre l’Eglise : faisons-nous vraiment l’expérience d’être ouverts au mystère de Dieu, à la volonté de Dieu, à l’identité même de Dieu par ceux-là même qui ne sont pas chrétiens ?

Combien de fois nous regrettons que ceux qui viennent frapper à la porte de l’Eglise pour demander un baptême, la célébration d’un mariage, l’accompagnement lors d’un deuil ou que sais-je encore ne connaissent pas la Bible, n’ont pas les mots de la foi, ne savent pas le B.A.BA… Combien de fois nous pleurons sur ces générations (jeunes, mais parfois moins jeunes !) qui n’ont apparemment pas reçu le trésor de la foi que nous essayons de porter comme dans des vases d’argile… Mais savons-nous voir en toutes ces personnes, à travers toutes ces rencontres, comme des mages attirés par l’enfant de la crèche, le Dieu crucifié, l’homme ressuscité ? Autant de mages qui nous redisent combien l’amour et la prévenance de Dieu sont plus larges et plus grands que tous nos calculs religieux et toutes nos organisations pastorales, si belles et importantes soient-elles ! Autant de mages qui manifestent à nos yeux que vraiment, comme le clame Saint Paul, « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ, par l’annonce de l’Evangile. » Tel est le « mystère du Christ», dit encore saint Paul, ce mystère en grec, qui sera traduit en latin par sacramentum et qui donnera notre mot sacrement. Tel est le mystère du Christ, le sacrement du Christ, c’est-à-dire aussi l’Eglise, l’Eglise étant, comme le rappelle le concile, « dans le Christ, en quelque sorte, le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. »

Saurons-nous écouter les mages d’antan, les païens d’hier, les « éloignés de l’Eglise » d’aujourd’hui nous révéler, à travers leurs gestes, leurs langages, leurs demandes, la grandeur du mystère de Dieu manifesté en Jésus Christ ? Peut-être est-elle là, l’audace des orientations diocésaines promulguées il y a quelques mois, et que nous avons encore à recevoir.

Et qu’à la mesure où chacun avance vers l’enfant de la crèche nous puissions être, les uns pour les autres, comme des étoiles indiquant, au rythme de la marche des hommes, Celui que nous cherchons tous et qui se livre à nous.

Alors, l’ayant trouvé ensemble, nous pourrons, comme les mages de l’Evangile, « repartir par un autre chemin » : chemin de liberté, chemin de paix, de justice et de joie. Chemin d’humanité éclairée et renouvelée par cette rencontre avec Lui.

 

Amen.

P. Benoît Lecomte

 

 


Livre d'Isaïe 60,1-6.
Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi.
Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d'au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t'envahiront, des dromadaires de Madiane et d'Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Psaume 72(71),2.7-8.10-11.12-13.
Qu'il gouverne ton peuple avec justice,
qu'il fasse droit aux malheureux !
En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu'à la fin des lunes !

Qu'il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu'au bout de la terre !
Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.


Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3,2-3a.5-6.
Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m'a fait connaître le mystère du Christ, dont je vous ai déjà parlé dans ma lettre.
Ce mystère, il ne l'avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l'a révélé maintenant par l'Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,1-12.
Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d'Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :
« A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem en Judée, tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l'étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant.
Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 23:33

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Quand un enfant naît, toute la famille et  les amis  se pressent autour du berceau et viennent se pencher sur le nouveau-né. On vient féliciter les parents, et souhaiter la bienvenue à ce petit d'homme qui vient de naître. On lui souris, on lui parle, on imagine déjà son avenir, quand il sera plus grand... Et on l'observe, en scrutant les traits de ressemblance avec ses parents, ses frères et sœurs ou sa grand-mère : « il a le menton d’un tel ! Les oreilles d’une telle ! Et les yeux... » On regarde les yeux. La forme des yeux, et le fond du regard. De qui sont les yeux ? De qui est ce regard ? Les yeux dans les yeux, même sans parole, on communique avec l'enfant. Un seul regard suffit pour dire combien on tient à lui, combien on veut l'aimer, combien il est un don que nous accueillons avec la joie, l’excitation et parfois l'inquiétude de cette arrivée.

 

            « Les bergers arrivent à Bethléem, ils découvrent Marie et Joseph, avec le nouveau-né, Jésus, couché dans une mangeoire. » Ils se penchent sur l'enfant, le voient. Après l'avoir vu, ils iront raconter ce qui leur avait été annoncé au sujet de l'enfant. Comme s'il avait fallu qu'ils le voient, qu'ils l'observent, qu'ils s'approchent pour confirmer, de visu, ce que les anges leur avaient annoncé. Que s'est-il passé, lorsque leur regard a croisé celui de Jésus ? Ils sont venus accueillir un enfant, et c'est Dieu qui les a accueillis. Ont-ils pu être touché par la profondeur du regard de l'enfant ? Ils se sont penchés sur un bébé, et ont croisé le regard de Dieu.

            Dans le livre des Nombres, c'est l'inverse qui s'était produit. Le Seigneur avait dit à Moïse : « Que le Seigneur fasse  briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix ! » Les rôles sont inversés. Cette fois, c'est Dieu qui se penche sur l'homme, et laisse briller son visage et son regard à celui qui attend la paix. Non pas, comme Sarthe le craignait, d'un regard inquisiteur duquel rien ne pourrait échapper au juge final. Mais d'un regard d'amour qui relève et réchauffe, qui fait exister, qui dit l'importance de notre présence. Regard amoureux qui enveloppe tout le corps, tout le cœur, toute l'existence.

Du livre des Nombres à l'évangile de Luc, échanges de regards entre l'homme et Dieu.

 

Ces échanges de regards ne sont pas anodins. Ils sont, bien au contraire, créateurs. Par ce regard de reconnaissance, d'accueil, de bienvenue, les adultes font naître un bébé à son humanité. Par ce regard, aussi, Dieu, se penchant sur nous, nous fait naître à sa divinité.

« Frères, dit Saint Paul, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils... pour faire de nous des fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé de Dieu, l'Esprit de son Fils est dans nos cœurs et il crie vers le Père en l'appelant « Abba ! » (ce qui se traduit littéralement par l'expression affectueuse : « mon petit papa »). Ainsi, continue Paul, tu n'es plus esclave, mais fils, et comme fils, tu es héritier par la grâce de Dieu ».

En se penchant sur nous, Dieu  fait de nous ses fils et ses filles, ses héritiers dans le sillage de Jésus le Fils unique.

 

            L'héritage de Dieu, c'est la paix qu'il met dans nos cœurs. « La paix n’est pas seulement absence de guerre et elle ne se borne pas à assurer l’équilibre des forces adverses. La paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la pratique assidue de la fraternité. La paix est un fruit de la justice et un effet de la charité. La paix est avant tout un don de Dieu. Nous chrétiens, nous croyons que le Christ est notre vraie paix », redit Benoît XVI dans son message pour la journée mondiale de la paix de ce 1er janvier. En ce premier jour de l'année nouvelle, lui aussi nous invite à lever les yeux vers le Seigneur pour accueillir, dans cet échange de regard, la paix de Dieu : « Face au difficile défi dans le parcours des voies de la justice et de la paix, nous pouvons être tentés de nous demander, comme le psalmiste : « Je lève les yeux vers les montagnes: mon secours, d’où viendra-t-il ? » (Ps 121, 1). Je veux dire à tous avec force, et particulièrement aux jeunes: « Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais c’est seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai… [le fait de] se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l’amour éternel. Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l’amour? » L’amour se réjouit de la vérité, il est la force qui donne la capacité de s’engager pour la vérité, la justice et la paix, car il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout (cf. 1 Co 13, 1-13). »

 

            Au moment de nous souhaiter les vœux pour cette nouvelle année, peut-être pouvons-nous formuler celui-ci, pour nous mêmes, nos familles, nos communautés chrétiennes, et tous les hommes qui partagent la vie sur cette planète : que nous sachions nous voir et nous regarder, comme on regarde les yeux d'un nouveau-né, et comme le regard de Dieu se penche sur nous. Peut-être est-elle là, la condition pour non seulement vivre en paix, mais plus radicalement accueillir la paix qui vient de Dieu, et vivre de cette paix qui ouvre à l'espérance. S'il n'y a rien de pire que de détourner le regard et de ne plus regarder quelqu'un jusqu'à l'ignorance, la Parole de Dieu nous invite à apprendre à regarder et à se regarder, les yeux dans les yeux, en ne cessant de nous découvrir mutuellement comme aimés de Dieu, sous le regard du Christ.

