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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 12:39
Dimanche 14 juin 2015 - 11ème dimanche – TO B

Difficile de parler du règne de Dieu. Je ne vous mettrais pas au défi d'en donner l'un après l'autre une définition, ce ne serait pas sympa de ma part. Et on comprend Jésus, qui utilise des paraboles pour nous faire entrer dans cette réalité.

Jésus utilise des paraboles agricoles. Le problème c'est que je n'ai pas du tout la main verte, n'y connait rien ou pas grand chose en plantes, et n'ai pas grande connaissance des graines de moutarde et des arbres que cela donne.

A défaut de moutarde, je vous propose de parler de ciboulette et de persil.

Parce que, peut-être l'avez-vous remarqué, j'ai tenté de semer quelques plantes aromatiques dans un bac à ma fenêtre. Les premiers jours, il y a eu une chaleur et un soleil tels que tout a commencé à griller. Alors j'ai fortement arrosé, et de crainte, j'ai tout rentré à l'intérieur.

Là, j'ai arrosé consciencieusement et fréquemment, les plantes étant à la lumière. Mais rien n'y faisait, elles flétrissaient. Au bout de quelques semaines, je les ai remise sur le bord de la fenêtre, en plein air, au soleil et à la pluie, ne m'en occupant quasiment plus. Étonnamment, les plantes se sont mises à reverdir, à se redresser, à faire des pousses... L'évangile se vérifiait : « nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » La leçon était simple : il ne m'apportait rien de vouloir trop m'inquiéter de ces plantes et de vouloir m'en occuper assidument, la création était ainsi faite qu'elles savaient vivre sans moi !

Invitation à la dé-maitrise, peut-être, à la confiance, sûrement. A la confiance en la présence de Dieu, qui agit alors même que nous ne l'imaginons plus, que nous en désespérons parfois, que nous ne voyons rien venir. Étonnant Royaume qui se laisse deviner dans un clair-obscure, et ne se laisse jamais voir dans l'évidence des manifestations. Étonnant Royaume qu'il nous faut apprendre à dessiner en habituant nos yeux et nos cœurs à sa réalité.

Et cela n'est pas uniquement vrai pour le persil, la ciboulette et la moutarde. Cela est même vrai d'abord dans l'ordinaire de nos relations. En couple, en famille, en Église, entre collègues ou en associations. La fête que nous avons voulu vivre hier dans ce quartier fait partie de cette réalité du Royaume, j'en suis sûr. Malgré la pluie qui est venue arrêter les élans et écourter la fête, il s'est passé des choses : des rencontres, des sourires, des attentions, des inquiétudes pour tel ou tel, des échanges qui n'auraient pas eu lieu autrement, des moments de confiance partagée... 1000 petites choses qui construisent, sans de grandes évidences ou manifestations, sans bruit, le Règne de Dieu. Ces moments nous transforment, transforment nos relations... imperceptiblement. Seul un cœur paisible, un regard bienveillant peut le voir : mais nous pouvons tous le voir.

Je prend l'exemple tout frais de la fête d'hier, mais chacun peut faire cet exercice pour ses cercles de relations. Nous vivons tous une infinité de petites choses dont les journaux ne parlent pas, mais qui dessinent petit à petit, à coups de traits apparemment sans importance, un mouvement gigantesque à l'échelle de toute l'humanité. « Ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père « un Royaume éternel et universel : royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d'amour et de paix ». Mystérieusement, le Royaume est déjà présent sur cette terre ; il atteindra sa perfection quand le Seigneur viendra », disait le Concile Vatican II (GS 39,3).

La parabole de l'évangile ne nous pousse pourtant pas à la fainéantise, tout se faisant sans notre effort. Au contraire, elle nous encourage à semer autant de graines que nous le pouvons, autant de signes, aussi petits soient-ils, de justice et de paix, de fraternité et d'attention. Autant de semences même toutes petites, qui sont capables de grandir et de porter du fruit, jusqu'à faire de grands arbres au milieu desquels on peut s'abriter. Sans ces multiples graines, sans nos multiples actions, qu'est-ce qui pourrait grandir ? Comment le Royaume se construirait-il ?

Ces paraboles nous invitent ainsi tout autant à l'action et à la confiance. Elles nous encouragent à ne pas baisser les bras et à construire jour après jour, par delà les difficultés que nous rencontrons ou l'absence de résultat que nous constatons, ce Royaume de paix que nous souhaitons tous. Et dans le même temps, elles nous rappellent que tout ne dépend pas de nous, mais que Dieu lui-même apporte sa propre action, qu'il nous faut savoir discerner, repérer, et dont nous pouvons nous réjouir, puisque c'est lui qui mène à son achèvement toute la Création.

Difficile, vraiment, de parler du Règne de Dieu. La Parole de Jésus nous rappelle notre collaboration avec Dieu, celle qu'il a voulu dès le récit de la Genèse et dont nous ne pouvons nous soustraire pour vivre une véritable Alliance avec Lui. La confiance est réciproque, l'Alliance est étonnante : nous avons besoin de Lui et il a besoin de nous... Dieu se fait lui-même l'infiniment petit, jusqu'à devenir l'un de nous, un parmi des milliards d'autres. Mais de cet un vient le salut pour tous, et en cet un infiniment petit, toute l'humanité vient s'abriter pour découvrir le règne de Dieu. Cet un fragile parmi des milliards continue sa mission : aujourd'hui il devient encore petite hostie, pour que son règne, par nous, prenne la mesure de toute l'humanité, et que l'achèvement de son Royaume soit total. Folie de Dieu, confiance réciproque, le Règne est là, aujourd'hui, entre nos mains et par sa présence au milieu de nous.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Livre d'Ézéchiel 17,22-24.
Ainsi parle le Seigneur Dieu : « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée.
Sur la haute montagne d’Israël je la planterai. Elle portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront.
Alors tous les arbres des champs sauront que Je suis le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai. »



Psaume 92(91),2-3.13-14.15-16.
Qu'il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d'annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits.

Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.

Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »




Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 5,6-10.
Frères, nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur, tant que nous demeurons dans ce corps ;
en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision.
Oui, nous avons confiance, et nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur.
Mais de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur.
Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait, soit en bien soit en mal, pendant qu’il était dans son corps.



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,26-34.
En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence :
nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences.
Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.
Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

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