            Les bergers ont fait cette immense découverte et sont partis en glorifiant Dieu et en parlant de leur expérience inouïe. Marie, elle, « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Que ce soit dans l'annonce ou dans la contemplation, dans l'action ou dans la prière, par le silence ou la parole, faisons résonner cette bonne nouvelle en nous et autour de nous : Dieu a plongé son regard en toi comme toi sur un nouveau-né, pour que tu ne sois plus esclave, mais fils.

                        Amen.                                                                                              

                                   P. Benoît Lecomte

 


Livre des Nombres 6,22-27.
Le Seigneur dit à Moïse :
« Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d'Israël :
'Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix ! '
C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël, et moi, je les bénirai. »

Psaume 67(66),2-3.5.6.8.
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s'illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l'adore !

Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 4,4-7.
Frères, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la Loi de Moïse
pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils.
Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l'Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l'appelant « Abba ! ».
Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils, et comme fils, tu es héritier par la grâce de Dieu.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,16-21.
Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l'ange lui avait donné avant sa conception.

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 11:28

visuel Avent 2011 3883La fin de l’année approche. Et comme toutes les fins d’années, elle est l’occasion d’un regard en arrière, sur les mois écoulés. Temps des « rétrospectives » en tous genres.

A regarder l’année 2011, il n’y a pas vraiment de quoi avoir un grand sourire. Rappelons-nous ce qui a marqué son actualité : Une course effrénée à la croissance, alors que tous les indicateurs semblent baisser, excepté celui du chômage ; l’angoisse de la perte d’un triple A et la domination d’agences de notations qui paraissent comme avoir pris le dessus de toute décision politique ; d’innombrables sommets européens « de la dernière chance », pour tenter de sauver la Grèce, puis l’Italie, puis l’euro, puis l’Europe… en plus d’une hausse de la dette américaine ; dans de nombreux pays, dont le notre, des plans d’austérité et de rigueur, annonçant des lendemains toujours plus difficiles ; des annonces plus ou moins démagogiques de tous types par des hommes et des femmes à la recherche de futurs électeurs ; un printemps arabe auquel nous avons cru, et qui se solde pas l’élection de mouvements islamiques qui ne rassurent finalement pas les occidentaux que nous sommes ; DSK, Berlusconi et des hommes d’influence aux mœurs si légères qu’ils discréditent les responsables politiques et économiques en même temps qu’ils étouffent, par leurs affaires, toute les autres actualités du monde ; une course à l’énergie quelques soient les risques encourus, et malgré la catastrophe de Fukushima ; des inondations et des tremblements de terre au Brésil, en Australie, aux Etats-Unis, au Japon, dont nous savons que l’activité de l’homme n’est pas totalement étrangère ; des élections controversées au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Nigéria, en Russie ; un état de famine décrété dans la région du Darfour…

Notre foi chrétienne elle-même n’est-elle pas trop souvent marquée par la lassitude ? et notre vie en Eglise, par le découragement : « les églises se vident, il n’y a plus que des vieux, il n’y a plus de prêtre… » ?

Crises économique, sociale, climatique, écologique, politique, financière, morale, institutionnelle… Elles sont nombreuses, ces crises dont on entend parler chaque jour. A croire que l’humanité est devenue comme une somnambule ne sachant plus où aller, soumise à un monde en explosions virant au chao. Chao d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas seulement extérieur à nous-mêmes, mais qu’il peut aussi être intérieur à nos vies personnelles, intimes, familiales. Nous courrons, sans toujours trop savoir ni où, ni pourquoi…

 

Et à la fin de cette année, Noël. Comme un événement prophétique réorientant nos regards, pour aller au-delà des discours habituels et médiatiques. En tournant nos regards vers la crèche et le silence de l’enfant qui vient de naître, Noël nous rappelle que toutes ces crises ne sont peut-être que des crises secondes, que des conséquences d’une crise plus fondamentale : celle du sens de l’homme.

L’homme ne se serait-il pas perdu lui-même, à force de croire à longueur de journée que sa vie se résume et s’enracine dans l’argent, la finance, la rentabilité, la reconnaissance médiatique, le pouvoir, la jouissance, la domination ? Dans son prologue, l’évangéliste saint Jean annonce, en parlant de Jésus : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». La vie, notre vie n’est pas à chercher ailleurs que là : dans la présence mystérieuse de cet enfant, Dieu devenu homme.

            Qui est-il, cet homme qui court sans savoir où, pour que Dieu se fasse l’un d’eux ? L’un de nous ?

En prenant la condition des hommes, en faisant de la vie des hommes sa propre vie, Dieu nous redit qu’il n’y a rien qui puisse passer avant l’homme. Il nous redit l’infini grandeur de l’homme. Chrétiens, nous proclamons à Noël, avec une infinie discrétion, mais dans un événement d’une absolue radicalité, que la vie de l’homme ne saurait se réduire à un avoir ou un pouvoir. Mais qu’elle est, cette vie, qu’il est, l’homme, non pas malgré mais avec et dans ses limites et ses fragilités, le lieu de la rencontre entre le fini et l’infini, entre le visible et l’invisible, mystère d’une incroyable dignité que rien, rien ne devrait jamais atteindre. Ce sont ces limites et ces fragilités que Dieu lui-même est venu habiter et éprouver par amour pour nous, et pour que, là-même, nous éprouvions à notre tour la grandeur de notre vie et de notre vocation ultime, à savoir divine. Quand Dieu prend les dimensions de l’homme, tout homme prend dimension divine.

 

Il est là, ce Dieu. Dans une mangeoire. Entouré d’un âne et d’un bœuf, visité par quelques bergers, des pauvres du pays, rejetés parce qu’ils vivent dehors et sentent mauvais. Il ne court pas après un triple A ! Né dans une mangeoire parmi les pauvres, il mourra sur une croix comme un malfrat. Et rien ni personne ne pourra le détrôner : il est le roi, parce que l’Homme véritable, le chemin de toute l’humanité. Jésus indique la voie. Non pas qu’il soit un modèle moral ou religieux à copier. Mais il est Dieu, et en son humanité, ses limites et ses fragilités, il nous révèle l’amour et la vérité à la fois de l’homme, et d’un Dieu présent à jamais dans notre histoire.

 

Noël, fête prophétique pour notre temps, qu’il nous faut entendre et faire résonner en deçà et au-delà de toutes les gesticulations frénétiques de notre monde. L’homme déboussolé trouve là une direction. La lumière de la crèche réveille l’humanité somnambule et lasse. Le croyant retrouve la joie d’une confiance sereine.

Noël n’est pas seulement la célébration de la naissance de Jésus. C’est la naissance de l’homme dans son mystère le plus inouïe. Notre naissance. Naissance de notre avenir. Et comme Jésus, notre frère en humanité, appellera Dieu « papa », nous voilà tous nés à une fraternité universelle et à un infini respect de la dignité de chacun. L’homme trouve le sens de son existence, et comprend enfin pourquoi il a été créé par Dieu. Miracle de Dieu, naissance du mystère de l’homme. Comme toute naissance est mystère et miracle.

 

Accueillons Celui qui vient au milieu de nous. Dans le vacarme et le brouhaha du monde, écoutons le silence de la nuit de Noël. Là est la vérité de notre vie. L’enfant qui est né est la lumière du monde, il est la vie des hommes. Il est notre avenir et notre présent. Notre vie.

Amen.

P. Benoît Lecomte

 

Retrouvez dans l'album photo les images du visuel de l'Avent et de Noël, de sa réalisation à son exposition

 


Livre d'Isaïe 52,7-10.
Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut, celui qui vient dire à la cité sainte : « Il est roi, ton Dieu ! »
Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion.
Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple, il rachète Jérusalem !
Le Seigneur a montré la force divine de son bras aux yeux de toutes les nations. Et, d'un bout à l'autre de la terre, elles verront le salut de notre Dieu.

Psaume 98(97),1.2-3ab.3cd-4.5-6.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez ;

Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !


Lettre aux Hébreux 1,1-6.
Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ;
mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.
Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils, qui porte toutes choses par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux ;
et il est placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
En effet, Dieu n'a jamais dit à un ange : Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré. Ou bien encore : Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils.
Au contraire, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,1-18.
Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu.
Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.
Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j'ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître.

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 11:28

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            Qui d'entre nous n'a jamais entendu quelqu'un affirmer, tel saint Thomas : « Je ne crois que ce que je vois » ? Et ainsi, encore jeudi dernier, au cours d'une conversation avec des collégiens, l'un d'entre nous disait ne pas pouvoir croire en Dieu puisqu'il ne le voyait pas. Comment lui en faire grief ? Qui parmi nous peut se vanter d'avoir déjà vu Dieu ? « Dieu, personne ne l'a jamais vu », dit saint Jean dans une de ses lettres. On ne le voit pas, et on ne sait pas où il est. Alors on peut dire qu'il est partout, ou nul part... peu importe ! Ça ne change rien : s'il existe, on ne peut pas mettre la main sur lui.

            Et où habiterait-il ? On répond parfois aux enfants qui posent cette question qu'il est « au ciel ». Façon pour l'adulte de botter en touche, en disant par là qu'on ne peut pas atteindre Dieu, qu'il est bien au dessus de nous. Mais cette réponse retombera un jour ou l'autre sur la tête de l’adulte, quand l'enfant aura compris que le ciel, avec ses nuages, ses étoiles, son soleil et sa lune, ne peut pas être l'habitation de Dieu. Alors l'adulte trouve une autre réponse qu'il juge plus pertinente : « Dieu habite dans ton cœur ». Autre versant d'un discours sur Dieu qui se développe petit à petit : on dit désormais que Dieu est celui qui nous aime et que l'on aime. Avec Dieu, c'est une histoire de cœur. Il n'est plus là-haut dans les nuages, mais à l'intérieur de nous-mêmes. Il n'est plus le très loin inaccessible, mais le tout proche au-dedans de nous.

            « Il était resté dans le silence depuis toujours », dit Saint Paul dans sa lettre aux habitants de Rome. Comment rencontrer un Dieu qu'on ne voit pas et qui reste dans le silence ? Alors pour matérialiser sa présence, les Hébreux avaient eu cette idée toute simple : construire une arche, une tente mobile pour traverser le désert. Et quand le roi David habitait une belle maison de Cèdre à Jérusalem, la présence de Dieu restait, elle, cette tente de vagabond, d'itinérant, de migrant.

 

            Et vient cette annonce extraordinaire de l'ange Gabriel à cette jeune fille nommée Marie. Elle va devenir la mère de Jésus. La mère du Sauveur. Elle est, pour un temps, l'habitation de Dieu, l'habitation de la Parole qui était silence et qui prend chair. En elle, Dieu se fait chair.  Nouvelle inouïe qu'aucun adulte n'aurait osé annonce à l'enfant qui cherche l'habitation de Dieu : Dieu est là, en Marie. Il n'est plus ni dans le ciel ni dans le cœur, il est en cette jeune fille. Il est en l'homme. Il est homme. Dieu le Père devient fils des hommes. Telle est l'annonce de l'ange. La nouveauté de Dieu. « Aujourd'hui, le mystère est manifesté », dit encore Paul.

            Cette annonce faite à Marie n'est pas une ancienne et belle histoire. Elle est annonce faite à chacun d'entre nous aujourd'hui. Par cet événement, Marie prend une place étonnante dans l'histoire de l'humanité. Mais elle devient aussi le modèle du disciple, le modèle du croyant, l'image même de l'Eglise.

C'est à toi que l'ange annonce aujourd'hui que, comme Marie, tu es créé par Dieu pour l'aimer, et pour porter en toi sa présence au cœur du monde. Bien sûr, le oui de Marie est un oui d'une ouverture et d'une disponibilité que nous avons peine à imaginer. Mais nous pouvons faire notre sa vocation de porter en elle, et donc aussi en nous, la présence de Dieu, de devenir l'habitation de Dieu au cœur du monde. Elle est vocation de chacun, et de toute l'humanité. Et plus encore, d’une façon toute spécifique et toute particulière, elle est engagement des baptisés.

 

            Nathalie, dans quelques mois, tu recevras le baptême de Jésus Christ. Ce sera probablement la nuit de Pâques, ici-même, et ce sera un baptême de résurrection, un plongeon dans la vie de Dieu. Par ce baptême, que tu cherches à découvrir et à recevoir, tu deviendras toi-même, en ta vie, en ton corps, en ton cœur et ton esprit, en ton intelligence et ta volonté, porteur de la vie de Dieu. Tu deviendras présence de Dieu, visage de Dieu au cœur du monde. Les premiers chrétiens allaient même jusqu'à dire que les baptisés deviennent d’autres Christs pour aujourd'hui.

Tu es déjà en chemin, depuis plusieurs années, pour découvrir tout cela. Nous-mêmes, baptisés il y a longtemps, n'avons pas encore mesuré tout ce qui est en jeu ici. Mais avec l'ange, comme pour Marie, nous pouvons dire maintenant : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. » Dès maintenant, puisque tu es désormais reconnue comme chrétienne catéchumène, et tout au long de ta vie, tu auras à découvrir cela avec toute l'Eglise, cette assemblée d'hommes et de femmes marqués du baptême de Jésus Christ, et engagés en notre monde à répandre la Bonne Nouvelle d'un Dieu qui n'est pas loin dans le ciel ou caché dans un cœur, mais qui s'est fait homme, qui a vécu la condition de notre humanité jusqu'à mourir, et dont la vie a été plus forte que la mort.

 

            « Dieu, personne ne l'a jamais vu ». Mais qu'en nous voyant vivre, choisir, aimer, agir, réfléchir, regarder, écouter, prier, les hommes et les femmes de notre temps puissent entrevoir un peu de la grandeur, de la beauté et de la folie de Dieu. D'un Dieu qui vient non seulement au milieu de nous, mais qui vient en nous en devenant l'un de nous.

            Noël approche. Et Noël ne pourra se faire sans nous, sans notre humanité accueillante et ouverte à la naissance de Dieu en nos vies, malgré leurs stérilités. C’est bien nous qui sommes l’habitation de Dieu, le lieu que Dieu a choisi pour habiter et se révéler au monde.

Préparons-nous à le recevoir, préparons-nous chaque jour à cette nouvelle naissance. Pour la gloire de Dieu, et le salut du monde.

                        Amen.            

                                                                                                                                  P. Benoît Lecomte

 

 


Deuxième livre de Samuel 7,1-5.8b-12.14a.16.
Le roi David était enfin installé dans sa maison, à Jérusalem. Le Seigneur lui avait accordé des jours tranquilles en le délivrant de tous les ennemis qui l'entouraient.
Le roi dit alors au prophète Nathan : « Regarde ! J'habite dans une maison de cèdre, et l'arche de Dieu habite sous la tente ! »
Nathan répondit au roi : « Tout ce que tu as l'intention de faire, fais-le, car le Seigneur est avec toi. »
Mais, cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan :
« Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j'y habite ?
Tu diras donc à mon serviteur David : Ainsi parle le Dieu de l'univers : C'est moi qui t'ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le chef de mon peuple Israël.
J'ai été avec toi dans tout ce que tu as fait, j'ai abattu devant toi tous tes ennemis. Je te ferai un nom aussi grand que celui des plus grands de la terre.
Je fixerai en ce lieu mon peuple Israël, je l'y planterai, il s'y établira, et il ne tremblera plus, et les méchants ne viendront plus l'humilier,
comme ils l'ont fait depuis le temps où j'ai institué les Juges pour conduire mon peuple Israël. Je te donnerai des jours tranquilles en te délivrant de tous tes ennemis. Le Seigneur te fait savoir qu'il te fera lui-même une maison.
Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté.
Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. S'il fait le mal, je le corrigerai à la manière humaine, avec le bâton, je le frapperai comme font les hommes.
Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. »

Psaume 89(88),4-5.27-28.29-30.
« Avec mon élu, j'ai fait une alliance,
j'ai juré à David, mon serviteur :
J'établirai ta dynastie pour toujours,
je te bâtis un trône pour la suite des âges. »

« Il me dira : Tu es mon Père,
mon Dieu, mon roc et mon salut !
Et moi, j'en ferai mon fils aîné,
le plus grand des rois de la terre !

« Sans fin je lui garderai mon amour,
mon alliance avec lui sera fidèle ;
je fonderai sa dynastie pour toujours,
son trône aussi durable que les cieux.


Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 16,25-27.
Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous rendre forts conformément à l’Évangile que je proclame en annonçant Jésus Christ. Oui, voilà le mystère qui est maintenant révélé : il était resté dans le silence depuis toujours,
mais aujourd'hui il est manifesté. Par ordre du Dieu éternel, et grâce aux écrits des prophètes, ce mystère est porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l'obéissance de la foi.
Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus Christ et pour les siècles des siècles. Amen.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,26-38.
L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. »
Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »
L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu.
Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'.
Car rien n'est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l'ange la quitta.

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 22:39

coeur_bougies.jpg« Il n'était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière » nous dit Jean.

 

Quand j'étais enfant, j’aimais écouter les émissions-mystères à la radio, sur Paris-Inter ou Radio Luxembourg. Les voix, la trame sonore et le récit lui-même captivaient notre imagination.

 

Je me souviens de l’une d’entre elles.

C'était l'histoire d'un prisonnier confiné en cellule d’isolement, une cellule sans aucun éclairage. La seule distraction pour occuper ses journées c'était de lancer une bille, devant lui, d'écouter le bruit de cette petite boule de verre qui frappe le mur, rebondit et roule. Puis quand le bruit s'arrêtait, il s'occupait à retrouver sa bille et à recommencer le manège.

Un jour il lance la bille vers le haut, puis plus rien, elle ne rebondit sur rien, elle ne roule plus. Il se torture à chercher une explication. Après des jours il perd finalement la raison et se laisse mourir.

Un des gardiens venus récupérer son corps remarqua, posée sur une toile bien serrée de fils d'araignée dans le coin du plafond de la pièce, la bille, comme déposée là. Comment cette bille a-t-elle bien pu arriver là ? se demanda-t-il.

 

Comme pour le prisonnier, il y a dans nos vies des situations que notre intelligence est incapable de résoudre, elle n'y voit pas.

Mais il y a toujours une vraie réponse qui existe. Une réponse pas du tout évidente parce que nous sommes enveloppés de ténèbres, une réponse qui ouvre nos yeux et donne forme à l'espoir.

En affirmant que Jean le Baptiste, celui qui est venu avant, n'est pas la Lumière, l'évangéliste Jean témoigne que Celui dont il annonce la venue, Celui qui crie dans le désert est la vraie Lumière.

 

Quand dans nos vies, le noir nous enveloppe et qu'il n'y a même plus le « clac, clac » d'une petite bille qui rebondit sur le mur pour nous donner l'impression que nous ne sommes pas seuls, c'est dans le cœur qu'il faut chercher. Elle est là la vraie Lumière dont l'étoile de la crèche rappellera la venue dans quelques jours. Cette Lumière qui apporte réponse à nos attentes, éclairage sur nos drames et présence dans nos solitudes, c'est Jésus, le Fils de Dieu.

 

Et alors, nous pourrons nous appuyer sur cette lumière pour mettre en œuvre ce qu’annonce Isaïe et que Jésus s’est attribué à la synagogue de Nazareth et que les commentateurs ont appelé « l’Evangile des pauvres » : Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres (en hébreu, littéralement : aux dos courbés), guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, annoncer une année de bienfaits, accordée par le Seigneur.

 

C’est donc lui, Jésus, l’Envoyé. Et nous voyons dans sa vie, la réussite de ce projet, le changement qu’il inaugure et aussi l’appel qu’il nous adresse :

-          s’associer à son œuvre pour qu’il y ait dans le monde, moins de mensonge et plus de vérité ;

-          vivre dans son alliance pour que chacune et chacun d’entre nous puisse marcher librement ;

-          entendre que Dieu nous aime, travailler à ce que la vie soit plus forte que tout, combattre toute injustice.

Jésus a commencé ce règne, il a besoin de nous.

 

Lumière, souci de la justice, année de la fraternité pour notre diocèse.

 

Et si nous profitions de ce moyen tout simple, la « lumière de Bethléem » qui arrive cet après-midi en gare d’Angoulême.

Je vais vous faire une confidence, au début je n’y croyais pas trop. Un peu, beaucoup incrédule. Et Jacqueline mon épouse, en y adhérant m’a montré tout ce que cela pouvait permettre.

 

Alors oui, si chacune et chacun d’entre nous

récupérait cette lumière et la transmettait à d’autres,

s’en servait pour faire des visitations aux personnes isolées, aux personnes que nous côtoyons régulièrement, aux personnes que nous côtoyons et que nous oublions peut-être.

 

Et si nous profitions aussi de ce que la paroisse met en place actuellement, les tables ouvertes. A quel niveau pouvons-nous nous engager ? A qui pourrions-nous proposer ce repas fraternel ?

 

Alors, au cœur des ces rencontres, n’y  aurait-il pas, de nouveaux liens tissés, de la joie semée ?

Ne serions-nous pas heureux et ne pourrions nous pas nous réjouir comme nous y invite tous les textes de la liturgie d’aujourd’hui.

 

Nous deviendrons ainsi des instruments du Seigneur,

pour montrer que la lumière vient de Dieu

pour briller au cœur des ténèbres ;

pour porter l’espérance de Dieu.

 

Alors notre cœur sera dans l’allégresse parce que la bonté du Seigneur est pout tous.

 

Jacques Bonnet, diacre

Livre d'Isaïe 61,1-2a.10-11.
L'esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté,
annoncer une année de bienfaits, accordée par le Seigneur, et un jour de revanche pour notre Dieu. Alors, tous ceux qui pleurent, je les consolerai.
Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m'a enveloppé du manteau de l'innocence, il m'a fait revêtir les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux.
Comme la terre fait éclore son germe,
et le jardin, germer ses semences,
le Seigneur Dieu fera germer la justice
et la louange devant toutes les nations.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,46b-48.49-50.53-54.
Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s'est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,16-24.
Soyez toujours dans la joie,
priez sans relâche,
rendez grâce en toute circonstance : c'est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus.
N'éteignez pas l'Esprit,
ne repoussez pas les prophètes,
mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ;
éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal.
Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu'il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ.
Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela, il l'accomplira.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. »
Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Non. - Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n'est pas moi. »
Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, certains des envoyés étaient des pharisiens.
Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n'es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? »
Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas :
c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. »
Tout cela s'est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait.


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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 11:32

jean-baptiste-desert.jpg                 Si l’on demande à un enfant ce qu’il attend de Noël, il répondra invariablement : « des cadeaux ». Et si l’on demande à un adulte ce qu’il attend, ce qu’il espère de Noël, quel serait le plus beau cadeau qu’il pourrait recevoir, peut-être répondra-t-il, comme le psalmiste : « l’amour, la vérité, la justice et la paix ». Ou bien comme Isaïe : « que toute l’humanité soit enfin rassemblée ». On bien encore comme Pierre : « la venue du jour de Dieu, un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Nous portons en nous cette espérance d’une vie meilleure, d’un monde meilleur. Il n’y a pas besoin de chercher bien loin pour vérifier que, en nos vies, dans notre société, dans notre monde, manquent bien souvent ces réalités déjà attendues par les hommes et les femmes de la Bible.

Saint Pierre dans sa lettre, comme Isaïe déjà dans ses écrits, attend, espère. Et cela peut nous étonner, car ce qu’attendait Isaïe, nous le croyons, a été réalisé par la personne du Christ ! Pourtant, malgré ce moment inouïe que fut l’incarnation en Jésus, rien ne semble avoir changé. Il est venu, et nous l’attendons encore dans l’espérance de son retour.

 

Isaïe et Pierre espèrent, mais tous deux, également invitent, exhortent à l’action : « Il faut préparer le chemin du Seigneur, lance Isaïe, tracer sa route, élever la voix ! » « Il faut se convertir, faire tout pour que le Christ nous trouve nets et irréprochables », renchérit Pierre. Des exhortations que l’on retrouve aussi chez l’évangéliste : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ! convertissez-vous », crie Jean Baptiste.

Comme si la venue du Seigneur, et avec elle la réalisation de notre attente et de notre espérance, ne pouvait se réaliser sans nous, sans notre  préparation, sans notre travail, sans notre accueil, sans notre attitude intérieure.

Certes, « le jour du Seigneur viendra comme un voleur ». Dans sa Révélation, nous serons éblouis et tout nous sera donné à contempler. Mais ce jour du Seigneur advient aussi et déjà par le changement de notre cœur, par la sainteté de notre vie, par notre impatience de vivre en communion avec Dieu, par ce que nous vivons déjà d’amour, de justice, de vérité et de paix, par la proclamation de la Parole de Dieu et l’annonce de sa venue. Non pas que ce jour dépende exclusivement de nous. Mais nous ne pouvons le recevoir, l’accueillir qu’à condition de nous rendre disponibles à sa venue, dans l’aujourd’hui de nos vies.

            « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu », lance saint Marc. La Parole de Dieu nous invite aujourd’hui à vivre en nous-mêmes un nouveau commencement. Une genèse. En nous-mêmes, et aussi autour de nous. Nous sommes, comme Jean-Baptiste, envoyés en plein monde et au plus profond de notre humanité pour annoncer l’initiative de Dieu pour l’homme.

« Jean-Baptiste parut dans le désert. » Ce désert, nous le connaissons, nous aussi. C’est le désert de notre monde, de nos familles, de notre entourage, c’est aussi le désert de notre péché, de nos refus d’aimer, de nos enfermements où il est si difficile, souvent, d’annoncer la venue du Seigneur. Dans un monde qui n’est plus chrétien, dans un monde souvent désenchanté, marqué par tant de peurs, nous sommes des Jean-Baptiste qui ouvrent, en nous-mêmes et pour les autres, le chemin du Seigneur. Et il nous faut tenir cette place !

Je repense à ces rencontres de deux groupes de collégiens, cette semaine. Dans les deux groupes, au cours des échanges, nous sommes arrivés à parler des SDF, des sans papiers, de l’accueil des étrangers, de l’aide à apporter aux plus pauvres… J’ai été frappé par les réactions trop souvent unanimes et terriblement marquées par des intonations xénophobes et racistes dans la bouche de ces jeunes de 12 ou 13 ans qui répètent à coup de statistiques et avec assurance des discours entendus à la télé. Ces discussions avec des adolescents ou préadolescents montrent combien elles sont hautes, les montagnes, et combien ils sont profonds, les ravins à combler, avant que le Seigneur ne trouve, pour sa venue, une route praticable dans le cœur de l’homme.

           

            En ces jours, nous attendons la fête de Noël, et nous posons la question à nos amis, à nos proches, à notre famille, avec l’idée de leurs faire plaisir : « Que veux-tu, qu’attends-tu pour Noël ? » La liturgie nous invite à retourner la question en la posant autrement : « Qu’est-ce que Noël attend de toi ? » « Comment Noël t’invite à vivre, à changer pour accueillir ce que tu espères déjà ? », « Qu’est-ce que la perspective de la fête de Noël, la fête de la venue de Dieu en notre vie d’hommes, t’appelle à travailler en toi et autour de toi, à vivre de conversion, à prendre comme parole, pour accueillir au milieu de nous celui qui vient ? »

Là est le défi que nous lancent le prophète, l’apôtre et le Christ aujourd’hui. Un défi qui nous place face à nous-mêmes pour vivre de nouveaux commencements, comme une nouvelle naissance qui laissera sa place, toute sa place, à la naissance de Jésus. En toi. En moi. Et dans le cœur de chaque homme.

Amen.

P. Benoît Lecomte

 


 

Livre d'Isaïe 40,1-5.9-11.
Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.
Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu'elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes.
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine.
Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Elève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Elève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l'accompagne et ses trophées le précèdent.
Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume 85(84),9ab-10.11-12.13-14.
J'écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s'embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.


Deuxième lettre de saint Pierre Apôtre 3,8-14.
Mes bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour.
Le Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c'est pour vous qu'il patiente : car il n'accepte pas d'en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir.
Pourtant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu'on y a fait, sera brûlée.
Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir,
vous qui attendez avec tant d'impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrégeront).
Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c'est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
Dans l'attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,1-8.
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu.
Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j'envoie mon messager devant toi, pour préparer la route.
A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint. »

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 19:02

lueur-despoir

            « Veillez !»

            L'invitation est claire, et répétée à quatre reprises en trois phrases seulement ! « Veillez ».

Mais il y a plusieurs veilles.

            Il y a la veille qui dit l'attente.

L'attente de l'amoureux, qui veille toute la nuit que son ou sa fiançé(e) arrive, scrutant le ciel jusqu'à l'aurore en rêvant déjà des retrouvailles.

L'attente de l'enfant à l'approche des vacances. Attente joyeuse, excitante même. Et puis l'attente du rendez-vous chez le dentiste, souvent plus angoissante, moins joyeuse.

L'attente du détenu qui compte les années, puis les mois, puis les jours avant la libération, se préparant autant qu'il le puisse à affronter le monde « de dehors », le regard des autres, avec fébrilité et inquiétude.

L'attente du petit frère, de la petite sœur, de la guérison. Il y a les attentes actives et les attentes passives, l'attente de ce qui dépend de nous, et l'attente de ce qu'il nous faut recevoir, accueillir.

            Il y a aussi la veille qui dit l'attention. Veiller sur quelqu'un, c'est faire attention à lui, comme des parents veillent sur leur enfant, comme l'infirmière veille le patient. Nous nous disions l'autre jour entre prêtre : comme le prêtre essaie de prendre soin, de veiller sur chacun de ceux qui lui sont confié.

 

            « Veillez ! dit Jésus, ne vous laissez pas gagner par le sommeil ». Veillez celui qui vient au milieu de vous et que vous risquez de ne pas reconnaître. Veillez le retour du Seigneur, la venue et l'action de Dieu dans vos vies. Scrutez votre cœur, prenez soin de la présence de Dieu qui se donne à vous.

            Vendredi, j'allais à Bordeaux et j'ai pris en covoiturage un étudiant en dernière année d'école d'ingénieur à La Couronne, Centre-Africain. Lorsqu'il a découvert que j'étais prêtre, il m'a beaucoup fait parler sur la foi et l’Église. Et à un moment, il m'a posé une question du genre : « Qu'est-ce qu'on peut dire de la place de la spiritualité et de la religion chez les personnes en France ? »

J'avoue que je ne m'attendais pas à cette question, plutôt habitué aux récriminations sur le préservatif ou le mariage des prêtres. Et je me suis entendu lui répondre : « Je crois qu'en toute société, tout homme se trouve confronté à des questions qui touchent à l'infini, à la vie, à la mort, au mal, au bonheur. Dans toutes les civilisations qui sont nées, des systèmes religieux ont été mis en place. A chaque fois qu'on a voulu éliminer d'une civilisation la dimension spirituelle, la tentative s'est soldée par un échec. Encore aujourd'hui, on occupe le cœur et la vie des hommes et des femmes avec des considérations matérielles et économiques. Il nous faut être toujours plus rentables, plus efficaces, plus mobiles, plus réactifs, plus consommateurs... nous nous laissons envahir par tout un tas d'interpellations qui risquent toujours d'assommer notre vie spirituelle. Pour autant, ce dont je suis sûr, c'est que le Christ n'a pas déserté le cœur de l'homme, de tout homme, et qu'il continue d'y agir jour après jour. »

Autrement dit, le Christ est déjà là.

Mais alors, si le Christ est là, pourquoi veiller et attendre sa venue ?

            C'est tout le paradoxe qu'évoque déjà saint Paul : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu pour la grâce qu'il vous a donné dans le Christ »... « Le témoignage rendu au Christ s'est implanté solidement parmi vous », dit-il aux Corinthiens, annonçant dans le même temps que « c'est lui (Jésus Christ) qui vous fera tenir solidement jusqu'au bout, jusqu'au jour de notre Seigneur Jésus-Christ ». Alors : est-il là, ou faut-il l'attendre ?

            Les deux. Le Christ est déjà là, et il nous faut en même temps l'attendre. Et même plus : c'est parce qu'il est déjà là que nous pourrons l'accueillir vraiment, à condition de veiller.

Notre attente est déjà nourrie de sa présence. Et pour être prêt à l'accueillir quand il viendra, il faut déjà le recevoir aujourd'hui.

            J'ai cherché une image pour essayer de comprendre cela. Je me demande s'il n'en va pas comme d'une grande lumière très puissante. Un grand soleil d’été très chaud, par exemple. Si on est resté dans le noir très longtemps les yeux fermés, il sera impossible d'arriver à voir cette lumière lorsqu'elle apparaîtra : on sera totalement ébloui, aveuglé même, et il nous faudra rester les yeux fermés pendant un moment pour s'habituer. Si au contraire on s'est habitué petit à petit à la lumière, d'abord à la lueur d'une bougie, puis d'une lampe, puis d'une lampe plus forte... alors quand la grande lumière apparaîtra, les yeux pourront la regarder, la fixer, l'accueillir. Autrement dit, c'est parce que je fais déjà l'expérience de la lumière que je pourrais accueillir la lumière. Par ma petite expérience, je saurais déjà tout le bien qu'elle peut me procurer. Et plus j'y goûterais, plus je désirerais qu'elle arrive.

            Il en est de même de notre attente de la venue du Christ : c'est à la mesure de l'accueil que nous faisons de lui dans nos vies aujourd'hui que nous serons capables de l'accueillir et de le reconnaître jusque dans l'enfant de la crèche. Car c'est bien vers Noël que nous nous dirigeons maintenant, vers cette initiative inouïe de Dieu, vers ce commencement éblouissant. Mais nous n'allons pas vivre l'avent comme si Jésus n'était jamais venu ! Nous allons vivre cet avent en accueillant Dieu en nous pour que nous sachions le reconnaître et l'accueillir comme Celui qui vient au milieu de nous.

 

            Dieu n'est pas loin: il descend, vient nous rencontrer, nous pardonner, nous recréer, nous sauver, nous façonner, dit Isaïe. Sachons veillez cette action de Dieu en nous qui nous habitue à sa présence et nous prépare à sa venue. Ouvrons nos cœurs, nos yeux, nos oreilles, nos mains, notre intelligence, veillons ! Comme l'amoureux, comme le gardien, comme l'infirmier, comme le détenu, comme l'enfant... Ne nous laissons pas endormir par toutes les sirènes qui hurlent autour de nous. Dans le silence de notre cœur, déjà, le Père, qui nous façonne comme un potier refait sans cesse son ouvrage, nous a appelé à vivre en communion avec son Fils, Jésus le Christ.

                        Amen.

P. Benoît Lecomte

 


 

Livre d'Isaïe 63,16b-17.19b.64,2b-7.
Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours.
Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin, pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ? Reviens, pour l'amour de tes serviteurs et des tribus qui t'appartiennent.
Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi.
Voici que tu es descendu, et les montagnes ont fondu devant ta face.
Jamais on ne l'a entendu ni appris, personne n'a vu un autre dieu que toi agir ainsi envers l'homme qui espère en lui.
Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin. Tu étais irrité par notre obstination dans le péché, et pourtant nous serons sauvés.
Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis. Nous étions tous desséchés comme des feuilles, et nos crimes, comme le vent, nous emportaient.
Personne n'invoquait ton nom, nul ne se réveillait pour recourir à toi. Car tu nous avais caché ton visage, tu nous avais laissés au pouvoir de nos péchés.
Pourtant, Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l'argile, et tu es le potier : nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.

Psaume 80(79),2ac.3b.15-16.18-19.
Berger d'Israël, écoute, toi qui conduis Joseph, ton troupeau : resplendis au-dessus des Kéroubim,
Berger d'Israël, écoute, toi qui conduis Joseph, ton troupeau : resplendis au-dessus des Kéroubim,
devant Éphraïm, Benjamin, Manassé ! Réveille ta vaillance et viens nous sauver.
Dieu de l'univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,

celle qu'a plantée ta main puissante, le rejeton qui te doit sa force.
Que ta main soutienne ton protégé, le fils de l'homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n'irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !


Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,3-9.
Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.
Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu'il vous a donnée dans le Christ Jésus ;
en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu.
Car le témoignage rendu au Christ s'est implanté solidement parmi vous.
Ainsi, aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ.
C'est lui qui vous fera tenir solidement jusqu'au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ.
Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13,33-37.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 21:56

faire-fructifier.JPG

On connaît bien cette parabole des talents. Mais certainement faut-il nous méfier de ne pas en faire trop vite une lecture économique, qui en ferait un modèle faussé de capitalisme : « celui qui a recevra encore, celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a ». Ce serait, je pense, tordre la pensée de Jésus pour qui les considérations économiques et matérielles, si elles existent, sont toujours rapportées à une parole plus existentielle, plus vitale, plus fondamentale. Je vous propose quelques points à méditer à partir de cette page d’Evangile.

 

L’homme qui part en voyage confie ses biens à chacun selon ses capacités (selon sa « puissance », en grec). A l’un cinq talents, à l’autre deux, au troisième un seul talent.

Avouons que nous comparons souvent nos capacités, nos talents, nos investissements, nos chances, nos dons, nos forces, etc. L’attitude du maître, image de l’attitude de Dieu avec chacun de nous,  nous invite à arrêter cette comparaison mortifère et à nous réjouir de deux choses : la première, c’est que Dieu nous confie ses biens. Rappelons-nous qu’un seul talent équivaut au salaire de 6000 journées d’un ouvrier ! Dieu nous fait confiance. Dieu croit en nous, en chacun de nous. Au-delà de ce que nous imaginons parfois.

La deuxième, c’est qu’il ne nous demande pas plus que nous ne pouvons faire. Il nous aime tel que nous sommes. Peu importe que tel ou tel puisse moins en faire, ou soit malade, ou trop âgé, ou moins disponible, ou moins disposé ! Dieu ne nous impose jamais ce que nous ne pourrions pas supporter. Sans nécessité de comparer entre les uns et les autres : chacun reçoit sa part, celle qu’il peut porter. Et c’est ensemble que nous accueillons la totalité du don de Dieu.

 

Cette remarque nous amène à visiter le regard que nous portons sur Dieu. N’est-elle pas là, la différence entre les deux premiers serviteurs et le troisième ? Les deux premiers voient en leur maître un homme bon et fidèle qui leur fait confiance. Et ils seront appelés par ce maître « serviteurs bons et fidèles ». Le troisième, au contraire, porte sur le maître un regard dur et négatif : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain ». Du coup, c’est lui qui sera appelé « serviteur mauvais et paresseux ». Il y a donc une correspondance entre le regard que je porte sur Dieu et la façon dont je crois que Dieu me vois…

D’où l’invitation que l’on peut entendre à revisiter sans cesse la façon avec laquelle je regarde Dieu, je contemple le visage de Dieu, je comprend qui il est en vérité ! Et de découvrir alors la vérité de ma propre humanité. Il ne s’agit pas là d’un exercice de psychologie ou de méthode d’auto persuasion, mais au contraire de découvrir le Dieu de Jésus Christ tel qu’il se révèle en lui-même, et non pas tel que je l’imagine. Dans son incarnation, Jésus nous fait découvrir qu’il y a un lien étroit entre la vérité de Dieu et la vérité de l’homme. Attachons-nous donc à rencontrer Dieu tel qu’il est, tel qu’il se révèle à nous en Jésus Christ dans le quotidien de nos vies, lui qui nous parle, précisément, dans cette parabole, « de sa venue ». Alors, à la mesure de cette rencontre, nous grandirons dans la connaissance que nous avons de nous mêmes, dans la reconnaissance de la grandeur de notre dignité, dans la compréhension de la vocation de l’amour à laquelle nous sommes appelés.

 

Car quels talents Dieu peut-il donner à chacun, quels dons Dieu peut-il distribuer, lui qui est tout amour, si ce n’est, précisément, l’amour ? Rien à voir avec ces émissions où l’on cherche le nouveau ou l’incroyable talent, la personne qui aura le don le plus extraordinaire et qui pourra se faire remarquer des autres !

A chacun, Dieu donne la capacité de recevoir l’amour, de le recevoir lui-même, et d’aimer en retour. A chacun, ensuite, la responsabilité de faire fructifier cet amour. Le dernier serviteur n’a pas découvert la grandeur de la confiance de son maître, il n’a cru ni en Dieu, ni en lui-même, et n’a pas voulu faire d’effort : « il creusa la terre et enfouit l’argent de son maître ». Autrement dit, il s’est enterré lui-même, il est mort à toute vie. Les deux autres serviteurs, eux, ont eu à cœur de faire fructifier cet amour et de lui donner vie. Ils ont pris le risque de le remettre en jeu, de le redonner pour qu’il grandisse… n’en est-il pas ainsi avec l’amour : il augmente quand on le donne, et il diminue quand on le garde pour soit !

Et plus on donne de l’amour, plus on en reçoit… Le premier serviteur, qui a reçu cinq talents et qui en rend dix, se voit remettre le talent de l’homme qui a eu peur…

 

Jésus nous encourage, dans cette parabole, à quitter nos peurs, nos paresses, nos regards négatifs sur Dieu et sur l’homme, pour oser et vivre avec audace. Oser accueillir sa présence en nos vies et nous laisser initier par lui, en nous ouvrant au mystère de Dieu et du Christ tel qu’il se donne à nous dans son Evangile et dans le pain eucharistique. Oser aimer, chacun à sa façon, dans nos relations de travail, de famille, d’amis… en vivant de la confiance en soi, en nos frères, et en l’Esprit qui travaille le cœur de chacun. Et en nous engageant, dans un acte d’amour concret, pour toujours plus de justice et de paix.

 

En vivant nous-mêmes de la charité du Christ que nous accueillons et que nous faisons fructifier, nous inscrivons, à l’intérieur même de notre société souvent inquiète, apeurée et qui perd confiance en l’autre et en l’avenir, la nouveauté et la fraicheur de l’évangile qui fait entrer toute l’humanité « dans la joie du maître ».

Amen.

P. Benoît Lecomte


Livre des Proverbes 31,10-13.19-20.30-31.
La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieuse que les perles.
Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l'enrichira.
Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur.
Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain.
Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau.
Ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux.
Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange.
Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l'éloge de son activité.

Psaume 128(127),1-2.3.4-5.
Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d'olivier.

Voilà comment sera béni
l'homme qui craint le Seigneur.
De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,1-6.
Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates.
Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit.
Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c'est alors que, tout à coup, la catastrophe s'abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper.
Mais vous, frères, comme vous n'êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur.
En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres.
Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,14-30.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres.
De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes.
Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. -
Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. '
Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. -
Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. '
Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain.
J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient. '
Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts.
Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.
Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents ! '

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 08:00

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En parcourant toute la Bible et les récits de l’histoire sainte, on constate qu’il ne s’agit finalement que de rencontres successives : dès le début avec Adam et Eve. Puis, rapidement et pêle-mêle, Abraham et les trois visiteurs, David et Saül, Elie et Elisée, Marie et Elisabeth, Simon Pierre et Corneille, etc. La vie même de Jésus n’est faite que de rencontres : avec Nicodème, Zachée, la Samaritaine, Pilate... Avec ses plus proches disciples les apôtres. Avec les étrangers, les docteurs de la loi, les romains, les Juifs…

De même, nos vies sont pétries de rencontres. Et il n’y a pas de plus grande solitude que de ne plus avoir personne à rencontrer, à découvrir, avec qui parler. Quand la rencontre manque, c’est la vie qui perd du terrain. Les rencontres nous construisent, nous forment, nous font avancer, nous ouvrent à l’inconnu, à l’étranger, à l’autrement. Nos vies sont des tissus de rencontres plus ou moins marquantes, la plus marquante étant, généralement, la rencontre amoureuse.

Quoi de plus bouleversant que la rencontre de celui ou de celle qui deviendra l’être aimé ? Non pas que tout devienne simple et facile dans la relation à partir de ce moment là, mais la rencontre de l’amour donne un élan, une dynamique, une fraicheur tellement renouvelée que c’est toute la vie qui prend une saveur nouvelle.

Il y a toutes les rencontres que nous faisons, et toutes celles qu’on loupe. Par manque de temps, à cause de la fatigue, par manque de disponibilité, de préparation, de mise en condition d’accueillir l’autre. Ou tout simplement parce qu’à un moment, on n’a pas eu l’envie de sortir de chez soi et de partir à la rencontre de l’autre.

 

Il en est de même avec Dieu. Dieu veut vivre avec toi une rencontre amoureuse. Une de ces rencontre qui peut bouleverser ta vie, du moment que tu le laisses être lui-même et que tu veuilles partir toi aussi à sa rencontre. Car lui ne forcera jamais la main, ne s’imposera jamais. Mais il vient.

C’est ce que je retiens de la Parole de Dieu reçue ce jour : sous les traits de la Sagesse, nous reconnaissons déjà la silhouette du Christ se dessiner : « La Sagesse est resplendissante… elle se laisse contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent… au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant, chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre. » La Sagesse est comme le Christ, passant de village en village sur les routes de Palestine. Elle est comme le Christ, se présentant à toi tant de fois par jour sous les traits de ton frère, de sa Parole, de son eucharistie, de son Pardon, de sa présence discrète mais fidèle…

Dans l’Evangile, le Christ vient tel un époux. Un époux pour vivre des noces, pour une rencontre amoureuse avec toi.

Encore faut-il te préparer à cette rencontre.

Cette page d’évangile est pleine d’incohérences : une noce sans épouse, un époux qui tarde à venir dans la nuit, des jeunes filles qui vont chez des marchands à l’heure où ils doivent dormir depuis longtemps puis qui se font exclure de la noce à laquelle elles étaient invitées…

… Et des lampes qui ne peuvent éclairer le chemin de deux personnes. Car la lampe de ces jeunes filles n’est pas une lampe extérieure, mais une lampe intérieure. Elle est la disposition du cœur à tomber amoureux de Dieu. Elle est la capacité à sortir à la rencontre de celui qui vient.

Dieu vient. Il est sortir de lui-même et parti à ta rencontre, comme un amoureux a traversé les mers et les montagnes pour te retrouver. Et personne ne peut vivre cette rencontre à ta place, personne ne peut préparer cette rencontre à ta place ! La disponibilité intérieure n’est pas interchangeable avec son voisin… chacun est mis face à sa responsabilité personnelle.

Tu les sais, la rencontre avec Lui est toujours risquée : il peut t’entrainer là où tu ne voudrais pas aller, il est si différent qu’il peut en être incompréhensible…

Allume la lampe de ton cœur, de ta vie. Par la prière. Par l’attention. Par l’écoute des hommes, du monde, et de la Parole de Dieu. Par l’amour de ce monde jusque dans sa complexité. Par l’amour de toi-même, au-delà de tes douleurs, de tes culpabilités, de tes doutes.

Comme le faisait remarquer un écrivain, Jacques Leclerq, en parcourant un certain nombre de rencontres dans l’Evangile :

« Dans tous les Evangiles, Jésus apparaît comme l’homme de la rencontre. Ce qui est émouvant c’est que chaque rencontre lui est révélation. Il se révèle lui-même, […] il se livre avec tendresse, avec passion, voire avec violence, mais surtout chacun de ses interlocuteurs est soudain révélé à lui-même. La rencontre est ici le puissant catalyseur où un homme, une femme, un malade est d’un coup rassemblé en lui-même, restitué à lui-même et tous les possibles qui dormaient en lui, englués dans l’épaisseur, auxquels il avait cessé de croire, explosent d’un seul coup, et lui apparaissent comme sa vérité profonde. Il peut « être », il peut devenir.

C’est merveilleux : la plupart des gens que Jésus rencontre sont des vies ratées, des excommuniés, des déchus, et il suffit de la rencontre, d’un regard, d’une parole, et voici qu’ils basculent sans préalable, sans condition, de la déchéance à la sainteté. […] Jésus c’est le génie de la rencontre. Il est dans sa personne la plénitude de la rencontre, celle de l’Homme et celle de Dieu : c’est son être, sa vie, son bonheur, son tourment, c’est son visage, c’est sa parole. C’est pour cette rencontre qu’il est venu chez nous et c’est là tout l’Evangile. »[1]

 

Dieu vient à ta rencontre pour t’aimer. Le Christ vient à ta rencontre pour te ressusciter, te faire vivre avec bonheur !

Sors ! Voici l’époux et son visage souriant !

Amen                                                                                                P. Benoît Lecomte                



[1] Jacques Leclercq, Debout sur le soleil, Ed. du Seuil, 1980, 224p., p 84-85, cité par Pierre Claverie, Petit traité de la rencontre et du dialogue, Cerf, 2004, p 68-69.

 

 


Livre de la Sagesse 6,12-16.
La Sagesse est resplendissante, elle est inaltérable. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l'aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.
Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première.
Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte.
Ne plus penser qu'à elle prouve un parfait jugement, et celui qui veille en son honneur sera bientôt délivré du souci.
Elle va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d'elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; chaque fois qu'ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.

Psaume 63(62),2.3-4.5-6.7-8.
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t'ai contemplé au sanctuaire,
j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.


Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 4,13-18.
Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance.
Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils.
Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis.
Au signal donné par la voix de l'archange, à l'appel de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et les morts unis au Christ ressusciteront d'abord.
Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu'eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.
Retenez ce que je viens de dire, et réconfortez-vous les uns les autres.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,1-13.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Le royaume des cieux sera comparable à des jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s'en allèrent à la rencontre de l'époux.
Cinq d'entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes :
les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d'huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l'huile en réserve.
Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : 'Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre. '
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : 'Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. '
Les prévoyantes leur répondirent : 'Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands. '
Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : 'Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! '
Il leur répondit : 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. '
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 20:17

tombe.jpg

On peut faire de la mort un objet d’étude, de thèse, de statistiques démographiques, sociales ou économiques. En tant que sujet de discussion, elle peut être caché ou au contraire exposée. Pour autant, lorsqu’elle frappe quelqu’un de proche, elle devient un événement, une blessure, une incompréhension parfois. Qu’on s’y attende à cause de l’âge avancé ou de la maladie, ou qu’elle tombe subitement, trop tôt, sans prévenir, la mort n’est plus un sujet comme un autre. Elle est là, présente, trop présente, révélant à la fois la fragilité et la valeur de la vie. De la vie de la personne qui nous quitte, et de notre propre vie. Car inévitablement, nous savons que, inquiet ou non devant cette échéance, chacun de nous s’en approche sans pouvoir jamais connaître ni le jour ni l’heure.

Alors viennent en nous, en nos têtes et en nos cœurs, le souvenir de ceux que nous avons connus et aimés. Comme pour leur donner un supplément de vie, comme pour les avoir encore près de nous. Comme pour croire que ce qu’ils nous ont donné d’amour, d’amitié, de joie, de fraternité ne peut pas s’arrêter ainsi brusquement. Le souvenir nous empêche de les voir partir définitivement, et nous aide à continuer un bout de chemin avec eux.

Car nous en avons l’intuition profonde : ce que nous avons vécu ensemble de beau et de bon ne peut s’effacer d’un seul coup en quelques secondes. Mais nous comprenons également que si les souvenirs sont importants, eux aussi passeront avec le temps et les générations. Si le souvenir permet de rallonger un peu la présence de ceux qui nous ont quitté, nous ne fabriquons là, même par amour, qu’un petit sursit qui s’amenuisera tout seul petit à petit. La vie de ceux qui nous ont quitté ne peut pas, par nous-mêmes et nos propres forces, être rallongée à l’infini. Seul un amour infini permettrait à chacun de vivre à l’infini, seul un amour éternel peut donner à chacun une vie éternelle.

 

Cet amour infini, c’est en Dieu que nous le trouvons, manifesté en Jésus le Christ. Donnant sa vie pour chacun de nous, il est la révélation de l’infini amour de Dieu pour tout homme. Mort et ressuscité, nous reconnaissons en lui la résurrection et la vie de Dieu donnée aux hommes. Cette vie qui n’est pas la vie terrestre, mais bien la vie infinie, la vie éternelle, conformément à la volonté du Père, qui veut que tout homme vive éternellement. Une vie à la mesure de l’amour infini de Dieu.

Or cette vie là n’est pas réservée à ceux qui nous ont précédé et qui ont déjà vécue leur Pâques. Chacun de nous en est habité, puisque chacun de nous est aimé de Dieu. Alors nous comprenons que nous ne sommes pas d’un côté de la barrière tandis que les défunts seraient de l’autre côté, sans communication possible. Nous sommes ensemble, eux et nous, pris dans cette unique dynamique d’amour du Père qui nous fait vivre ici et ailleurs dans le même Esprit, dans la même lumière, dans la même communion, même si nous ne voyons pas encore le Père aussi clairement qu’eux. Alors nous comprenons que l’avenir des défunts ne dépend pas seulement de notre souvenir, mais qu’il est de toujours à toujours, comme l’est notre propre avenir en Dieu, et que la mort n’est qu’une naissance, une avancée, une sortie de soi, un point de non-retour vers un amour toujours plus intense. Alors nous comprenons que la vie éternelle n’est pas la vie future, celle « d’après la vie terrestre », mais qu’elle est la vie pleine d’intensité vécue au présent, don de Dieu à recevoir à chaque instant pour être, déjà aujourd’hui, inondé de sa lumière, de son pardon et de sa paix. Et vivre, dans l’aujourd’hui, autant que nous le pouvons, en ressuscités.

En accueillant cette vie éternelle, nous nous associons à ceux qui nous ont précédé pour nous tourner vers le Christ et lui rendre grâce, lui dire merci. Merci pour cet avenir qu’il ouvre à chacun au-delà de ce que nous pouvons en voir et même en imaginer. Merci pour l’amour dont il nous aime et que nous voulons faire fructifier entre nous. Merci pour cette communion qui prend dans le même élan ceux qui sont sur terre et ceux qui y sont passés.

 

Ensemble accueillons déjà la résurrection promise, qui nous fait vivre de la vie même de Dieu, donnant dès aujourd’hui, et à chaque instant de notre vie, l’intensité du présent de l’éternité.

Amen.

 

P. Benoît Lecomte

 

 

 

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